La Déva des abeilles – Les enseignements de la ruche, de Sandira Belia – Edition Le Souffle d’or, 13 octobre 2020 – 224 pages
Petite fée pollinisatrice à six pattes, humble et discrète, sa ferveur fascine et sa sagesse intrigue. Son chant mystérieux déclenche en l’être humain une résonance toute particulière qui s’étend au-delà du mental et de l’émotionnel, une sorte de résonance de l’âme. Ce livre est un point de rencontre entre écologie, art, science et philosophie. Son rôle est de relier les mondes.
Durant les huit dernières années, l’auteure est entrée en communication avec la Déva des abeilles, appellation poétique de la conscience collective de l’Abeille. Les informations qu’elle lui transmet lui apparaissent sous différentes formes. Parfois ce sont des idées plus ou moins formulées, parfois les messages sont visuels, en couleurs, en formes et en impressions. Elle collecte et compile ces informations et s’applique à les transcrire en mots, en phrases et en paragraphes, telle une interprète traduisant des passages du Livre de la Nature en langage humain.
Une bonne partie de l’humanité commence à prendre conscience que nous faisons partie d’un Tout, que notre planète est un être vivant dont nous sommes les cellules, toutes interconnectées. L’abeille est un emblème de cet élargissement de perspective.
Chaque chapitre commence par le récit d’une expérience personnelle, vécue en compagnie des abeilles. Viennent ensuite des parties d’explications techniques ou théoriques, qui apportent des enseignements détaillés sur les différents aspects de la vie de la ruche. Le texte est ponctué de sections intitulées « La Voix de l’Abeille », dans lesquelles la Déva des abeilles présente son univers de manière insolite. Tout au long du livre, le lecteur est guidé dans un voyage de plus en plus intime au cœur de la ruche, et au cœur de lui-même.
Extrait
Leçon d’humilité
C’est le premier jour de soleil après une longue période pluvieuse, journée parfaite pour ma visite de printemps.
Je passe dire bonjour à chacune des ruches dont je prends soin, situées dans plusieurs éco lieux du coin. Je les sous pèse une à une pour évaluer leurs forces, ressens l’énergie et la vitalité qu’elles émanent, et retire les réducteurs d’entrée.
Mon tour est presque terminé. Lorsque je m’approche de la dernière ruche, sur la terrasse qui surplombe le grand Lac Sud de Tamera, je sens qu’elle vibre d’une manière presque palpable. Un bourdonnement inhabituel, dense et exalté, m’indique qu’il se passe quelque chose de spécial. Je m’assois à son côté, curieuse. Je retire délicatement le réducteur d’entrée et là… Whuffff !, un flot d’abeilles jaillit de la ruche comme une fontaine d’abondance ! La ruche essaime sous mes yeux éblouis, quelle synchronicité !
C’est la première fois que j’ai l’honneur de voir sortir un essaim du ventre de sa mère. Je m’allonge sur le dos, fascinée par les motifs formés par les abeilles en vol. Et dire que l’une d’entre elles, juste une, est la mère de toutes les autres… Multitude atomisée, ce nuage la protège comme un énorme cocon. Au cœur de cette foule en liesse, elle est invisible, intouchable. Chaque abeille semble parfaitement consciente de sa position et de celle de ses congénères, comme si leurs rapides déplacements étaient précisément régulés par une intelligence collective. Lorsque je plisse les paupières et laisse mes yeux se perdre dans le flou, des formes géométriques aux proportions parfaites dessinent un mandala sur le fond bleu du ciel. Cette mosaïque rappelle le cœur d’un tournesol, dont la vibrance donne le vertige lorsqu’on y plonge… Soudain, comme si chaque abeille avait entendu un signal inaudible à mon oreille, la masse en vol se déplace vers le nord comme un seul corps. La bulle éthérée glisse dans les airs comme un serpent ailé, aux mouvements gracieux et coordonnés.
La Voix de l’Abeille
« Le Venin est notre feu sacré. C’est la plus puissante de nos médecines. Le Venin est tranchant comme le glaive et doux comme le rêve… Du venin est instillé en quantités micro dosées dans le miel et le pollen, participant à leur processus d’alchémisation. Lorsque nous les consommons, la Déva du Venin avive notre immunité, notre franchise et notre discernement. En même temps, il stimule notre habilité à voyager entre les mondes et nous rappelle à chaque instant à notre raison d’être.
La Déva du Venin est guérisseuse et initiatrice. Le Venin est une substance immunostimulante et psychoactive qui éperonne l’expansion de la conscience. Lorsque le Venin s’offre à vous, chers humains, sachez le recevoir avec confiance et respect. Nous ne cherchons jamais à nuire, toujours à servir. Toute piqûre, quelqu’en soit l’effet, est une opportunité d’apprentissage. (…)
Le Venin stimule les capacités d’auto-guérison du corps : il l’aide à mobiliser ses propres ressources pour faire face au déséquilibre et rétablir l’homéostasie. Sa médecine s’adapte aux besoins de l’organisme avec lequel elle entre en contact. Si le dysfonctionnement réside dans une accumulation d’énergie bloquée, le feu du Venin perce la poche en stagnation, brûle l’énergie obsolète, et aide l’organisme à remettre son système en route.
Selon l’attitude et les mémoires transportées par le récepteur, le Venin en injection directe peut provoquer temporairement une inflammation physique ou nerveuse, mais au-delà de l’acuité de son feu, il invite au calme et au recentrage. »
Sandira Belia est née d’une mère apicultrice en Bretagne et a baigné dès l’enfance dans le chant des abeilles. L’auteure a étudié l’éducation à l’environnement et la valorisation du patrimoine, en France et au Québec. Elle réside aujourd’hui au Portugal, où elle offre des formations et des conférences régulières sur l’approche holistique des abeilles. Elle est co-fondatrice du réseau international Beewisdom, qui relie des personnes et projets s’intéressant à l’abeille de manière non-productiviste.