La fabrique des pandémies – Préserver la biodiversité, un impératif pour la santé planétaire, de Marie-Monique Robin. Avec la collaboration de Serge Morand – Editions La Découverte, 4 février 2021 – 343 pages
Qui ne connaît pas Marie-Monique Robin ? Journaliste et réalisatrice, lauréate du prix Albert-Londres (1995), auteure de nombreux ouvrages (1) et documentaires, elle poursuit à travers ce nouveau livre la recherche de la vérité, avec une nouvelle enquête mettant en évidence les liens entre destruction de la biodiversité et émergence de maladies infectieuses.
À partir notamment d’entretiens inédits avec une trentaine de chercheurs, elle montre que le meilleur antidote aux pandémies est la préservation de la biodiversité, au cœur de la notion de « santé planétaire » élaborée par les scientifiques et les organisations internationales : une conception globale de la santé, pour les hommes, les animaux et les écosystèmes.
« Un livre salutaire » selon Serge Morand (2) qui signe la préface, en démontrant qu’il s’agit là « d’un appel pour fonder une social-écologie de la santé et du bien-vivre ensemble.«
« Voir un lien entre la pollution de l’air, la biodiversité et la covid-19 relève du surréalisme, pas de la science ! », affirmait Luc Ferry (3), dans un article de presse le 30 mars 2020, accusant les écologistes de « récupération politique ». Voilà un philosophe bien mal informé. Car depuis les années 2000, des centaines de scientifiques internationaux tirent la sonnette d’alarme : les activités humaines, en précipitant l’effondrement de la biodiversité, ont créé les conditions d’une « épidémie de pandémies ».
C’est ce que montre cet essai, mobilisant de nombreux travaux et des entretiens inédits avec plus de soixante chercheurs du monde entier. Comme démontré dans le livre, les questions s’accumulent sur l’origine du virus et pourtant, « on connaissait depuis longtemps les risques sanitaires liés à l’élevage industriel comme source majeure de sélection et d’amplification d’agents pathogènes à potentiel pandémique« .
En apportant enfin une vision d’ensemble, accessible à tous, Marie-Monique Robin contribue à dissiper le grand aveuglement collectif qui empêchait d’agir. Le constat est sans appel : la destruction des écosystèmes par la déforestation, l’urbanisation, l’agriculture industrielle et la globalisation économique menace directement la santé planétaire.
Cette destruction est à l’origine des « zoonoses », transmises par des animaux aux humains : d’Ébola à la covid-19, elles font partie des « nouvelles maladies émergentes » qui se multiplient, par des mécanismes clairement expliqués dans ce livre. Où on verra aussi comment, si rien n’est fait, d’autres pandémies, pires encore, suivront. Et pourquoi, plutôt que la course vaine aux vaccins ou le confinement chronique de la population, le seul antidote est la préservation de la biodiversité, impliquant d’en finir avec l’emprise délétère du modèle économique dominant sur les écosystèmes.
(1) Auteure de nombreux documentaires et ouvrages, dont Le Monde selon Monsanto (2008) et Le Roundup face à ses juges (2017) aux Editions La Découverte.
(2) Serge Morand, chercheur au CNRS et au CIRAD, travaille au Centre d’infectiologie Christophe-Mérieux du Laos. Écologue évolutionniste et parasitologue de terrain, il est notamment l’auteur de L’Homme, la faune sauvage et la peste (Fayard, 2020).
(3) Auteur du pamphlet « Le Nouvel Ordre écologique. L’arbre, l’animal et l’homme » – Edition Grasset, 1992