L’exposition Déborder présente jusqu’à la fin novembre une sélection de compositions récentes de l’artiste JonOne. Ses œuvres d’art expressives évoquent une surabondance picturale. Les couleurs tentent de se frayer un chemin hors des lettres qui forment leur carcan, comme pour rechercher plus d’espace. La peinture s’échappant des lettres est-elle une allégorie des foules parisiennes qui sortent du métro et inondent la ville ? Ou bien s’agit-il d’une interprétation plus littérale du mot déborder en rapport avec notre monde actuel, saturé d’informations, rempli de demi-vérités et en pleine crise politique et climatique, dans lequel l’individu en tant que tel se trouve au bord du débordement ?
Et si l’artiste avait employé ce mot dans le sens d’être dépassé, submergé, comme si un trop-plein d’émotion ne demandait qu’à être exprimé, retranscrit sur une toile et révélé au monde ? Seul l’artiste pourrait nous donner une réponse exacte. Mais une chose est sûre : les dernières œuvres de JonOne sont intenses et puissantes, formant une symphonie de couleurs frénétiques. On y retrouve cette énergie dont il a le secret.
C’est le voyage d’un homme, d’un acte créatif, d’une explosion de couleurs, d’une ligne traçant son chemin d’un pays à l’autre ; un croisement entre l’espace et le temps.
C’est l’évolution d’un artiste, John Perello, jeune new-yorkais qui grandit sur la 156ᵉ rue, entre Harlem et Washington Heights. Après avoir été témoin de l’émergence des premiers tags sur les wagons de métro grinçant de sa ville, il décida de rejoindre le mouvement sous le nom Jon156. Le graffiti, dans toute sa liberté et gestualité, marqua le début d’une nouvelle ère : une éruption en technicolor, une toute nouvelle révolution graphique.
Dans les tunnels du métro new-yorkais, Jon156 se différencia par sa liberté, sa défiance des conventions et son amour de l’abstraction. En 1984, avec ses comparses tagueurs Rac7 et Kyle, il fondit le collectif de street artistes 156 All Starz qui devint une communauté internationale.
Lors de sa visite à New-York en 1987, le street artiste français Bando remarqua son travail et l’invita à Paris. Ce fut un tournant décisif : il s’installa dans la capitale française où il réside depuis.
Grâce à ses cinq années passées à l’Hôpital Éphémère, suivies par une série de résidences dans certains des squats et communautés artistiques les plus connues de la décennie, John Perello, qui adopta le pseudonyme JonOne, eut la possibilité d’expérimenter davantage non seulement sur l’utilisation de ses techniques, mais aussi sur le choix du médium. Bien qu’il entretienne un lien étroit avec la scène de l’art urbain, son œuvre transpose avant tout l’essence de la fresque sur la toile. Tout comme ces murs remplis de tags, chaque toile devient une sorte de palimpseste.
Pour immortaliser son œuvre sans en perdre la vitalité ou l’énergie brute, JonOne explore les principes d’action painting et d’expressionnisme abstrait : il allonge ses mouvements, améliorant leur portée. Comme Pollock avant lui, JonOne se plonge physiquement dans ses pièces, marche sur la toile, l’éclabousse de peinture, ajoute plusieurs couches de matière et de couleurs.
Travaillant avec l’objectif de briser les barrières entre galeries, musées et street art, JonOne décompartimente l’art et l’ancre dans la vie quotidienne en collaborant avec de grandes marques : personnalisation d’un gros-porteur d’Air France, conception de sa propre version de la bouteille de parfum iconique de Guerlain, production de sa collection capsule pour Lacoste… En 2020, la cristallerie Daum lui demanda de concevoir un service en cristal exclusif, en 2021, il repeignit certaines pièces de la Faïencerie de Gien, tissant un nouveau lien entre art et artisanat.
Cette pratique en constante évolution, ce désir de dialoguer avec le spectateur et de le surprendre avec la diversité de son œuvre et le choix des médiums, cette énergie physique et vibrante… Tout cela fut célébré à l’occasion de l’exposition La Tentation du Décor à la Piscine de
Roubaix en 2023, sa première rétrospective.
Dans le paysage des galeries parisiennes, la galerie Brugier-Rigail dessine, depuis ses débuts, une direction artistique unique. Devenue un acteur majeur de l’art contemporain et urbain, la galerie créée en 2001 par Éric Brugier et Laurent Rigail est à l’image de ses fondateurs, deux passionnés d’art et collectionneurs. Basée sur une notion d’art transgénérationnel, la ligne de la galerie s’étend des œuvres pionnières de l’art urbain des années 80 avec Miss Tic, Speedy Graphito, Jérôme Mesnager, Robert Combas ou Guy Denning, aux artistes internationaux tels que JonOne, Shepard Fairey ou John Matos Crash.
Ils n’ont de cesse de s’imprégner des nouveaux courants pour découvrir les talents de demain tels que Levalet, Nasty, MadC, L’Atlas, Monkeybird ou encore M. Chat.… Ils prennent plaisir au quotidien à accompagner tous leurs artistes dans leurs développements et s’impliquent dans le conseil auprès de collectionneurs d’envergure, offrant une réelle expertise du marché de l’art avec expérience, transparence et éthique.
Exposition « Déborder » du 6 au 30 novembre 2024 – Galerie Brugier-Rigail, 40 rue Volta – 75003 – Paris
Cocktail en présence de l’artiste Jeudi 21 novembre de 18h30 à 21h
Photo d’en-tête : JonOne, The One, 2024. Acrylique sur toile, 115 x 150 cm. Signée et titrée au dos