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Wild – Des dernières côtes sauvages à l’océan

Wild – Des dernières côtes sauvages à l’océan, de Peter et Beverly Pickford – Traduit de l’anglais (Afrique du Sud) par Emmanuelle Ghez – Éditions Paulsen, 24 octobre 2025 – 340 pages

Après le succès de Wild. Les Derniers Espaces sauvages (2018), le couple de photographes naturalistes Peter et Beverly Pickford est reparti autour du monde pendant quatre ans. Cette fois, ils sont allés voir de plus près les dernières côtes sauvages, les plus intactes de notre planète, là où plus de 90 % de la vie marine s’épanouit. Les photographes reviennent d’un incroyable périple, à la rencontre d’une vie sauvage à la toile complexe, là où l’océan rejoint la terre, là où plus de 90 % de la vie marine s’épanouit : dans les habitats côtiers dynamiques. Des littoraux aux profondeurs, de la Colombie-Britannique, au Canada, aux récifs coralliens des Seychelles en passant par les îles Galápagos, ils offrent un plaidoyer visuel pour célébrer les splendeurs marines.

Ce portrait monumental d’écosystèmes parmi les plus intacts de notre planète nous invite sur la côte sauvage du Transkei, en Afrique du Sud, pour admirer le spectacle de l’une des plus grandes migrations du monde, le sardine run ; nous convie dans les récifs coralliens des Seychelles, à assister à la ponte des tortues ; nous fait découvrir la mangrove de Ningaloo, sanctuaire labyrinthique rempli de nurseries de poissons et mollusques. Il nous permet d’explorer les Jardins de la Reine, en mer des Caraïbes, à la rencontre du rare et dangereux crocodile marin et de coraux vieux de 4 000 ans ; nous dévoile la diversité légendaire des îles Galápagos, où Darwin étaya sa théorie de l’évolution ; immortalise des espèces menacées, comme le requin-marteau halicorne, le singe-écureuil, le tapir.
Les textes qui accompagnent ces images détaillent les surprenants voyages des deux photographes à travers certaines des eaux les plus intouchées du globe, et nous rappellent la fragilité de ces milieux comme leur importance.

Wild. Des dernières côtes sauvages à l’océan ne se contente pas d’être un recueil de superbes photographies. C’est une véritable plongée dans ce qu’il reste d’espaces intacts sur notre planète, un voyage au cœur du sauvage qui oscille entre émerveillement esthétique et appel à la conscience.

Un projet hors norme

Photographes naturalistes sud-africains, Peter et Beverly Pickford consacrent leur vie à témoigner de la beauté et de la fragilité du vivant. Pour réaliser Wild, ils ont sillonné le globe pendant plusieurs années, traquant les derniers rivages préservés, les océans immenses, les montagnes reculées ou encore les terres polaires. Le résultat : un volume imposant de près de 400 pages et plus de 200 clichés grand format, d’une puissance visuelle rare.

Montrer le monde avant qu’il ne disparaisse

Ce livre n’est pas seulement une ode au paysage. Les Pickford s’attachent à photographier les animaux dans leur environnement, à les replacer dans l’immensité qui les fait vivre. Loin des portraits isolés, leurs images célèbrent l’équilibre entre créature et territoire, soulignant à quel point la survie des espèces dépend de la santé des écosystèmes.

Derrière cette approche esthétique, une intention claire : susciter une prise de conscience. Les auteurs rappellent que la préservation du sauvage ne repose pas uniquement sur des réglementations, mais sur notre capacité collective à éprouver de l’attachement et de l’émerveillement pour ce qui reste.

Entre contemplation et plaidoyer

La force de Wild réside dans cette double dimension. Les photographies, magnifiquement composées, frappent par leur intensité : lumières spectaculaires, paysages démesurés, animaux saisis dans l’instant. Mais au-delà de la beauté des images, le livre porte un message : le sauvage se réduit comme peau de chagrin, et il nous appartient de le défendre.

Certes, certains lecteurs pourront regretter un accompagnement textuel parfois succinct, qui n’explore pas toujours en détail les enjeux scientifiques ou politiques liés à chaque lieu. On pourrait également reprocher une certaine idéalisation, les images sublimant la nature au risque de gommer sa vulnérabilité concrète. Mais la puissance émotionnelle de l’ouvrage demeure incontestable.

Ce qu’il reste de sauvage dans le monde

L’urgence évoquée par les Pickford se mesure aussi en chiffres. Une étude internationale publiée en 2018 a révélé que seulement 23 % des terres émergées (hors Antarctique) peuvent encore être considérées comme des zones véritablement sauvages, c’est-à-dire exemptes de pressions humaines directes comme les routes, l’agriculture ou l’urbanisation. Un autre indicateur plus strict – qui exige que toutes les espèces locales soient présentes en quantités suffisantes pour jouer leur rôle écologique – estime que seulement 3 % des terres peuvent encore être considérées comme vraiment intactes selon ce critère.

Les forêts dites « intactes » (Intact Forest Landscapes), vastes étendues continues non fragmentées, couvrent encore 13,1 millions de km², soit près d’un quart des forêts mondiales, mais elles régressent rapidement : 7 % ont déjà disparu depuis 2000. La majorité des derniers espaces sauvages se concentre dans cinq pays : Russie, Canada, Australie, États-Unis (Alaska) et Brésil, qui abritent à eux seuls environ 70 % de ce qu’il reste de wilderness terrestre.

L’Europe et la France face à l’érosion du sauvage

En Europe, la situation est contrastée : environ 26 % des terres de l’Union européenne bénéficient d’une protection officielle, principalement grâce au réseau Natura 2000. Mais les zones véritablement peu modifiées par l’homme restent très limitées, en particulier dans les régions densément peuplées.

En France, les milieux naturels ou semi-naturels représentent encore près de 47 % du territoire métropolitain, avec une couverture forestière de 32 %. Mais seulement 6,4 % du territoire bénéficie d’une protection forte, malgré l’existence d’un maillage important d’aires protégées qui, en incluant l’outre-mer et le domaine marin, atteignent environ 33 % du territoire national. Ces chiffres révèlent l’écart entre protection juridique et véritable état de naturalité.

Une œuvre qui dépasse le cadre photographique

En situant leurs clichés dans les derniers espaces vierges de la planète, les Pickford s’inscrivent dans une démarche qui dépasse l’art. Wild se tient à la croisée de l’album photographique et du manifeste écologique. Il parle autant aux amateurs d’images spectaculaires qu’aux lecteurs sensibles à la cause environnementale.

À la fois livre d’art et cri d’alerte, Wild rappelle avec force que la beauté du monde n’est pas acquise et que les rivages, océans et montagnes encore intacts méritent d’être protégés. Admirer ces pages, c’est accepter de se laisser toucher, puis d’entendre l’appel discret, mais pressant des auteurs : préserver ce qu’il reste de sauvage avant qu’il ne soit trop tard.

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