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arts et cultures

Joana Vasconcelos : Exagérer pour inventer

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Le centre d’art du Département du Var dédie l’ensemble de ses espaces à l’artiste d’envergure internationale Joana Vasconcelos. Après le Château de Versailles en 2012, le Pavillon du Portugal de la biennale de Venise en 2013, le Palazzo Grassi en 2015 et le Guggenheim de Bilbao à partir du 30 juin, c’est à Toulon que l’artiste d’origine portugaise a choisi d’installer ses étonnantes créations, dont une toute nouvelle « Valquíria » produite spécifiquement pour l’exposition, jusqu’au 18 novembre 2018.
 
Joana Vasconcelos travaille avec des objets de tous les jours et des traditions artisanales portugaises comme les carreaux, la céramique, le tissu, la broderie et le crochet, avec de somptueuses explosions de couleurs et de matériaux. Partant d’ingénieuses opérations de déplacement, qui ont pu évoquer les ready-made et les pratiques du Nouveau Réalisme, l’artiste offre une vision complice, mais aussi critique de la société contemporaine. Elle évoque, toujours avec distanciation, le statut de la femme ou l’identité nationale.
 
L’Hôtel Départemental des Arts, centre d’art du Var (HDA Var) a souhaité, depuis plusieurs années déjà, construire une réflexion artistique sur les mutations de la société contemporaine. Ainsi, la question des rapports entre la modernité et l’identité a mobilisé l’attention et l’action du centre d’art de façon particulière.
A travers le travail du dessinateur Moebius, l’HDA Var a cherché à explorer la relation de l’homme moderne avec la métaphysique ; grâce à la collection photographique de Florence et Damien Bachelot il a pu approcher la complexité de l’intimité que nous entretenons avec la ville contemporaine. Alain Fleischer nous a pour sa part confrontés aux profonds changements de statut de l’image dans les sociétés actuelles.
 
Joana Vasconcelos nous plonge, comme peu d’artistes d’aujourd’hui, dans les entrelacements entre modernité et tradition, mythologie et matérialisme, artisanat et art. Il est peu dire que la féminité se place au centre de son travail. Peu d’œuvres n’échappent à son regard ironique et grinçant sur la place de la femme dans le monde contemporain.
Si les valkyries, qui peuplent ses créations, nous renvoient à la mythologie de la femme guerrière, « Fashion Victims » ou « Style for Your Hair » portent une vision plus distanciée, loin des stéréotypes ou des discours normatifs.
De même, l’intime dialogue entre l’artisanat portugais, à qui l’artiste rend un hommage permanent, et l’art semble enfin offrir un chemin fécond à la difficile confrontation entre ces deux mondes, si souvent opposés et ici réconciliés.
 
Détail de la nouvelle Valkyrie, © jcLett

 
Mais sous cette première approche, apparaît rapidement la violence de la condition humaine ainsi que l’ambiguïté de notre rapport à l’animalité. Dans le même temps, Joana Vasconcelos s’interroge sur la vacuité de nos tentatives pour nous protéger de la violence dont nous sommes nous-mêmes les auteurs.
Ainsi sous un angle baroque et spectaculaire, Joana Vasconcelos nous propose un abord complexe de l’homme dans le monde contemporain. Elle trace également le chemin d’une alternative au lissage aussi bien des esthétiques que des modes de vie.
 
En faisant appel à Jean François Chougnet, avec qui Joana Vasconcelos a souvent collaboré, aussi bien à la Biennale de Venise qu’au Château de Versailles, l’HDA Var a souhaité proposer le regard d’un commissaire d’exposition exigeant et complice qui se place dans un compagnonnage au long cours.
D’autre part, afin de présenter cet exceptionnel travail aux jeunes varois, le Département du Var et l’Éducation nationale mettent à la disposition des collèges, depuis plus d’un an, une malle pédagogique créée par Joana Vasconcelos. Cette initiative a ainsi a permis à plusieurs centaines d’enfants d’approcher l’œuvre de l’artiste et ainsi préparer leur visite à l’HDA Var. Il y a peu d’occasions, dans la vie d’une institution muséale, de pouvoir préparer la réception d’une exposition dans de telles conditions.
Cette exposition a pu ainsi s’inscrire de façon exemplaire aussi bien dans le projet artistique de l’HDA Var que de la politique culturelle du Département.
 

« Exagérer pour inventer »

L’exposition propose de plonger le visiteur dans l’univers de cette immense artiste qui ne cesse d’interroger, non sans ironie et fantaisie, le féminin, dans sa dimension sociale et politique. Le commissaire précise : « Le sous-titre « Exagérer pour inventer » est une sorte de manifeste : c’est par l’exagération des formes, que l’art d’aujourd’hui retrouve son inventivité. La nature du processus créatif de Joana Vasconcelos est fondée sur l’appropriation, la dé-contextualisation et la subversion des objets préexistants. Ses sculptures et installations, révélatrices d’un vrai sens des proportions et de la couleur, défient les pesanteurs du quotidien. »
Pour cette nouvelle proposition, l’artiste a choisi d’envahir les espaces avec une « Valquíria » [Valkyrie] inédite, produite par l’HDA Var. Cette nouvelle pièce s’inscrit dans la série des Valquirias que Joana Vasconcelos a développé ces dernières années, et qui prennent la forme de créatures textiles proliférantes, comme celle que l’on a pu découvrir en 2016 à l’ARoS Aarhus Art Museum au Danemark.
 
L’exposition à Toulon présentera également plus de vingt œuvres importantes conçues par l’artiste ces dernières années, parmi lesquelles un choix d’œuvres iconiques comme celles réalisées à partir des modèles animaliers du grand artiste portugais Rafael Bordalo Pinheiro, recouvertes de crochet. Les créations textiles sont également à l’honneur avec Big Booby, ainsi que des pièces incorporant les azulejos, ces carreaux de faïence portugais qui ornent palais et maisons ou encore les carreaux de la fabrique traditionnelle Viúva Lamego.
 
« Neoblanc », 2004, séchoir à linge en métal et en PVC, système électrique, prises électriques, veilleuses, lampes fluorescentes. Collection de l’artiste © Unidade Infinita Projectos – ADAGP, Paris 2018.

 
L’exposition reviendra sur des pièces plus anciennes et peu présentées dans les dernières grandes expositions consacrées à l’artiste comme Bundex Car (2002), Neoblanc (2002), Euro-Visão [Euro-vision] (2005) et Passerelle (2006) à l’ironie grinçante. Sera également réalisée pour l’HDA Var une nouvelle version d’une pièce ancienne Fashion Victim.
 
Toutes ont en commun d’offrir au visiteur la possibilité de regarder le quotidien autrement et, ainsi de le transcender, tant chacune d’elle l’invite à plonger dans un monde alternatif, qu’il soit dérangeant, ludique ou enchanté.
 
Joana Vasconcelos, repères biographiques 
 
Joana Vasconcelos (née à Paris en 1971) vit et travaille à Lisbonne. Elle expose régulièrement depuis le milieu des années 1990. Remarquée pour sa participation à la 51ème Biennale de Venise en 2005, avec la Noiva (la mariée), ce grand lustre de cinq mètres composé de tampons hygiéniques, elle présente depuis lors ses travaux à l’échelle internationale. Sa première rétrospective a été organisée en 2010 au Museu Coleção Berardo, à Lisbonne (2010). On peut rappeler dans les récentes invitations qui lui ont été faites, l’exposition collective The World Belongs to You au Palazzo Grassi/Fondation François Pinault, à Venise (2011) ou son projet Trafaria Praia pour le Pavillon du Portugal à la 55ème Biennale de Venise (2013).
 
En France, elle est la première femme invitée à imaginer une exposition au Château de Versailles du 19 juin au 30 septembre 2012, succédant à Jeff Koons, Xavier Veilhan, et Takashi Murakami.
Elle a présenté des expositions personnelles dans des institutions telles que ARoS d’Aarhus au Danemark (2016), au Museo Thyssen-Bornemisza, Madrid (2015), au Waddesdon Manor -The Rothschild Foundation, Buckinghamshire, Royaume-Uni (2015), à la Manchester Art Gallery (2014) au Tel Aviv Museum of Art (2013), au Palácio Nacional da Ajuda, Lisbonne (2013). Elle présente du 29 juin au 11 novembre 2018 une exposition personnelle au Guggenheim Museum de Bilbao (I‘m your mirror), ainsi qu’une exposition à partir d’octobre 2018 au Musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg (I want to break free).
 
Son travail est conservé par de nombreuses collections publiques et privées, parmi lesquelles en France le Domaine Pommery, le FRAC Bourgogne, la Fondation Louis Vuitton pour la création et la Collection Pinault. Des œuvres de l’artiste ont été commandées pour l’espace public, en particulier à Nice (station Ferber) et à Paris (Porte de Clignancourt), dans les deux cas dans le cadre de l’extension des lignes de tramway et seront réalisées en 2018.
 
Commissaire d’exposition : Jean-François Chougnet
 
Exposition Joana Vasconcelos à l’Hôtel départemental des Arts du Var – 236 Boulevard Maréchal Leclerc – 83000 – Toulon – Jusqu’au 18 novembre

                 
Photo d’entête : « Aquarela », 2014, Azulejos Viùva Lamego, crochet en laine fait à la main, ornements, polyester, MDF, fer, collection de l’artiste © Unidade Infinita Projectos – ADAGP, Paris 2018.
 

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