Les étudiants de première année du Collège universitaire ont assisté la semaine dernière à une initiative inédite en France : lancement par Sciences Po de son grand cours obligatoire de Culture écologique. Les transformations environnementales sont au cœur du projet pédagogique et de la recherche à Sciences Po qui a la conviction que les transformations environnementales sont portées par tous : étudiants, enseignants, chercheurs, employés. Il s’agit là d’une initiative inédite en France, symbole concret de l’engagement de l’institution sur ces questions : un cours obligatoire de 24 heures de “Culture écologique” pour tous les étudiants de première année sur les 7 campus.
Ce 23 janvier une réunion du Conseil national de la refondation consacrée à la jeunesse et à l’écologie (CNR Jeunesse) réunissait le ministre de l’Education nationale et différents ministres de la transition écologique et énergétique. Objectif ? « Bâtir une feuille de route pour la jeunesse, avec des mesures très concrètes et un impact rapide sur la vie quotidienne ».
Pour cela, il faut écouter les propositions des jeunes qui souhaitent un accompagnement dans leur engagement face au changement climatique. Lutter contre l’éco-anxiété passe notamment par l’action. Et la jeunesse souhaite s’engager sans savoir vraiment comment.
Des propositions existent déjà, qui ont été confirmées lors de cette journée, comme la formation aux enjeux de la transition écologique prévue en 2025 répondant aux recommandations du rapport de Jean Jouzel et Luc Abbadie, préconisant de former tous les étudiants de niveau bac+2 à la transition écologique. Le ministre de l’Education nationale en a profité pour rappeler que les programmes du scolaire sont en cours de révision afin de leur donner « une vision plus globale et structurée » des enjeux de climat et de biodiversité.
Un cours transversal pour préparer les étudiants aux défis environnementaux
Dès ce 16 janvier 2023, les 1 700 étudiants de première année des 7 campus de Sciences Po (Dijon, Le Havre, Nancy, Menton, Paris, Poitiers, Reims) ont suivi leur premier cours obligatoire d’une durée de 24 heures pensé par Pierre Charbonnier, agrégé et docteur en philosophie, chargé de recherche au CNRS au Centre d’études européennes et de politique comparée de Sciences Po.
Un cours qui tire profit de la richesse interdisciplinaire du cursus de l’école, en s’appuyant sur les sciences politiques, le droit, l’histoire environnementale, l’économie, la sociologie…
Mathias Vicherat, directeur de l’institution, explique : « Depuis 150 ans, Sciences Po a la vocation de former des citoyens éclairés, des responsables indépendants, capables d’une action réfléchie pour affronter les enjeux du monde contemporain. Nos étudiants sont les artisans de la réparation du monde et les transformations environnementales constituent le principal défi qui se dresse devant nos sociétés. J’ai donc souhaité, dès mon arrivée à la direction de Sciences Po, mettre en place un cours obligatoire pour tous nos étudiants de première année, afin de leur transmettre de premiers outils d’analyse pour décrypter et comprendre les enjeux environnementaux. C’est à la fois une nécessité éthique et professionnelle, car il ne sera plus possible d’exercer un poste de dirigeant sans être formé sur ces sujets. Je souhaite face à l’enjeu des transformations environnementales, que Sciences Po soit à l’avant-garde, comme il l’a toujours été au cours de son histoire. »
Deux temps forts sont au programme : 18 heures de cours magistral en format intensif qui sera livré en français et en anglais par 9 enseignants (en fonction des différents campus), et 6 heures d’enseignements complémentaires au cours du deuxième semestre, donnés par des spécialistes des sciences du vivant et de la nature sur des problématiques spécifiques sources de débats de politiques publiques.
Initiative phare d’une refonte profonde des maquettes pédagogiques
Le lancement de ce grand cours de “Culture écologique » s’inscrit dans un mouvement de fond, engagé et ambitieux, de renouvellement du cursus universitaire de l’institution, en accord avec les convictions des étudiants mais aussi les défis impérieux de notre monde contemporain.
Près de 250 cours abordent ainsi le sujet des transformations environnementales. Des enseignements de méthode et des dispositifs pédagogiques spécifiques ont aussi vu le jour, comme la production “Climate change” de l’École de journalisme ou l’initiative globale « Climate Action : Make it work » lancée en 2015.
En Master aussi, la question de l’impact prime : l’École du Management et de l’Innovation est devenue l’École du Management et de l’Impact et met l’accent sur la formation de ses 1 200 étudiants à un management conscient des enjeux sociaux et sociétaux et du rôle de l’entreprise dans les transformations environnementale et numérique. D’autres Écoles proposent des Masters spécialisés sur ce sujet crucial comme l’École d’affaires publiques, l’École des affaires internationales (PSIA), l’École urbaine.
Par ailleurs, certains doubles diplômes proposent de jumeler sciences sociales et sciences du vivant, au niveau du Bachelor (Bachelor of Arts and Sciences) comme du Master.
Soutenir la Recherche en renforçant la faculté permanente
Sciences Po s’est saisie depuis plusieurs années des problématiques environnementales. Aujourd’hui, plus de quarante enseignants-chercheurs sont des spécialistes du domaine et plus de quarante doctorants en ont fait le sujet de leur thèse, l’un des plus travaillés en doctorat.
Grâce au soutien de Bruno Latour, professeur émérite décédé en octobre dernier, précurseur à Sciences Po sur le sujet de l’environnement – ayant fait don d’une partie des fonds de son Prix Kyoto 2021 – et de partenaires privés, 2 millions d’euros ont été rassemblés au profit du Fonds Bruno Latour afin de soutenir la recherche en écologie politique par le recrutement de dix post-doctorants pour travailler sur ce thème pendant trois ans.
La création de ce fonds, lancé fin 2022, rejoint les différentes initiatives marquantes lancées par l’école :
- l’atelier interdisciplinaire de recherches sur l’environnement (AIRE) qui organise des séminaires pour partager et diffuser la recherche
- le Centre des Politiques de la Terre, qui vise en partenariat avec l’Université Paris Cité à animer une communauté de recherche pluridisciplinaire
- la Chaire européenne “développement durable et transition climatique”dirigée par Marc Ringel depuis juin 2022 et ayant pour ambition d’articuler développement durable et politiques publiques nationales, européennes, internationales
- le projet “Transforming Interdisciplinary Education and Research for Evolving Democracies” – TIERED, en partenariat avec le CNRS, l’Université Paris Cité, l’INRIA, l’INED, l’INSERM, l’IFREMER, l’INALCO et l’IDDRI, qui a démarré le 2 janvier 2023 et vise à répondre aux défis que pose les transformations environnementales aux démocraties, grâce au soutien de 16 millions d’euros de l’appel à projets ExcellenceS (4e Programme d’investissements d’avenir). Sciences Po a créé dans ce cadre la Sciences Po Initiative for Environmental Change.
Source : Sciences Po