Vin et biodynamie, une philosophie de vie – Rencontre avec des vignerons engagés, sous la direction de Pierre Guigui – Editions Apogée, collection « Le Savoir boire », septembre 2020 – 132 pages
Rudolf Steiner, initiateur de la biodynamie, déchaine les passions. Il est tour à tour adulé et diabolisé. Mais connaît-on vraiment son histoire, le contexte idéologique et philoso-phique de son époque ? Quelles étaient ses sources d’inspiration et quels étaient les fondements de sa pensée ?
Véritable père de l’agriculture biologique, il propose une vision holistique des modes de production agricoles qui s’oppose à l’exploitation intensive et à l’industrialisation de nos ressources. Il replace l’homme au cœur de la connaissance du vivant en tant que paysan penseur, posant ses gestes en pleine conscience et ayant conscience des conséquences de ses gestes.
« Un nouveau livre sur la viticulture biodynamique va-t-on dire. Oui, mais celui-ci a plusieurs particularités qui le rendent tellement intéressant. Tout d’abord, il cherche à expliquer, plutôt que de convaincre, en laissant le lecteur libre de se faire son propre avis. Cette démarche de liberté individuelle est fondamentale en biodynamie. Ensuite, l’ouvrage laisse parler les viticulteurs eux-mêmes. »
Cet ouvrage, qui laisse une belle place aux témoignages de vignerons de talent ayant choisi la biodynamie, explique pourquoi ces derniers produisent des vins qui ont un supplément d’âme que tous les professionnels reconnaissent. Car avant d’être une méthode, la biodynamie est une philosophie de vie et, au-delà des idéologies et des dogmes, force est de constater que cela marche.
« Ce livre est aussi une approche salutogénique du vivant, c’est-à-dire qu’on renforce la santé au lieu de combattre la maladie. Une démarche urgence à une époque où la situation – toxique – de notre planète montre qu’on ne peut pas continuer impunément de détruire tout ce qui nous gêne avec des herbicides, insecticides et autres fongicides, sans courir le risque d’y laisser notre peau. Un changement d’approche radical est indispensable ! »
Dans son livre « Le cours aux agriculteurs », Rudolf Steiner dénonce, dès 1924, une agriculture et donc aussi une viticulture sous l’influence de conceptions matérialistes qui l’éloignent de son rôle essentiel, à savoir : produire une alimentation saine, en harmonie avec son écosystème pour nourrir l’humanité. Il devine déjà la catastrophe d’un dévoiement économique, destructeur du rapport au monde que l’homme entretiendrait avec la nature, si l’agriculture s’éloignait irrémédiablement du vivant.
Pierre Guigui, directeur de la collection Le savoir boire, est journaliste, auteur d’une quinzaine d’ouvrages sur le vin. Il est co-fondateur de l’association pour la reconnaissance des vins bretons, directeur du Concours international des vins biologiques et du salon Buvons Terroirs. Il est également chroniqueur à Invino Sud radio.