C’est une bonne nouvelle. Les Français semblent avoir compris que les prélèvements et les agressions que nous faisons à notre environnement ne sont plus durables. Il faut changer de modèle en commençant par changer nos habitudes. Une étude menée par Greenflex montre que le mouvement semble s’être mis en marche. Les Français consomment différemment, d’une manière plus attentive et raisonnable. Ils ne veulent plus consommer plus et toujours plus comme on leur en a donné l’habitude pendant ces trente dernières années. Plus encore, il ne leur suffit pas de consommer mieux, ils veulent désormais consommer moins. Constat d’une prise de conscience salutaire.
Une importante enquête portant sur 6 000 Français et 10 000 Européens a été réalisée par l’institut de sondages YouGov pour le cabinet de conseil Greenflex, et soutenue par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). Pour Stéphane Petitjean, directeur associé du cabinet, 2019 marque une véritable année de rupture. Jusqu’à il y a à peine deux ans, la consommation responsable rimait pour les Français avec consommer autrement en sélectionnant des produits éthiques bio ou éco-labellisés. Il y a deux ans, en 2017 ils étaient seulement 14 % à déclarer vouloir consommer moins. Ils ont fait un bond de 15 % aujourd’hui : 27 % des Français interrogés affirment consommer moins, signe d’une prise de conscience ancrée dans les comportements.
Chiffre impensable il y a seulement une dizaine d’années, 86 % des Français aimeraient vivre dans une société où la consommation prendrait moins de place. Neuf Français sur dix estiment que ce modèle est à bout de souffle ! Ils sont 57 % à déclarer qu’il faut changer complètement, revoir notre modèle économique et sortir du mythe de la croissance infinie. Ils ne sont que 4 % à penser encore que notre modèle économique est le bon et fonctionne.
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Urgence pour la planète
Il faut dire que les Français sont inquiets pour l’avenir de la planète. 60 % d’entre eux estiment qu’il y a urgence à agir et 13 % pensent qu’il est déjà trop tard. Dans l’ordre, c’est le réchauffement climatique, l’effondrement de la biodiversité et l’invasion des plastiques qui les préoccupent le plus. Inquiétude et perte de sens sont dans tous les esprits. L’enjeu écologique ne pourra être résolu sans tenir compte de la dimension sociale, la dimension humaine. Ils sont 86 % à ressentir la perte des repères dans notre société et huit sur dix à penser qu’on n’avancera pas sans résoudre les inégalités de la société.
Sur fond d’urgence écologique et de mobilisations citoyennes, le constat des dérives d’un système dont les Français, comme les Européens ne veulent plus. Un constat qui revêt la forme d’une douche froide.
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Les personnes interrogées ne restent cependant pas sur un sombre constat. Ils veulent prendre les choses en main, à commencer par leurs petites ou grandes habitudes. La révolution, ils la font … dans leur mode de vie. 67 % d’entre eux déclarent avoir changé certaines de leurs pratiques pour réduire l’impact de leur consommation. Ils ne sont que 4 % à avouer n’avoir aucune envie de changer.
La vertu des petits gestes
Parmi ces « petits gestes », trois méritent d’être soulignés : neuf Français sur dix déclarent ne plus acheter désormais que des produits de saison. Adieu les fraises et autres tomates en hiver ; place à une bonne soupe de choux et de carottes quand il fait froid. Acheter local devient un critère de choix et pas seulement dans l’alimentation. En effet, 68 % des personnes interrogées déclarent privilégier les meubles fabriqués en France. Le Made in France a effectivement le vent en poupe et n’est plus qu’un slogan politique. Enfin, les différentes campagnes sur la maltraitance animale ont porté leurs fruits : 63 % des Français prennent désormais en compte la question du bien-être animal quand ils consomment.
Donner du sens
Les Français consomment durable mais pas n’importe comment. Ils ne se laissent pas séduire par les modes. Ainsi ils achètent « bio », mais en faisant attention aux pièges du bio. L’étiquette verte ne suffit pas. Huit Français sur dix considèrent que les produits bio ne se valent pas tous et qu’il vaut mieux acheter des fruits et légumes locaux et de saison plutôt que des produits labellisés bio mais qui viennent d’un autre pays. Dès lors, ils sont plus nombreux à se tourner vers les circuits alternatifs à la grande distribution : 41 % vont de préférence chez les petits commerçants, voire pour 36 % d’entre eux directement chez le producteur.
Mais ces conduites vertueuses de consommation ne suffisent pas. Les Français, plus que les autres citoyens européens, se posent en acteurs du « consommer moins » et « autrement ». Ils s’engagent dans d’autres voies que celles de consommer comme avant. Près de 60 % d’entre eux disent récupérer, réutiliser, réparer les produits usagés plutôt que les jeter et en acheter des neufs. C’est pour eux, une façon de s’engager, de vouloir faire changer les choses. Cette envie de se conduire d’une autre façon ne concerne pas seulement la sphère de la consommation. Elle atteint aussi celle du travail puisque 59 % des personnes interrogées aimeraient avoir un métier qui ait du sens.
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Nous sentons là les débuts d’une remise en question qui s’appuie aussi sur une méfiance à l’égard des entreprises. En 2004, ils étaient 58 % à faire confiance aux entreprises comme acteurs du changement ; ils ne sont plus que 27 % à le penser aujourd’hui. Une tendance que l’on retrouve à des nuances près dans les cinq autres pays européens étudiés dans cette enquête (l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie, le Royaume-Uni et la Suède). Dans tous les pays, le modèle de consommation est fortement remis en question et la volonté est partagée de changer de mode de vie pour réduire son impact environnemental. Les Français se distinguent des autres Européens par la mise en œuvre d’actions concrètes dans leurs comportements d’achats, délaissant les acteurs traditionnels de la distribution pour privilégier autant que possible les circuits courts et directs.
Source : Baromètre Greenflex-Ademe de la consommation responsable – 2019
Image d’en-tête : Visuel de la collection quat-rues, commerce équitable de vêtements bio
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Des petit gestes comme: aller au super marché avec des sacs réutilisables, se déplacer en utilisant le transport en commun, manger moins de viande, porter les même vêtements plus longtemps, passer ses vacances là où on habite, l’été diminuer la clim, porter un pull a l’intérieur en hiver, etc
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