L’Univers sans l’homme, de Thomas Schlesser – Editions Hazan, 2016 – 288 pages
Cet ouvrage, toujours d’actualité, bénéficiant d’une iconographie très spectaculaire, soulève des enjeux très contemporains : transhumanisme, statut de l’animal, crise écologique, peur de la fin du monde.
L’art a, de manière très spectaculaire, dépeint et décrit depuis deux siècles et demi les forces qui dépassent (et déclassent) l’être humain. Non plus les forces invisibles du divin mais les soulèvements de la nature, l’immensité du temps et de l’espace, les conséquences incontrôlables des avancées scientifiques sur le vivant.
Oui, de nombreux artistes – et parmi les plus géniaux, de Turner à Pierre Huyghe et de Claude Monet à Stanley Kubrick – ont montré comment l’homme a senti lui échapper son sentiment de centralité dans le cosmos ; ils ont représenté cette crise essentielle en relativisant sa présence d’une part et en exprimant, d’autre part, les mystères enchantés ou les menaces cauchemardesque de l’univers dans lequel il se meut.
Aussi ce livre, qui privilégie la peinture mais fraie aussi du côté de la sculpture ou du cinéma, donne-t-il à voir et comprendre des paysages édéniques et vierges, des beautés végétales et animales, la furie mortifère des éléments, le fantasme d’une civilisation complètement mécanisée, le saut dans l’abstraction, l’âme des choses ou encore l’anticipation de l’Apocalypse…
En suivant un parcours chronologique de 1755 à nos jours, il raconte, de manière très accessibles les grands événements historiques (le séisme de Lisbonne, la bombe atomique, etc.), scientifiques (les découvertes de Darwin, la conquête spatiale), personnels (les drames de l’enfance de Friedrich, la crise mystique de De Chirico) qui ont conduit des artistes à montrer ce qu’est, selon la magnifique expression de Baudelaire, « l’univers sans l’homme ».
Thomas Schlesser est historien de l’art, professeur à l’École polytechnique et directeur de la Fondation Hartung-Bergman, où il « a pour mission d’assurer la conservation et la valorisation des milliers d’œuvres, des archives et du patrimoine architectural de la propriété d’Antibes, conçue par Hartung ».