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Echos d’art et de vignes : un voyage poétique au cœur de l’exposition de la Maison Ruinart

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Au 4 rue des crayères, la Maison Ruinart perpétue ses savoir-faire et cultive ses valeurs d’engagement dans une programmation artistique liée à l’environnement. L’art y est omniprésent, s’illustrant ici dans un environnement dont il a façonné l’architecture et l’esprit. Au plus profond des crayères, le long des allées du parc paysager, dans la cour d’honneur et le jardin, mais aussi entre les murs de la galerie ou dans les espaces historiques, les œuvres exposées, provenant de de la collection de la Maison, sont nées de collaborations et conversations avec des artistes engagés. Au total, le visiteur peut découvrir 110 œuvres d’art, signées par 36 artistes. Elles s’inscrivent dans le terroir culturel de la plus ancienne maison de champagne, notamment à travers le choix de matériaux locaux ou issus de la vigne et de l’activité vinicole. Elles témoignent d’une vision : l’art éclaire notre existence, révèle notre lien intrinsèque avec la nature et nous sensibilise aux enjeux majeurs de notre époque.

Aujourd’hui encore, au-delà du jardin de sculptures, l’art est présent partout au 4 Rue des crayères. Les œuvres invitent chacun à cheminer, de réflexions en sensations, de réactions en conversations.

À l’intérieur du pavillon Nicolas Ruinart, on découvre ainsi LHS 1140 c/M+M (2019), de Tomàs Saraceno, sculpture géométrique facettée en verre miroir, de sa série Cloud Cities. L’œuvre, tel un habitat aérien, fait référence à la vision utopique de « villes nuages », et de voyages décarbonés.

Plus loin, on devine la silhouette de l’artiste chinois Liu Bolin, s’effaçant grâce à sa technique subtile et inimitable dans la reproduction du Déjeuner d’huîtres de Jean-François de Troy, un tableau peint en 1735, première représentation artistique du champagne.

Le regard s’attarde ensuite sur les ceps de vigne réinterprétés par Vik Muniz dans une série au fusain et dans un trompe l’oeil qui donne également vie à la feuille de chardonnay, cépage emblématique du goût Ruinart. Avant de découvrir dans les alcôves, les bulles colorées de Jeppe Hein qui invitent à la conversation.

Après un détour par les espaces historiques où sont exposées des œuvres des précédentes Cartes Blanches artistiques (comme le Calendrier de verre du designer Hubert Le Gall représentant les étapes du cycle de la vigne à travers douze sculptures en verre de Murano, ou la galerie de portraits revisitée de Gideon Rubin qui offre un arbre généalogique contemporain des différentes générations Ruinart), on s’attarde dans la Galerie des Vignes.

Cette salle offre un panorama d’œuvres réalisées par des artistes comme l’anglais David Shrigley, le brésilien Vik Muniz ou le chinois Liu Bolin, en lien avec le vignoble historique et complétées de vidéos illustrant les nombreuses collaborations mettant en lumière la quête
d’harmonie de Ruinart avec la nature, dont le film SAVOIR (RE)FAIRE de Yann Arthus-Bertrand.

Enfin, à plusieurs mètres sous terre, on découvre l’œuvre d’Ugo Gattoni sur les différentes étapes d’élaboration du champagne, avant de suivre dans les crayères les courbes du fil d’Ariane de Patricia Urquiola, inspirée du muselet dont elle a repris puis amplifié le mouvement.

Ici et là, on guette l’apparition des graffitis dessinés dans la pierre calcaire par David Shrigley, tandis que c’est à une expérience holistique que nous convie Retour aux sources, du duo Mouwad Laurier, conjuguant intelligence artificielle et monde vivant, rappelant que l’homme et la nature sont intrinsèquement liés.

Quelques œuvres de l’exposition

XYLEMIA – Panneaux LED, Capteurs

Xylemia, de Thijs Biersteker – Photo : Raul Cabrera

Thijs Biersteker est né aux Pays-Bas en 1983. Il vit et travaille à Amsterdam où le Woven Studio, qu’il a créé et dirige, collabore avec des universités, des chercheurs et des institutions culturelles afin de rendre tangibles les données recueillies par la science. Marqué par un fort engagement environnemental, le travail de cet artiste écologiste prend pour point de départ ces données scientifiques – notamment celles concernant le dérèglement climatique – et leur confère une forme plastique afin de les rendre accessibles et compréhensibles par le plus
grand nombre. En s’adressant au registre des émotions et en suscitant l’empathie, Thijs Biersteker souhaite en effet déclencher une prise de conscience du public. Xylemia, son installation pour le 4 RUE DES CRAYÈRES, (baptisée en référence au mot xylem qui désigne le tissu végétal qui achemine l’eau des racines vers le haut des plantes) met la technologie au service d’une expérience interactive : grâce à des capteurs, les informations sur la santé des arbres, recueillies en temps réel en mesurant le flux de sève, sont traduites par des signaux visuels. Utilisant des technologies similaires à celles employées par les oenologues de la Maison quand ils étudient le cycle de vie de la vigne, Thijs Biersteker livre une illustration sensible de l’intelligence du vivant.

Le chant des origines, de Côme di Meglio – Photo : Raul Cabrera

LE CHANT DES ORIGINES – Bois, Mycélium
Côme di Meglio est né en 1988 à Paris. Il vit et travaille à Marseille. Ses recherches de plasticien sont guidées par son attention à la nature et par la mise en relation de disciplines telles que la gastronomie et l’hypnothérapie – à travers des dîners artistiques – mais aussi l’acoustique, ou encore la mycologie. Au coeur de son travail, la notion de rituel vise également à créer des liens entre les participants. Les qualités des champignons cultivés et de leur mycélium deviennent ainsi le matériau d’architectures enveloppantes destinées à accueillir des moments de partage et de communion. Placée sur une vitre qui permet d’apercevoir une crayère en sous-sol, l’œuvre est vouée à évoluer dans le temps : ouverte aux insectes et aux oiseaux, elle peut également abriter deux personnes et se transformera peu à peu en ruine, révélant sa structure en bois sculpté. La sculpture sonore suspendue à sa voûte ajoute sa vibration à cet écosystème vivant.

The Arch, de Cornelia Konrads – photo © Ruinart – Mathieu Bonnevie

THE ARCH – Métal, ceps de vigne 
Née en 1957 à Wuppertal, Cornelia Konrads vit et travaille à Barsinghausen (Allemagne). Ses créations in situ, pérennes ou éphémères, dans les espaces publics comme dans les jardins privés, lui ont valu de devenir une référence d’un Land Art revisité. L’artiste crée en effet à partir de matériaux trouvés sur place : ici, les ceps de vieilles vignes soigneusement conservés par la Maison. Une structure en métal – reprenant en miroir le dessin des façades classiques des bâtiments historiques du 4 RUE DES CRAYÈRES – sert de support à sa sculpture The
Arch qui défie la gravité. S’élançant dans les airs, l’architecture de sarments suscite un étonnement émerveillé, suggérant avec grâce et non sans humour les pouvoirs créatifs à l’œuvre dans la nature.

Cerf Control, de Pascale Marthine Tayou – Photo : Raul Cabrera

CERF CONTROL – Bronze et verre coloré 
Pascale Marthine Tayou est né en 1967 à Yaoundé (Cameroun). Il vit et travaille à Gand (Belgique) où il a fondé son atelier en 2003. L’artiste a très tôt fait le choix de féminiser son prénom afin de rompre avec les assignations de genre. La poésie et l’hybridation culturelle caractérisent ses œuvres (sculptures, collages, installations, vidéos, photos…) souvent spectaculaires bien que créées avec des matériaux pauvres de récupération. Cerf-Contrôle est née d’une vision onirique : un arbre majestueux dont les ramages de bronze évoquent ceux d’un cerf, ornés de fruits comme de fantastiques grains de raisin, sphères translucides dont le verre coloré est aussi une allusion aux flacons qui contiennent le champagne.

LA PIERRE – Roche calcaire, marbre, éléments végétaux
Né en Bavière en 1937, NILS-UDO a développé un travail (installations, peintures et photographies) au coeur de la nature, en quête d’un « dialogue d’ordre spirituel et esthétique ». En 1978, il crée son premier Nid dans les landes de Lunebourg. L’artiste fait son autoportrait au coeur de cette structure élémentaire de feuilles et de branchages, le corps recroquevillé, tel un oisillon recouvert de terre. Devenu l’un de ses thèmes de prédilection, le Nid a depuis donné lieu à une infinité de variations. NILS-UDO y dépose ainsi parfois des oeufs sculptés. Pour le jardin de la Maison Ruinart, inspiré par le monde souterrain des crayères, il imagine de transformer ce Nid en cavité mystique et minérale. Taillée dans une roche calcaire locale, cette grotte archétypale abrite une seule coque immaculée, tel un trésor, en marbre. L’œuvre, par son échelle monumentale, contraste avec la fragilité symbolique de l’oeuf, lequel fait penser aux flacons de champagne précieusement conservés dans les caves creusées dans la roche.

Exposition 4 RUE DES CRAYERES – Art et Nature – Maison Ruinart, 4 rue des crayères – Reims (51)

 

 

 

 

Photo d’en-tête : DOM THIERRY RUINART de Jaume Plensa – Acier et inox poli 
Jaume Plensa est né en 1955 à Barcelone où il vit et travaille. Ce sculpteur catalan a beaucoup regardé le travail de Michel-Ange, d’Alexandre Calder, d’Antoni Tapies ou encore de Joan Miro, avant d’entreprendre la réalisation de sculptures monumentales en fonte. Présentes dans l’espace public dans de très nombreux pays (de l’Espagne aux États-Unis en passant par la Corée), ses silhouettes iconiques sont reconnaissables au premier regard. Artiste lettré, Jaume Plensa se passionne en effet pour l’âme des mots. Son portrait de Dom Thierry Ruinart est emblématique d’une série dans laquelle les caractères, soudés entre eux, prennent « forme humaine ». Issus de huit alphabets (arabe, chinois, hébreu, hindi, grec, japonais, latin et russe) les signes employés pour ce corps de
texte font également référence à la culture littéraire universaliste du moine Dom Ruinart qui joua un rôle clef dans l’histoire de la Maison, tandis que la lumière qui traverse la sculpture lui confère une dimension spirituelle.

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