Alors que pleuvent les soutiens pour Charlie, que certains parlent d’unité « retrouvée », je ne peux que m’interroger sur le sens profond de ce qui arrive …
Faut-il 12 morts pour faire l’unité des peuples ! Non, pour moi, c’est trop cher payé. Car cette unité (qui n’est en fait que la somme des peurs de chacun) me paraît bien éphémère … non par pessimisme mais par rigueur intellectuelle. Nous sommes dominés par une culture « fugace » des émotions vives pour ne pas dire de shoot (émoi, émoi, émoi…), qu’elles soient positives (plus de plaisirs intenses, toujours plus) ou négatives (on ne réagit qu’aux séismes, aux catastrophes).
Wundt disait c’est de la peur que naquirent les Dieux. Depuis des années et en 2015 c’est de la peur que naissent les rassemblements, des simulacres de l’unité !
N’en déplaisent à certains, de quoi parlons-nous ? De quelle liberté, de quelle unité ?
La liberté c’est un prix cher à payer ; elle demande beaucoup de courage, d’intégrité, de sacrifices. Il faut avoir le courage de ses idées, de ses paroles … il faut surtout mettre tout cela en syntonie avec ses actes. Mais il faut aussi accepter de passer souvent pour un fou, se faire rejeter car différent. C’est ça la liberté ! C’est dur ! Ce n’est pas de la guimauve. Je pense que l’équipe de Charlie et Charb le savaient mieux que personne. Car leur magazine « crevait » et tout le monde s’en foutait…
Quid de l’unité ? Elle n’a encore jamais existé dans notre histoire, les religions, la morale, et l’économie libéralisme ont tous échoué dans ce domaine. Reste pour moi la poétique mais « personne n’en veut » ! Ce n’est donc pas une semaine ni une marche « émotionnelle » qui changeront les choses. Un volcan d’émotions (peurs) et puis pfft… ce sera fini … Il est grand temps de s’interroger sur ce qui peut tous nous réunir ! Il est temps de quitter le continent des émotions pour prendre le courant de la conscience et de tous ses affluents : générosité, courage, solidarité. Il est temps d’accepter le droit à la différence, le droit à l’opacité pour créer une unité « immunisée ». Il est temps de sortir de la barbarie. Il est de temps de voir la vérité en face – la précarisation, la pauvreté relative,…
Après des nuits de troubles intenses …dans une grande pensée du tremblement. Je lance un appel à un réveil des consciences (bien loin des sens en émoi … )
Je vous invite à une longue marche intérieure pour aller chercher aux plus profond le vrai sens des valeurs humaines. Cela va prendre des jours, des années et plus.
Mais là, votre marche élévatrice sera un véritable hymne à Charlie, une ode à la liberté des peuples. Car nous sommes tous responsables ! Nous sommes tous coupables de cette situation.
Je vous invite ainsi à réfléchir à un principe universel tellement simple mais juste : « D’ABORD NE PAS FAIRE MAL ».
C’est un état d’esprit «co-immunitaire », une attitude première réflexive : un système immunitaire qui doit être une extension globale de la conscience (à l’échelle du cosmos et de l’espèce humaine,) pour contrôler notre évolution et nous-mêmes (donner du sens à nos idées et valeurs) . Nous devons nous réapproprier les ressorts de notre monde et etre responsables de notre avenir …
Il faut pour cela s’immuniser contre toutes formes d’intégrisme, de fanatisme, d’élitisme, d’exclusions qui sont des freins à l’humanité … On est loin d’être sorti de la barbarie …
Si vous parlez de liberté, d’abord vous ne devez pas faire mal. Je vous parle donc ici d’une écologie généralisée, celle de l’esprit : c’est une sagesse monde citoyenne (écosophie, Ubuntu) où les valeurs sans orgueil d’altruisme, d’empathie, d’humanologues (vs humanisme) et les idéaux de coopération trouvent leur place ici.
C’est être Ubuntu (Je suis ce que je suis grâce à ce que nous sommes tous ) eco-ethologue : mon être dépend du monde / des êtres dans lequel je suis …
Cela passe par une philosophie de la réconciliation, de la réciprocité culturelle …il faut ainsi privilégier l’identité-rhizome dont l’extension va du Je à l’autre, d’autrui à Moi :
« Naître au monde, c’est concevoir (vivre) enfin le monde comme relation : comme nécessité composée, réaction consentie. » Edouard Glissant.
C’est à cette condition qu’un jour la vraie force et la beauté de la multitude « des milliards et une conscience » irradiera le monde entier dans une diaphanie extraordinaire …
Oh Charlie je me sens tellement coupable ! Mes condoléances « vraies » aux familles, à l’humanité …
Maryline Passini