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Terre

Terre, de Nelly Buret et Albane Gellé – Éditions L’Atelier contemporain, 12 septembre 2025 – 80 pages

Célébrer la Terre, c’est d’abord trouver une langue qui puisse en recueillir la puissance autant que le mystère, et retourner sa terre comme une main enfouie pour en sentir et en explorer le sens. Chaque poème d’Albane Gellé relance ainsi, dans un hymne en perpétuel développement, l’accueil et l’appel face à cette entité surabondante qui s’offre et se refuse fois dans son immédiateté sensuelle et sa circulation ininterrompue de vie qui la foule.

Sous la forme de poèmes courts, resserrés comme une poignée de terre, la parole remue et déborde d’une réalité tellurique qui se chercherait dans les sillons étroits du langage. Une litanie se déploie autour de ce mot « Terre » en multiples hymnes – tantôt élancés sur un terrain fertile, tantôt inquiets de la profondeur insondable qu’ils traversent – selon des forces toujours en mouvement. Terre chantée, invoquée, interrogée dans ces variations qui convoquent autant les sens que l’esprit, qui tracent un chemin pour la main autant qu’un paysage pour la vie qui s’y cherche. Car de ces métamorphoses à fleur de mot, gronde le remuement du monde, son exubérante matérialité comme son ombre menaçante, où le lieu à habiter doit se ressaisir à chaque fois – comme une ode recommencée – pour ne pas sommeiller dans l’exil.

Nelly Buret vit à Angers et enseigne à Paris. Elle est diplômée de l’Esaat de Roubaix, a étudié la gravure aux Beaux-arts de Tourcoing, d’Angers et dans l’atelier d’Alain Cazalis de l’école Duperré. Elle a soutenu une thèse à l’université Paris 1 Sorbonne en 2010 consacrée à « L’enveloppe des corps, déplacement des limites ». Elle expose régulièrement ses gravures et ses carnets. Elle bâtit une œuvre riche, protéiforme à la croisée de l’estampe, du cyanotype et du livre d’artiste. Un fond de ses livres d’artiste s’est constitué dans la Médiathèque d’Angers. [Instagram : @buretentre2]
« Je grave en taille-douce et dessine pour soustraire des choses minuscules à l’érosion du temps et figer les silences qui creusent leurs lits dans un ciel gorgé d’odeurs sauvages. L’espace intérieur de mes productions s’éveille pour renaître et crachoter des espaces agrandis.
Je ne suis pas dans la représentation du réel, mais dans l’écho de mes sensations, dans la musicalité des tensions chromatiques et formelles qui m’habitent.
Lorsque je travaille, mon credo est de cultiver l’épure et de donner à voir la part d’invisible dans ce qui est fragile, dans une légèreté mouvante infiltrante ouatiné aéré respirante.
Pour Terre, j’ai raconté la rivière et le végétal qui traquent les résidus de lumière, qui jabottent les feuilles éparses, qui retiennent le tissu déchiré des saisons, qui s’inclinent dans la poussière ombrée des carcasses d’arbres.
Mes encres furent le fruit d’un acte d’écoute et d’abandon pour les textes d’Albane Gellé. »

Albane Gellé : Depuis l’enfance : écrire, et des animaux tout autour de mes mots. Des poèmes et des chevaux, tout près de moi, à mes côtés. Des appuis solides et sûrs. Avant de me mettre à crapahuter dans les phrases, en général, je trouve les mots qu’il me faut, ce sont eux en quelque sorte qui me disent ce qui va s’écrire, ce que j’ai à écrire. Ils sont comme des petits cailloux qu’on peut tenir dans la main et je sais que grâce à eux, je ne pourrai pas me perdre. Je les trouve n’importe où, les mots, dans la forêt, dans les livres, dans mes souvenirs, dans mes oublis, dans mes nuits, mes jours, dans le silence et dans l’amour, dans les dessins des artistes, dans les musiques. Je les attrape au vol, et puis je passe du temps à les lancer, à les poser, à les voir se rencontrer sur la page, ils m’indiquent des directions auxquelles je n’avais pas pensé, ils me surprennent, ils m’apportent de l’air et ça tombe bien, j’ai toujours l’impression d’en manquer.
Les chevaux sont toujours là, eux aussi, on respire assez bien tous ensemble, les mots, les chevaux, et moi.
Albane Gellé a notamment publié : Quelques (Inventaire/Invention, 2004), Je tu nous aime (Cheyne, 2004), Je, cheval (Jacques Brémond, 2007), Bougé(e) (Seuil, 2009), Si je suis de ce monde (Cheyne, 2012), Souffler sur le vent (La Dragonne, 2015), Sais-tu (Faï Fioc, 2016), Nos abris (Esperluette, 2019), Eau (Cheyne, 2020), Équilibriste de passage (Le Castor astral, 2022), Derrière l’horizon (Backland, 2023).

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