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Le cru nouveau 2013 des start-ups est arrivé au MIPTV et MIPCube

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Pour la troi­sième fois depuis 2011, je par­ti­ci­pais comme inter­ve­nant à la confé­rence MIP­Cube qui fait par­tie du MIPTV à Cannes, des 8 au 11 avril 2013. Le MIPTV est en gros l’équivalent du Fes­ti­val de Cannes pour la télé­vi­sion, et sur­tout, le grand mar­ché des droits audio­vi­suels où télé­films, séries TV, for­mats d’émissions et docu­men­taires sont com­mer­cia­li­sés par leurs pro­duc­teurs et dis­tri­bu­teurs auprès de chaines de télé­vi­sion du monde entier. Le MIP­Cube est une confé­rence thé­ma­tique sur la conver­gence numé­rique orga­ni­sée au sein de ce salon.

Cette année, j’ai assisté à la fois à des ses­sions du MIP­Cube et du MIPTV. Ce compte-rendu sera construit en trois par­ties : une pre­mière sur les star­tups de la télé­vi­sion connec­tée et/ou sociale décou­verte au MIP­Cube, le second sur l’adoption de la 4K par l’industrie audio­vi­suelle et le der­nier sur les conte­nus sous toutes les formes. Je pro­fi­te­rai de ce que le NAB avait lieu la même semaine que le MIPTV pour en inté­grer des bribes de compte-rendus dans la seconde par­tie sur la 4K. Le NAB est l’équivalent amé­ri­cain de l’IBC d’Amsterdam et il couvre les moyens tech­niques allant de la pro­duc­tion à la récep­tion des contenus.

Quelles sont les évolu­tions mar­quantes d’une année sur l’autre dans les pro­jets pré­sen­tés ? En vrac :

– Les appli­ca­tions de social TV qui s’appuient tou­jours sur Face­book et Twitter.

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– La mon­tée en puis­sance de l’habillage de la consom­ma­tion de TV en direct via des outils d’ACR (auto­ma­tic content recog­ni­tion, audio et/ou vidéo) pour syn­chro­ni­ser le pre­mier et les seconds écrans.

– La gami­fi­ca­tion de l’expérience uti­li­sa­teur, notam­ment autour du live, et en liai­son avec l’ACR.

– Les outils de reli­néa­ri­sa­tion des conte­nus et de recommandation.

– Les outils d’analytics s’appuyant sur le (bingo words) cloud et du big data, le tout ser­vant à opti­mi­ser les conte­nus ou la monétisation.

– Il y avait aussi le sué­dois Magine que nous allons trai­ter plus loin dans cet article avec son offre inté­grée d’opérateur TV OTT.

Les confé­rences du MIPTV et du MIP­Cube sont presque toutes visibles sur You­Tube.

Les star­tups du MIP­Cube Lab

Les pre­mières star­tups à décou­vrir sont celles du MIP­Cube Lab, la com­pé­ti­tion de star­tups de cette confé­rence. Envi­ron 70 can­di­dats avaient été pré­fil­trés par Anne-Marie Rous­sel (Illu­mi­nate Ven­ture, une fran­çaise ins­tal­lée dans la Sili­con Val­ley) et Marie-Christine Levet (Jaina Capi­tal) qui fai­saient aussi par­tie du jury. En résul­taient dix fina­listes qui eurent droit à cinq minutes de pitches et à cinq minutes de questions/réponses avec le jury dont je fai­sais par­tie. C’est court, mais on se fait mal­gré tout une opi­nion assez rapide des projets.

Fai­saient aussi par­tie du jury Emma Lloyd, de BSkyB. Les débats étaient ani­més par Jesse Dra­per, issue d’une longue lignée d’investisseurs (jusqu’à son arrière grand-père) qui sont à l’origine du capital-risque de la Sili­con Val­ley. C’est sur­tout une entre­pre­neuse et la créa­trice du Val­ley Girl Show, une émis­sion d’interviews d’entrepreneurs du numé­rique assez déca­lée par rap­port à l’habitude.

Il y a avait trois types de can­di­dats : les ser­vices directs aux Inter­nautes (btoc), les ser­vices grand public en marque blanche (btob­toc) et les ser­vices des­ti­nés aux pro­fes­sion­nels des médias (btob).

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Com­men­çons donc par les solu­tions btoc qui n’étaient que deux :

* STEVIE (Israël) était le gagnant de cette com­pé­ti­tion. La star­tup pro­pose un site et une appli­ca­tion mobile qui per­met de reli­néa­ri­ser des conte­nus trou­vés sur Inter­net en fonc­tion des recom­man­da­tions de ses amis sur Face­book et Twit­ter. Les navi­ga­teurs web, iOS, Android et Win­dows 8 sont sup­por­tés. Mais cela donne une grosse impres­sion de déjà-vu et rap­pelle notam­ment ce que fait Plizy, la star­tup de Jona­than Benas­saya créée à che­val entre les USA et la France. On peut aussi le pré­sen­ter comme un Flip­board de la vidéo. Les conte­nus pro­po­sés sont évidem­ment dans un pre­mier temps ceux qui sont libre­ment dis­po­nibles sur le web, comme les vidéos de You­Tube, Dai­ly­Mo­tion et leurs équi­va­lents. Résul­tat, les vidéos pro­po­sées relèvent du buzz du moment et la pro­gram­ma­tion doit vite conver­ger vers la même chose dès que l’on a beau­coup d’amis. J’ai testé l’application. L’interface est assez encom­brée et res­semble plus à un écran d’affichage dyna­mique qu’à un envi­ron­ne­ment de TV. Et la pre­mière vidéo qui m’était pro­po­sée était un mon­tage avec Nabila. Cela rap­pelle que les amis que l’on peut avoir dans les réseaux sociaux sont loin de pou­voir recom­man­der des conte­nus tou­jours bien per­ti­nents. Pour les conte­nus pre­mium type VOD, SVOD et TV de rat­tra­page, il fau­dra attendre les accords ad-hoc, pays par pays. Mais cela devrait pou­voir faci­le­ment fonc­tion­ner avec iTunes et sur­tout Netflix.

* VIMIES (France) est une sorte d’Instagram de la vidéo per­met­tant de par­ta­ger des vidéos cap­tées avec son mobile dans les réseaux sociaux à com­men­cer par Face­book. C’est pour l’instant une appli­ca­tion iOS. L’équipe cible curieu­se­ment le « jour­na­lisme citoyen » comme pre­mière appli­ca­tion tout en vou­lant moné­ti­ser cela par la publi­cité. Pas évident d’avoir un bon ciblage publi­ci­taire avec ce genre de conte­nus ! L’équipe est en tout cas en dis­cus­sion avec des opé­ra­teurs télé­coms pour bund­ler son appli­ca­tion avec des abon­ne­ments 4G. Eh oui, tout est bon à prendre pour jus­ti­fier des abon­ne­ments mobiles plus chers ! Le fon­da­teur de la société, Rhai Goburd­hun, a réa­lisé une démons­tra­tion live de son appli­ca­tion pen­dant son pitch. Et ça mar­chait ! L’application est depuis fin mars dans l’AppStore. Ce serait la seule appli­ca­tion vidéo inté­grée avec ses amis dans Facebook.

Pas­sons aux solu­tions grand public en marque blanche qui étaient la domi­nante de cette compétition :

* eTri­bez (Israël) pro­pose une solu­tion de cas­ting pour les émis­sions de diver­tis­se­ment, sur­tout pour la TV réa­lité mais aussi pour les jeux genre « Ques­tions pour un cham­pion ». C’est un ser­vice en ligne – ou en cloud, si vous pré­fé­rez – où les télé­spec­ta­teurs can­di­datent pour par­ti­ci­per à ces émis­sions. Il est déployé en marque blanche. Ils y déposent leur CV et une vidéo. Le sys­tème per­met aux orga­ni­sa­teurs d’émission de trou­ver rapi­de­ment les perles rares qui vont rendre leurs émis­sions ani­mées. Un détec­teur de bêtise pure ? Je ne sais pas trop. L’outil per­met d’engager les can­di­dats dans des jeux pour les dépar­ta­ger, notam­ment des QCM. En gros, c’est du cas­ting gami­fié, avec en tête l’idée de moné­ti­ser le cas­ting en le ren­dant payant avec du micro-paiement. Une solu­tion pas accep­table pour un broad­cas­ter selon Emma Lloyd de BSkyB. Le pro­ces­sus de cas­ting génère du contenu qui peut ensuite être exploité par les pro­duc­tions comme pour consti­tuer des bêti­siers ou des « making of ». Cela semble un peu déli­rant, mais pas tant que cela. Le sys­tème est déjà déployé pour le cas­ting de diverses émis­sions comme X-Factor aux USA ou Big Bro­ther en Fin­lande. Il per­met­trait de divi­ser par deux le coût du cas­ting par rap­port à un trai­te­ment papier à l’ancienne.

* GRUVI (UK) pro­pose un wid­get vidéo mul­ti­pla­te­forme per­met­tant de dif­fu­ser ses conte­nus par­tout et d’en mesu­rer la dif­fu­sion de manière cen­tra­li­sée. Il sert sur­tout à lan­cer des cam­pagnes de pro­mo­tion de films avec des bandes annonces et les liens avec les ser­vices asso­ciés. La solu­tion a notam­ment été déployée pour la pro­mo­tion de Sky­fall et The Hob­bit. Le player fonc­tionne sur­tout sur Face­book. L’outil est conçu pour être self-service pour les agences de com­mu­ni­ca­tion. Cela veut donc dire que les appli­ca­tions sont des « tem­plates » avec peu de variantes. Le sys­tème est censé faci­li­ter le ciblage et le recru­te­ment de « fans ».

* The Sha­dow Gang (USA) semble de la même veine que le pré­cé­dent, mais plus géné­rique. Il pro­pose sa pla­te­forme multi-écrans « Gala­had » pour créer ses appli­ca­tions. Celles-ci sont basées sur un outil de ges­tion de sto­ry­board reliant dif­fé­rents écrans. Le tout est asso­cié à des outils de mesure et d’analyse du tra­fic et de la conver­sion. Comme la société pro­duit aussi des conte­nus, on dirait qu’il s’agit ici de « ser­vice outillé », et pas d’un véri­table outil de déve­lop­pe­ment com­plet et uni­ver­sel. Il n’y a pas de miracles !

* Gamific.tv (France) pro­pose une pla­te­forme de déve­lop­pe­ment de conte­nus inter­ac­tifs asso­ciés aux conte­nus linéaires de la TV et notam­ment des jeux simples à base de QCM. Le sys­tème s’appuie sur HbbTV pour gérer l’interactivité côté pre­mier écran et affi­cher un code à sai­sir sur son mobile pour la suite des événe­ments, et un envi­ron­ne­ment d’exécution natif côté mobile.

* VIDDIGA (France) pro­pose Screen­Pulse, une solu­tion en cloud d’ACR (auto­ma­tic content recog­ni­tion) audio per­met­tant de faci­li­ter le déve­lop­pe­ment d’applications second écran fonc­tion­nant de manière syn­chrone avec les pro­grammes dif­fu­sés en live. Il y a beau­coup de solu­tions de ce genre sur le mar­ché, comme chez Civo­lu­tion, très uti­lisé en France, et Audible Magic. La dif­fé­ren­tia­tion de Vid­diga ? L’algorithme de recherche serait linéaire. Le temps de recherche serait tou­jours le même quel que soit le nombre de vidéos de réfé­rence. Il me sem­blait avoir entendu la même chose dans d’autres star­tups comme chez Cli­ckOn. La société indique dans son pitch qu’elle réduit par cinq le temps de déve­lop­pe­ment des appli­ca­tions second écran. C’est pro­ba­ble­ment un peu sur­vendu car la com­plexité du déve­lop­pe­ment n’est pas seule­ment liée à l’utilisation des APIs de SDK d’ACR (en clair : « inter­faces de pro­gram­ma­tion des sys­tèmes de recon­nais­sance auto­ma­tique des contenus »).

Et enfin, les solu­tions btob :

* Stream­hub (UK) pro­pose un outil d’analyse temps réel de l’activité dans les réseaux sociaux liée à un pro­gramme TV. Il per­met d’optimiser la per­for­mance du contenu et des publi­ci­tés. L’outil conso­lide tout ce qu’il peut de don­nées sur l’audience : l’activité dans les réseaux sociaux, un grand clas­sique, mais aussi les don­nées de dis­tri­bu­tion quand le contenu est dis­po­nible en ligne. En dif­féré, il récu­père les indi­ca­teurs d’audience TV. L’outil est donc plus géné­rique que les Blu­Fin et autres Mesa­graph qui sont foca­li­sés sur l’analyse des flux sur Twit­ter. Le pro­duit qui a retenu la faveur du jury dans le domaine btob conso­lide ces don­nées dans des tableaux de bord très bien réa­li­sés. A noter que la star­tup a été créée par un japo­nais qui vit à che­val entre Londres et Tokyo.

* MJOBS.TV (Tché­quie) est une ver­sion en ligne du MIPTV, à savoir une place de mar­ché de conte­nus vidéos com­mer­cia­li­sée par des pro­duc­teurs et dis­tri­bu­teurs à l’attention des dif­fu­seurs. La recherche des conte­nus peut se faire par ter­ri­toire cou­vert, durée de licence et autres droits de dif­fu­sion. La solu­tion tourne sous .NET et dans le cloud d’Amazon. Le pre­mier client ? La TV tchèque ! Un grand classique…

* VAST MEDIA (Alle­magne) est un site web des­ti­na­tion qui com­pare les cam­pagnes de publi­cité vidéo en ligne. Il se veut être une base de don­nées des meilleures pra­tiques de la social TV. Elle en com­porte 1000 à ce jour. Pro­blème évoqué par le jury : la base est ali­men­tée manuel­le­ment. C’est donc un ser­vice d’études pas très sca­lable car pas assez auto­ma­tisé. Ils auraient déjà TF1 et Canal+ comme clients. Les tarifs de la « pige » sont de 10 à 15K€ par an.

Magine

La star­tup sué­doise Magine était un spon­sor du MIP­Cube. Son co-fondateur Mat­tias Hjelm­stedt inter­ve­nait notam­ment dans une table ronde avec Ofer Wein­traub d’Orca. Dès que l’on croi­sait quelqu’un au MIP­Cube, il deman­dait « tu as vu Magine ? c’est génial ! ».

Magine est une sorte de câblo-opérateur « OTT » (over the top) qui pro­pose une nou­velle expé­rience uti­li­sa­teur de consom­ma­tion de la télé­vi­sion basée sur tablettes, smart­phones et smart TV. L’application Magine est dotée d’une inter­face très élégante pour choi­sir son pro­gramme et le regar­der quand on le sou­haite. Pre­nez le temps de visua­li­ser cette vidéo de démons­tra­tion de 15 minutes pour en faire un tour complet.

Le guide de pro­gramme est en appa­rence clas­sique avec chaines TV et heures de dif­fu­sion. C’est aussi un « Reverse EPG » qui per­met de reve­nir dans le temps, entre 7 et 30 jours selon les chaines. On peut ainsi regar­der une émis­sion aussi bien en direct que dans le passé. On a aussi accès à un « ins­tant replay » d’une émis­sion qui a déjà com­mencé, qui n’est pas sans rap­pe­ler la fonc­tion Salto de France Télé­vi­sion créée par TDF. La navi­ga­tion tac­tile per­met de zoo­mer en avant et en arrière sur le guide de pro­gramme, ce qui faci­lite le pas­sage d’un jour à l’autre mais on dis­pose aussi d’un sélec­teur de data. On peut égaler zoo­mer sur la vidéo pour la mettre en plein écran sur la tablette.

Magine pro­pose deux autres vues du guide de pro­gramme : une vue lis­ting et une vue vignette. La vue vignette per­met de voir ce qui est dif­fusé en direct en cli­quant sur chaque image. Il me semble avoir vu l’équivalent chez iFeelS­mart, avec l’ensemble des vidéos ani­mées simultanément.

Le ser­vice en ligne pro­pose donc un « net­work PVR », pour enre­gis­trer les émis­sions TV en réseau. On n’a pas besoin de pro­gram­mer un enre­gis­tre­ment puisque l’intégralité des conte­nus des chaines dif­fu­sées est enre­gis­trée en per­ma­nence avec un stock de 7 à 30 jours de dif­fu­sion. Pas besoin d’un bou­ton d’enregistrement et d’une inter­face pour accé­der aux pro­grammes enre­gis­trés ! Eva­cués égale­ment les enre­gis­tre­ments qui ne com­mencent pas au début ou se ter­minent avant la fin des pro­grammes. Enfin, en théo­rie. L’interface per­met aussi de faire des recherches de conte­nus par mots clés ou par genre de conte­nus, une fonc­tion­na­lité plu­tôt classique.

Magine per­met aussi de contrô­ler sa TV. Il faut que ce soit une Smart TV Sam­sung ou LG Elec­tro­nics car ce contrôle repose sur une appli­ca­tion native qui s’installe dans ces TV. Au lan­ce­ment de l’application, un QR Code est affi­ché qui per­met l’appariement de la TV avec le mobile. L’utilisateur peut alors contrô­ler sa TV avec son smart­phone, sa tablette et même avec la télé­com­mande de sa TV. Il peut sélec­tion­ner un contenu sur le second écran et le pré­sen­ter sur le premier.

Ce ser­vice est com­mer­cia­lisé avec un abon­ne­ment de 10€ par mois qui couvre une tren­taine de chaines. Il s’agit visi­ble­ment d’un mix de chaines TV gra­tuites et de chaines habi­tuel­le­ment dif­fu­sées dans des bou­quets payants comme Natio­nal Geo­gra­phics et MTV.

Magine reprend en fait des idées déjà vues ailleurs. J’avais notam­ment vu un « reverse EPG » dans le midd­le­ware Snow­flake de NDS en jan­vier 2011 (cf le Rap­port du CES 2011, page 62). Au der­nier CES 2013, Boxee pro­po­sait un net­work PVR dans sa nou­velle box. Pour ce qui est de rece­voir les chaines TV en OTT via le cloud, on peut aussi évoquer le cas du new-yorkais Aereo qui pro­pose des antenne TV dans le cloud. Ses data-centers sont dotés de mil­liers de mini-antennes qui reçoivent les chaines TV pour leurs uti­li­sa­teurs, les conte­nus étant ensuite strea­més vers chaque client. C’est une astuce tech­ni­que­ment lourde per­met­tant d’appliquer la légis­la­tion du « fair use », équi­va­lent amé­ri­cain de notre excep­tion de la copie pri­vée. Ce qui n’empêche pas Aereo d’être sous le coup de plaintes des broad­cas­ters. Pour l’instant, ils s’en sortent en ayant gagné en pre­mière ins­tance et en appel. Grâce à la juris­pru­dence de Cable­vi­sion, un autre ser­vice amé­ri­cain pro­po­sant un net­work PVR lancé en 2006. Atta­qué par les broad­cas­ters, il a aussi gagné en justice.

Le point clé pour le déploie­ment d’un tel ser­vice est l’existence d’une bonne infra­struc­ture télé­coms. Il se trouve que la Suède est un pays idéal car le très haut débit y est très cou­rant avec des connexions com­prises entre 50 et 100 mbits. Cela explique la rapi­dité du temps de réponse et du chan­ge­ment de chaines sur l’application de Magine. A titre de com­pa­rai­son, il me faut attendre plus de 20 secondes avant d’afficher la moindre image de TV sur l’application iPad Canal+ Touch. L’histoire ne dit pas quelle infra­struc­ture réseau et de CDN (content deli­very net­work) Magine a dû mettre en place ou louer pour mettre en œuvre son service.

L’interface est-elle par­faite ? Pas tota­le­ment ! Les fonc­tions sociales ne sont pas appa­rentes. L’application ne pro­pose pas le book­mar­king des pro­grammes que l’on sou­haite regar­der plus tard. Il faut juste se rap­pe­ler de ce que l’on veut voir et faire une recherche ou navi­guer dans le guide de pro­grammes. Et si le pro­gramme que l’on sou­haite regar­der a été dif­fusé il y a plus de 30 jours, et bien, c’est cuit ! Enfin, l’offre ne com­prend rien côté VOD et S-VOD. Per­sonne n’est par­fait dans la TV numérique !

Le prin­cipe du net­work PVR pose une autre ques­tion : est-il com­pa­tible avec les modèles écono­miques des chaines TV qui dépendent de la publi­cité, l’interface per­met­tant de zap­per faci­le­ment la publi­cité. Le modèle semble être celui du ver­se­ment d’une rede­vance aux chaines dif­fu­sées. Mais 10€ par mois est bien faible pour finan­cer les conte­nus. On peut ima­gi­ner que Magine devra faire évoluer son offre avec des packages de chaines TV pre­mium et la fac­ture aug­men­tera en conséquence.

On aime­rait en tout cas bien dis­po­ser d’une telle inter­face pour les bou­quets de Canal+ et Canal­Sat ou pour ceux qui sont pro­po­sés par les opé­ra­teurs télé­coms IPTV. L’application Canal+ Touch semble bien dépas­sée face à celle de Magine ! Et comme le modèle écono­mique de Canal+ dépend fai­ble­ment de la publi­cité, on ne voit pas ce qui pour­rait concep­tuel­le­ment les empê­cher de pro­po­ser un ser­vice équi­va­lent. Magine pré­fi­gure aussi pro­ba­ble­ment ce qu’Apple pour­rait pro­po­ser s’il lan­çait enfin sa propre Smart TV : une offre entiè­re­ment OTT et multi-écrans avec un télé­vi­seur sans tuner broad­cast. Le tout inté­grant VOD et S-VOD, déjà dis­po­nible dans l’Apple TV avec iTune, Net­flix et consorts. De même, si Google TV inté­grait toutes les fonc­tion­na­li­tés de Magine, cela devien­drait une tue­rie ! Reste à acqué­rir les droits de dif­fu­sion des conte­nus. Et oui ! Ce n’est pas la tech­no­lo­gie qui fait que nos expé­riences télé­vi­suelles sont loin d’être par­faites mais les modèles écono­miques et les posi­tions des dif­fé­rents acteurs de la chaîne de valeur !

Autres star­tups vue au MIPCube

Il n’y avait pas que Magine au MIP­Cube. D’autres star­tups méri­taient le détour :

* Viaccess-Orca (du groupe France Télé­com) pré­sen­tait son outil de créa­tion auto­ma­tique de maga­zine pour second écran à par­tir des conte­nus des pro­grammes. Il récu­père notam­ment les images des conte­nus vidéos et les cita­tions issues des réseaux sociaux. C’est une variante de plus de Flip­board pour la TV. Le prin­cipe peut aussi ser­vir dans l’éducation et les conte­nus cultu­rels pour les­quels les conte­nus en ligne sont plus variés et abon­dants. Cela rap­pelle un peu ce que fait la star­tup fran­çaise Leankr.

* Video­logy / Col­li­der (USA) repré­senté par Anne de Kerck­hove qui dirige les opé­ra­tions en Europe du Sud (c’est l’ancienne direc­trice du MIP­Cube chez Reed Midem). Il s’agit d’une solu­tion de ges­tion de la publi­cité vidéo multi-écrans qui per­met de bien cibler les bonnes audiences avec les bonnes annonces en s’appuyant sur un pro­fi­ling socio­dé­mo­gra­phique et aussi sur les conte­nus dif­fu­sés. Elle mesure ensuite l’efficacité du ciblage. La pla­te­forme tient compte du fait que les uti­li­sa­teurs consomment un contenu sur un écran et le ter­minent sur un autre écran. Je ne sais pas com­ment elle les piste d’un écran à l’autre ! C’est une « big data » com­pany qui exploite beau­coup de don­nées pour assu­rer ce bon ciblage des publi­ci­tés. Elle repose ensuite sur les ser­vices de régies en ligne comme celle du fran­çais Sti­ckyAd­sTV. Dans son inter­ven­tion au MIP­Cube, Anne de Kerck­hove insis­tait sur le besoin d’avoir des for­mats publi­ci­taires plus courts sur seconds écrans et aussi d’y ajou­ter de l’interactivité.

* Lib­cast (France) est une star­tup de six per­sonnes créée en 2006 et située à Bor­deaux. Elle pro­pose une pla­te­forme de dif­fu­sion de vidéo multi-écrans créée en 2011. C’est une sorte d’analogue à l’américain Bright­cove qui dis­pose de sa propre infra­struc­ture et lec­teur vidéo per­son­na­li­sable par les clients. C’est une solu­tion tout en un qui intègre toutes les briques tech­niques logi­cielles : enco­dage, héber­ge­ment, éditeur rich-média, dif­fu­sion multi-écrans, inter­face webTV et blog, moné­ti­sa­tion des conte­nus par du paie­ment ou de la publi­cité, ges­tion de pro­fils uti­li­sa­teurs aussi bien côté contri­bu­teurs que consom­ma­teurs, et outils d’analytics. Les clients de Lib­cast sont dans les médias (comme Equi­dia) ou dans l’enseignement (comme chez HEC) car c’est une belle pla­te­forme pour publier des cours en ligne.

Lire la suite de l’article d’Olivier sur le Blog Opinions Libres 

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