Depuis le 26 février 2020, le Palais de la Porte Dorée présente une exposition consacrée à l’œuvre et l’imaginaire de Christian Louboutin, créateur de souliers et figure incontournable du monde de la mode. Conçue comme une invitation à plonger dans l’univers foisonnant de ce créateur hors-pair, l’exposition explore toutes les facettes d’une inspiration aux multiples références, dans un lieu qui est cher au créateur et qui a vu naître sa vocation.
Dès ses débuts, Christian Louboutin insuffle dans ses créations une grande richesse de motifs et de couleurs inspirés par son amour des arts et des autres cultures. Flamboyant, audacieux, ouvert sur le monde, généreux et parfois sulfureux, l’univers du créateur se nourrit d’une passion pour les voyages, de références au monde de la pop culture, du spectacle, de la danse, de la littérature et du cinéma.
Dévoilant les inspirations et le processus créatif de Christian Louboutin, l’exposition mettra en scène la vision du créateur à travers quelques-unes des œuvres les plus précieuses issues de sa collection personnelle ainsi que des prêts de collections publiques.
Une large sélection de souliers sont présentés, dont certains jamais exposés. Ces pièces patrimoniales et artistiques sont exposées aux côtés de nombreuses collaborations exclusives qui soulignent l’attachement de Christian Louboutin pour les savoir-faire et les métiers d’art, comme des vitraux réalisés par la Maison du Vitrail, un palanquin d’argent sévillan ou encore un cabaret sculpté au Bhoutan.
L’exposition dévoile également des projets inédits avec quelques-uns des artistes qui lui sont les plus chers : le réalisateur et photographe David Lynch, l’artiste multimédia néo-zélandaise Lisa Reihana, le duo de designers anglais Whitaker Malem, la chorégraphe espagnole Blanca Li, le plasticien pakistanais Imran Qureshi, et bien d’autres encore…
Né à Paris dans le 12e arrondissement, Christian Louboutin est fasciné dès l’adolescence par la beauté architecturale et la richesse ornementale du Palais de la Porte Dorée, qui nourrit très tôt son amour de l’art et des arts appliqués. Il y puise un répertoire de formes et de motifs pour ses premières créations dont le soulier Maquereau réalisé en cuir métallisé et directement inspiré de l’iridescence des poissons de l’Aquarium Tropical. C’est là, dans ce chef-d’œuvre de l’Art Déco, que le jeune Christian Louboutin est saisi par un panneau interdisant le port de talons aiguilles, qui par la suite inspira l’iconique soulier Pigalle et sera réinventé au fil des saisons.
Avec cette exposition, Christian Louboutin initie une nouvelle programmation du Palais de la Porte Dorée dédiée à la création d’aujourd’hui.
L’Exhibition[niste] est un titre qui m’est venu assez rapidement. C’est un jeu de mots entre exhibition en anglais qui signifie exposition et le fait de révéler une partie de soi aux autres. S’exhiber c’est se mettre à nu. Une exposition, c’est s’exposer. Les deux sont donc assez proches mais il y a une notion plus subversive dans le fait de s’exhiber qui me plait car en montrant mon travail je m’expose de manière plus intime. Je me suis beaucoup investi dans ce projet, à titre professionnel mais aussi à titre personnel. J’y révèle beaucoup de moi-même, de mes inspirations, de mon processus créatif et je souhaitais que cela se comprenne dès le titre de l’exposition.
Christian Louboutin
L’exposition
Par Olivier Gabet, Commissaire de l’exposition, Directeur du Musée des Arts décoratifs
Aujourd’hui la mode est consacrée comme un domaine artistique majeur qui a pleinement droit de cité dans toutes les grandes institutions culturelles, ainsi le Palais de la Porte Dorée, Musée d’histoire de l’Immigration, comme l’a montré l’exposition Fashion Mix en 2014. Le champ de la création qu’elle embrasse et les questions historiques, politiques, sociales et anthropologiques qu’elle soulève dessinent un territoire ouvert, populaire, inclusif, universel aussi, qui redéfinit souvent profondément le principe même de l’accès au musée.
Pour de nombreuses parties de la population elle est souvent la raison d’entrer dans une institution culturelle pour un nombre croissant de primo-visiteurs. Présente dans bien des lieux de l’espace public, dans les médias et les réseaux sociaux, la mode fait partie des sujets qui intriguent et passionnent.
C’est dans cet esprit qu’a été imaginée la première grande exposition dédiée aux créations de Christian Louboutin, à Paris, au Palais de la Porte Dorée en 2020, et couvrant près de trente ans d’une activité prolifique, érudite et joyeuse. Plus qu’aucun autre lieu parisien le Palais de la Porte Dorée compte pour Christian Louboutin, le quartier où il a grandi, le musée qu’il a visité tout jeune, quand ce chef-d’œuvre absolu de l’Art déco accueillait alors les collections nationales des arts d’Afrique et d’Océanie.
Tout jeune, ce sont la beauté de cette architecture, le raffinement de son décor mais aussi la magie poétique et humaine des œuvres admirées, ouvrant l’imaginaire à la géographie du monde et à toutes les civilisations, qui ont marqué Christian Louboutin.
C’est aussi le lieu d’une initiation originelle, ce panneau signalétique d’interdiction de marcher avec des talons sur les sols précieux du musée, le premier soulier vu, revu, revisité, et à jamais le premier pas dans l’univers de la création.
Toute exposition est un défi : comment donner une idée du temps qui passe sans le figer, donner à voir l’effervescence du créateur sans l’aseptiser, comment donner à voir ce qui a constitué le réseau des inspirations et des amitiés si cruciales ?
C’est un parti pris généreux qu’a souhaité adopter Christian Louboutin, à son image, une fantaisie et une liberté étayées par une solide connaissance du monde, de l’art et de la mode, une traversée où inventivité, émotion et savoir-faire, goût du spectacle et sens de l’humour ne sont jamais dissociés. La place inédite qu’occupe Christian Louboutin dans le monde de la mode contemporaine tient aussi à ce que son travail s’enracine dans la culture populaire, au sens noble du terme.
Par métonymie, dans le cinéma, la musique, les Louboutins sont dorénavant les souliers par excellence, proches de tous les sexes, genres et origines, à travers la série des Nudes.
Enfant du Palace, Christian Louboutin a très tôt lié son travail et son nom à des figures rassembleuses et positives, sportives ou musicales, dont témoigne la photo devenue fameuse à la une du New York Post en mémoire d’Aretha Franklin : « Going in style, dressed in peace : Fire-red Louboutins, gold-plated coffin, three costume changes ».
Le Palais de la Porte Dorée
Vu par Christian Louboutin
Le Palais de la Porte Dorée est un lieu qui m’est très cher. J’ai grandi dans le 12e arrondissement, tout près d’ici. J’ai fréquenté les lycées Elisa Lemonnier et Paul Valery juste derrière le Palais, je passais des heures dans les cinémas de l’avenue Daumesnil qui diffusaient à l’époque des films indiens et égyptiens. Régulièrement les weekends j’allais rêver à l’Aquarium Tropical, envouté par les couleurs et la brillance des poissons tropicaux, et au Musée des Arts d’Afrique et d’Océanie.
J’ai toujours été fasciné par la beauté architecturale et la richesse ornementale du Palais de la Porte Dorée qui a joué un rôle fondateur dans ma vie. C’est ici que j’ai découvert pour la première fois la diversité des arts décoratifs et des arts appliqués. J’étais fasciné par la délicatesse et la monumentalité des bas-reliefs d’Alfred Auguste Janniot, par les fresques grandioses de Ducos de la Haille et par le mobilier de Ruhlmann et Printz. C’est aussi ici que j’ai vu pour la première fois un dessin représentant un soulier.
Je me suis imprégné de tous ces motifs – abstraits ou figuratifs – qui sont venus constituer un répertoire inconscient de formes, de couleurs, de textures qui n’a cessé d’influencer mon imaginaire. Nourri d’une passion pour les voyages – réels ou rêvés – mon univers se compose d’une juxtaposition de références empruntées aux arts et cultures du monde, à la scène, à la littérature ou au cinéma.
L’invitation du Palais à concevoir en ce lieu une exposition qui met en scène toutes ces inspirations a tout de suite fait sens pour moi. Olivier Gabet a imaginé ce moment dont il dit que c’est «une immersion qui présente les multiples facettes d’une expression protéiforme ». Il y a des moments incontournables parce que c’est aussi une partie de ma vie, mais c’est surtout un processus en perpétuelle évolution fait d’allers retours, de découvertes, de redécouvertes et – par-dessus tout – de rencontres.
Cette immersion met en scène ces rencontres précieuses qui ont jalonné mon parcours au travers de réalisations d’artisans aux savoir-faire uniques et de collaborations avec des artistes qui me sont chers.
L’exposition se clôture par un espace qui constitue tout à la fois mon « Musée Imaginaire » et un lieu de tous les possibles, ancré dans le présent et tourné vers l’avenir. On y retrouve des inspirations plus ou moins évidentes mais aussi, plus simplement, des œuvres auxquelles je tiens et qui m’accompagnent parfois depuis plusieurs décennies. Cette exposition est pour moi l’occasion de rendre hommage à ce Palais qui a vu naître ma vocation et qui n’a cessé de m’inspirer dès lors.
Le livre « Christian Louboutin, l’Exhibition[niste]
Textes d’Eric Reinhardt – Préface d’Olivier Gabet – Photographies de Jean-Vincent Simonet
Éric Reinhardt brosse un portrait intime du créateur, une plongée dans les innombrables sources d’inspiration de ses souliers emblématiques. Dans cet ouvrage, qui accompagne une exposition sans précédent au palais de la Porte-Dorée, Christian Louboutin révèle ses sources d’inspiration, son imaginaire, sa culture et son goût d’esthète pour l’art et les objets précieux ou insolites, ainsi que pour certaines personnalités du monde de l’art, de la mode et du spectacle, d’Oscar Niemeyer à Yves Saint Laurent et Tina Turner.
Des dessins originaux de Christian Louboutin accompagnent ces objets et œuvres d’arts, attestant de leur influence sur son travail. Toutes ces pièces proviennent des musées internationaux les plus prestigieux, de collections privées ou des maisons de Christian Louboutin.
Olivier Gabet, commissaire de l’exposition, les a réunies à partir d’échanges avec ce dernier. Les photographies incandescentes de Jean-Vincent Simonet, spécialement réalisées pour ce livre, traduisent la charge sensuelle et électrique des créations de Christian Louboutin.
Au gré d’une conversation ludique et érudite avec l’écrivain Éric Reinhardt, qui signe aussi la direction éditoriale et artistique de cet ouvrage, le lecteur parcourt le cabinet de curiosité du créateur, pénètre son intimité et découvre le talent et la pensée sans cesse étonnante de l’homme qui se tient depuis plus de vingt ans derrière les célébrissimes semelles rouges.
Exposition Christian Louboutin, l’exhibition[niste] au Palais de la Porte Dorée – Paris XIIe – Du 26 février au 26 juillet 2020