Le Collège des Bernardins organise le 29 janvier, de 9h à 19h30, son colloque conclusif sur le thème « Comment construire un monde plus juste et plus fraternel ? »
Après deux ans de travaux, le séminaire de recherche « Quels nouveaux paradigmes pour une société juste ? » du Collège des Bernardins a publié en novembre 2021 le résultat de ses travaux dans le livre « Votez Fraternité ! Trente propositions pour une société plus juste ». L’objectif du colloque conclusif de cette recherche est de réfléchir aux voies possibles de mise en œuvre de ces propositions ambitieuses.
À quelques mois des échéances présidentielles et législatives en France, il convient de prendre un peu de recul à l’égard de la politique politicienne et de rappeler l’importance d’une politique publique centrée sur la fraternité. Le combat en faveur du bien commun consiste à joindre le souci de l’amitié sociale et le sens de la fraternité avec la protection de la création et la construction de la paix. Avant de déposer son bulletin de vote dans l’urne, il est indispensable de rêver à un ordre plus juste, car « les rêves se construisent ensemble » (Pape François, Fratelli tutti).
Pour Alain Caillé « les grandes idéologies de la modernité » ne nous éclairent plus, ni dans le présent, ni pour l’avenir. « Elles n’ont pas su anticiper la crise environnementale : voilà, sans doute, la meilleure illustration de leur impuissance. Aujourd’hui, il nous faut une nouvelle philosophie politique. Et le convivialisme est appelé à combler ce manque. Le convivialisme est une philosophie politique visant à regrouper les initiatives allant dans le sens d’une alternative à l’organisation néo-libérale du monde en explicitant leur dénominateur commun, à savoir la recherche d’un art de vivre ensemble ou convivialisme par la maîtrise de la démesure ». En 2020, dans le Second Manifeste du convivialisme, cinq principes ont été reconnus comme essentiels à cette doctrine : « la commune humanité », « la commune socialité », » la légitimité individuation », l’opposition créatrice » et le « principe de la commune naturalité« .
La Doctrine sociale de l’Eglise repose, quant à elle, sur l’évangile chrétien. Elle a été formalisée progressivement au cours des siècles, notamment à partir de 1891 dans plusieurs encycliques papales, dont la plus récente Fratelli Tutti, publiée en 2020 par le pape François. Cette DSE repose sur deux bases essentielles, le respect de la vie humaine et la reconnaissance de la dignité de chaque être humain. Disposant d’une interprétation originale des valeurs de liberté, de justice, de paix et vérité, elle se situe au croisement de la conscience humaine, ouverte à l’Esprit, et des situations du monde. Elle s’appuie sur cinq fondamentaux : la défense du bien commun, la destination universelle des biens, la subsidiarité, la solidarité, le respect des corps intermédiaires.
Le principe républicain de fraternité permet un juste équilibre entre l’égalité et la liberté et rassemble toutes les personnes de bonne volonté. Il représente une boussole sûre pour naviguer dans les eaux tourmentées de la post-modernité. Toute la question est donc de réfléchir aux meilleures voies possibles de sa mise en œuvre.
L’État français ne sortira pas son épingle du jeu de la globalisation ultra-libérale, de la crise écologique et sociale sans mettre en œuvre pleinement son rêve républicain de liberté, d’égalité et de fraternité.
La société française réalisera sa transition économique, sociale et environnementale en modifiant au préalable ses comportements consuméristes et individualistes.
Les citoyens parviendront eux-mêmes à atteindre plus de justice, de convivialité et d’épanouissement qu’en se saisissant des ressources spirituelles et culturelles qui les rendent possibles.
Colloque sous la direction des co-directeurs du département Politique et religions du Collège des Bernardins, Antoine Arjakovsky, historien et P. Jean-Baptiste Arnaud, théologien.
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