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Le problème est des plus sérieux. Une pandémie mondiale pourrait éclater à tout moment. Elle serait susceptible d’anéantir une grande partie de la vie humaine sur la planète. Cette vision apocalyptique n’est pas celle d’un huluberlu ou d’un scénariste hollywoodien à l’imagination débridée. Non, c’est le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui vient de l’annoncer au sommet mondial des gouvernements qui se tient actuellement à Dubaï.
Tedros Adhanom, le directeur général de l’OMS a pris la parole hier 12 février devant un parterre de choix : celui du sommet des gouvernements qui se tient à Dubaï. Dans un silence glacial, il annonce que l’apocalypse n’a jamais été aussi proche. « Il ne s’agit pas d’un scénario cauchemardesque du futur » dit-il. « C’est ce qui s’est passé il y a exactement cent ans pendant l’épidémie de grippe espagnole ».
Sur un ton terriblement grave il poursuit : « Une épidémie dévastatrice pourrait commencer dans n’importe quel pays à tout moment et tuer des millions de personnes parce que nous ne sommes pas encore prêts. Le monde reste vulnérable. »
Que doit-on craindre, quelle serait la cause d’une telle vulnérabilité alors qu’on nous annonce chaque jour des progrès scientifiques et médicaux comme jamais le monde n’en a connu ? Serait-ce une épidémie d’Ébola non maîtrisée ? Ou bien la rage qui revient dans certains pays ? Ou le sida qui reprendrait des forces ?
Pas du tout. La menace d’une pandémie mondiale, qui ferait au bas mot une centaine de millions de morts, vient de notre apathie. Notre refus de nous sauver. Un refus provoqué par notre indifférence et notre cupidité.
Vous semblez soudain rassuré. La menace ne vient pas d’une petite bestiole qui pourrait nous vouloir du mal. Si la menace vient de nous, cela parait moins grave. Ce directeur général nous a fait peur.
Le Dr Tedros Adhanom, directeur général de l’OMS
Mais le Dr Tedros Adhanom poursuit : « La couverture maladie universelle est la plus grande menace pour la santé mondiale ». Le responsable de l’OMS insiste : alors que la couverture maladie universelle est à la portée de presque tous les pays du monde, « 3,5 milliards de personnes n’ont toujours pas accès aux services de santé essentiels. » Un terrien sur deux ne se soigne pas.
Le chiffre fait frémir mais sa réalité ne recouvre pas seulement une question « humanitaire ». Quand les gens ne vont pas chez le docteur, parce qu’ils n’en ont pas les moyens, ils ne prennent pas de traitements quand ils sont malades. Ils meurent. C’est tragique mais les conséquences le sont encore plus. En effet l’orateur lance devant un auditoire tétanisé : « Les premiers signes d’une épidémie sont manqués ».
Déjà, des maladies que l’on croyait oubliées reviennent : à Madagascar, des cas de peste pneumonique, la plus virulente car elle se propage par un simple éternuement, a fait en août dernier une centaine de victimes. En Ouganda, une épidémie du virus mortel de Marburg provoquant des fièvres hémorragiques hautement infectieuses a contaminé des centaines de personnes.
Dès lors, le scénario est connu : propagation fulgurante sur la planète, favorisée par les déplacements, la mondialisation, les migrations, le tourisme …
Les agences de santé publique, où que ce soit dans le monde, n’ont qu’un moyen de protection : la surveillance, pour pouvoir anticiper et prévenir les risques. Pour cela, il leur faut des moyens. Or les gouvernements renâclent de plus en plus. L’exemple le plus symptomatique vient des Etats-Unis où l’administration Trump a décidé de réduire de 80 % les programmes de prévention des épidémies qui sont du ressort des CDC (Centers for Deseases Control). Selon le Washington Post, les programmes de prévention des maladies infectieuses comme Ébola ont été réduits dans 39 des 49 pays où l’épidémie s’est déclarée.
L’argent est le nerf de la guerre contre les pandémies. Or trop souvent, les États considèrent la santé comme un coût et non comme un investissement.
Pour l’OMS, nul ne sait où et quand se produira la prochaine pandémie mondiale. Mais Tedros Adhanom alerte avec force : « Ce que nous savons, c’est qu’elle aura des conséquences désastreuses tant sur la vie humaine que sur l’économie ». Certes, rien ne peut nous garantir qu’il n’y aura jamais d’épidémie. Le risque zéro en la matière n’existe pas. Mais nous pouvons mettre en œuvre les moyens d’éviter que ce soit les agents pathogènes qui prennent le contrôle. Nous le devons.
Sources : Futurism, Washington Post
Image d’en-tête : le virus Ebola
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