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Leçons des limites planétaires

Leçons des limites planétaires, de Dominique Bourg – Éditions Actes sud / Collection Système Terre (nouvelle collection*), 3 septembre 2025 – 80 pages

Des six limites planétaires franchies sur neuf, Dominique Bourg tire cinq leçons (démographique, quantitative, qualitative, normative et spirituelle) qui refondent notre manière d’être au monde, pour autant qu’on veuille encore vivre sur Terre et non sur une planète brûlante, offrant un accueil réduit et malaisé à l’humanité comme aux espèces qui l’accompagnent. Pour nourrir ses réflexions, il a choisi de commenter un texte de Katherine Richardson, première auteure d’un article collectif traduit et reproduit ici – La Terre a dépassé six des neuf limites planétaires, paru en septembre 2023 dans Science Advances. Il offre ainsi un 4ème opus à la nouvelle collection des éditions Actes sud.

Ce texte rend accessible la dernière mouture (2023) du référentiel des « limites planétaires », codirigée par Katherine Richardson et ses collègues, qui alerte sur le dépassement de six des neuf limites planétaires relatives au cycle de l’eau, avant celui de la septième, de l’acidification des océans, imminente. Ce qui laisse supposer que la Terre se trouve désormais bien au-delà de l’espace de fonctionnement sûr pour l’humanité.
L’acidification des océans est sur le point d’être franchie tandis que la charge d’aérosols dépasse la limite dans certaines zones et seuls les niveaux d’ozone stratosphérique se sont légèrement rétablis. Le niveau de dépassement s’est accru pour toutes les limites précédemment identifiée comme étant franchies.

L’article de Katherine Richardson et de ses co-auteurs offre une manière de version définitive de ce référentiel, désormais incontournable. Il méritait d’être rendu accessible à un large public. Le commentaire qui le suit cherche à tirer les leçons générales de ces limites en matière de réorientation de nos sociétés. Il y sera question autant des fondements de cette réorientation que de ses directions et de ses développements possibles.

Dominique Bourg s’empare ainsi d’un champ complexe de la science du système Terre et le propose à un lectorat large, soulignant combien ce référentiel révisé est devenu incontournable pour penser notre avenir collectif. L’auteur ne se contente pas d’exposer des chiffres : il articule ces constats à une réflexion éthique et existentielle, posant la question de la réorientation civilisationnelle nécessaire si l’humanité ne veut pas dériver vers une planète hostile, incapable d’accueillir dignement les humains et les autres formes de vie.

En réunissant des considérations scientifiques récentes avec une portée philosophique, Bourg construit un discours à la fois lucide et exigeant, qui appelle à repenser la relation au vivant à travers des repères renouvelés — démographie, justice écologique, normes sociales, spiritualité du lien à la Terre — sans résignation, mais avec l’urgence d’une transformation radicale.

Philosophe franco-suisse, Dominique Bourg est professeur honoraire à l’université de Lausanne. Spécialiste des questions de durabilité et de démocratie écologique, il a fait partie de la commission Coppens qui a préparé la charte de l’environnement en 2005, a présidé le conseil scientifique de la Fondation Nicolas-Hulot pour la nature et l’homme et a appartenu à différentes institutions (CFDD, Conseil national du développement durable, Grenelle de l’environnement, etc.), aux conseils scientifiques de l’ADEME (2004-2006), … Il a été professeur invité par l’université de Montréal, HEC et Polytechnique (janvier-février 2017) et titulaire de la chaire Mercier de l’Institut supérieur de philosophie de l’Université catholique de Louvain (2023-2024). Il est membre de l’Académie du Royaume du Maroc (depuis 2023), officier de la Légion d’honneur et de l’ordre national du Mérite. Il a été le lauréat du prix du Promeneur solitaire (2003) et du prix Environnement de la fondation Veolia (2015).
Il a publié de nombreux articles et livres, dont Primauté de vivant (Puf, 2021) avec Sophie Swaton, et Science et prudence (Puf, 2022) avec Nicolas Bouleau. Son dernier ouvrage paru est Dévastation. La question du mal aujourd’hui, PUF, 2024.

*La nouvelle collection Système Terre des éditions Actes sud

La collection « Système Terre — climat, biosphère, société »  a été créée pour conjuguer les trois dimensions de notre monde. Elle est dirigée par Nathanaël WALLENHORST. Ses objectifs : 

  • Republier un article scientifique fondateur paru dans une grande revue scientifique pour le mettre à la disposition du plus grand nombre ;
  • Inviter un spécialiste, un universitaire, un essayiste ou un intellectuel, à commenter l’article, afin d’expliquer son apport  à la pensée contemporaine sur les questions du changement climatique ;
  • Mettre les savoirs du système Terre au cœur de la Cité.

Les sociétés humaines sont tributaires des glaciers, de la Grande Barrière de corail, des calottes glaciaires arctique et antarctique, des forêts du bassin amazonien comme des forêts tropicales africaines, mais aussi du Gulf Stream ou encore du permafrost… La vie humaine en société, nos existences mêmes, sont tissées de ces mille fils qui nous relient au système Terre.
Ces fils sont à comprendre, entretenir, régénérer.

Les savoirs contemporains sur le système Terre (tant biogéophysiques que sociopolitiques) sont encore très largement inconnus. Trop peu nombreux sont les citoyens en mesure d’expliciter les articulations entre le climat, la biosphère et les sociétés, les trois ensembles imbriqués du système Terre dont les processus respectifs (emballement, effondrement, accélération) sont structurants pour l’avenir. L’ampleur de cette méconnaissance est en partie explicative de notre mollesse (citoyenne, politique, économique) dans la vitale rupture avec nos modes de vie et notre modèle économique.
Elle ouvre la porte à plusieurs menaces telles que : l’illusion d’adaptation de nos sociétés au dérèglement bioclimatique sur fond de renoncement à son atténuation ; le déploiement de politiques de transition qui ne cherchent pas tant à contenir l’emballement bioclimatique qu’à greenwasher ; le désir d’expérimentation de dispositifs de géo-ingénierie ; ou encore la fragilisation des démocraties par les replis identitaires et la montée en puissance de régimes autoritaires.

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