À l’invitation de la Fondation Groupe EDF, les artistes Fabrice Hyber et Nathalie Talec ont imaginé une traversée des émotions. Un projet commun d’exposition immersive autour de sensations partagées, de déambulations singulières, d’expériences multiples, d’expérimentations poétiques et mentales, constamment renouvelées « Coup de foudre » est une exposition-œuvre totale, intense et brève, sidérée et durable dans ses effets, où le visiteur devient non plus le simple spectateur des choses, mais le protagoniste de nouvelles histoires à vivre, d’une infinité de possibles, de comportements et de désirs, offertes par un dispositif artistique englobant l’ensemble des 500 m2 de la Fondation. Peintures, costumes, dessins, projections ou encore mobilier ponctuent un parcours pensé par les deux artistes : du « Chassé-croisé » au sous-sol à « L’extase » au premier étage, en passant par « La rencontre » au rez-de chaussée introduite par une salle de bal, l’exposition est conçue pour favoriser des coups de foudre…
Pour le temps de l’exposition Coup de foudre, Fabrice Hyber et Nathalie Talec, dont les parcours se sont souvent croisés, ont choisi d’associer et de mettre en connivence leurs univers différents, leur savoir-faire, leur intérêt réciproque pour tous les domaines du savoir et des sciences cognitives, leurs expériences esthétiques, leur goût pour la multiplicité des pratiques ainsi que leur propre position dans le monde de l’art et dans notre société contemporaine. Coup de foudre est le lieu des affinités électives, destiné à tous les publics, toutes générations confondues, qui transforme deux individualités en un nom commun conjoint : HyberTalec. Exposition duo à quatre mains, celle-ci invite le visiteur à la vivre et à la suivre comme un joyeux et tragique « cadavre exquis », fait de réactions en chaîne, de mouvements entremêlés d’émotions, de reprises d’expériences, d’agglutinements de formes, d’objets et de costumes, de récits passagers et d’actions performatives.
Fabrice Hyber et Nathalie Talec ont conçu un dispositif convivial et vivant, ouvert à la surprise, à l’inattendu et aux métamorphoses, destiné à provoquer, à combiner, à additionner chez les visiteurs toutes sortes d’émotions : l’étonnement, le choc, le plaisir, la peur, la joie, le désagréable et l’agréable, le coup de foudre… Autant de propositions et d’espaces à tester par le visiteur qui se verra invité à expérimenter et à utiliser toutes sortes d’objets mis à sa disposition, à endosser ou à essayer toutes sortes de costumes, puis à déambuler, sans contrainte, vêtu d’une nouvelle apparence, bouts de personnages des deux artistes eux-mêmes, dans l’ensemble des espaces de la Fondation, du sous-sol au premier étage.
Fabrice Hyber et Nathalie Talec ont « vidé », quasiment « déshabillé » les espaces intérieurs de la Fondation Groupe EDF, créant des déambulations et des pauses, structurant leur scénographie en trois moments d’émotions : « Chassé-croisé » au sous-sol, « La rencontre » au rez-de chaussée, et « L’extase » au premier étage. Ils ont totalement joué avec l’architecture XIXe siècle du bâtiment qu’ils voient comme une salle de bal d’autrefois où les gens de tous les milieux sociaux se rencontraient, se croisaient, esquissaient des débuts de sentiments…
Le visiteur entrera dans l’espace d’exposition comme dans une salle de bal, avec plancher verni, chaises, bancs. Un rez-de chaussée aux allures de dance floor entouré de « cabines d’essayage » (ou « cabinets d’émotions ») où le visiteur pourra commencer à découvrir costumes et vêtements, prêts à être testés ou portés, à jouer leur rôle de déclencheur de sensations, de désirs et d’émotions. Si au sous-sol, le visiteur, au cours de sa déambulation, pourra croiser, dans un jeu de cache-cache de disparition/apparition, les avatars des deux artistes projetés en 3D entre les couloirs et les portes, il expérimentera, contemplera, à l’étage de « L’extase », les grands tableaux réalisés par Fabrice Hyber et Nathalie Talec sous forme des « cadavres exquis » et qui recouvreront progressivement tous les murs. L’exposition Coup de foudre se métamorphosera au contact de tous les scénarios possibles, et se développera pendant toute sa durée, en un véritable « pavillon de sidération », à tous les étages, à la fois pour les artistes et les visiteurs.
De formation scientifique avant d’entrer à l’École des Beaux-Arts de Nantes, Fabrice Hyber conçoit son œuvre sous la forme d’un gigantesque rhizome. À partir de la pratique du dessin et de la peinture, il investit tous les modes d’expression et diffuse son travail d’un médium à l’autre. Fasciné par le mode de fonctionnement viral, ses peintures voient se déployer des formes cellulaires, des arbres aux multiples ramifications, des êtres hybrides suggérant un recyclage infini. La dimension ludique irrige également tout le travail de Fabrice Hyber, notamment dans ses célèbres POF (Prototypes d’Objets en Fonctionnement). Il développe, dès la fin des années 1980, le terme et la notion d’artiste-entrepreneur, et crée en 1994 Unlimited Responsibility, UR, sarl destinée à favoriser la production et les échanges de projets entre artistes et entrepreneurs.
Dans cette même perspective de générer de nouveaux comportements, il initie en 2012 avec l’Institut Pasteur le projet « Organoïde » qui met en relation chercheurs et artistes, afin de proposer au grand public une nouvelle vision de la recherche biomédicale et ses enjeux. Il poursuit aujourd’hui ce même engagement avec le programme de formation « Les réalisateurs », mené en collaboration avec des écoles d’art et de commerce, à Paris, Nantes et Rabat pour amener de jeunes artistes à trouver de nouveaux moyens de production.
En 1991, Fabrice Hyber réalise le plus gros savon du monde (Traduction), puis ses Hommes de Bessines essaiment de par le monde. En 1995, il transforme le musée d’Art moderne de la Ville de Paris en Hybermarché et, en 1997, reçoit le Lion d’or pour avoir fait du Pavillon français, à la Biennale de Venise, un studio d’enregistrement et de diffusion d’émissions télévisées. En 2002-2006, il crée L’Artère – le jardin des dessins, dans le Parc de La Villette, œuvre pérenne créée à la demande du Sidaction. En 2012-2013, il expose au Palais de Tokyo (Matières premières), à la Fondation Maeght (Essentiel, peintures homéopathiques) et au MAC/VAL, musée d’Art contemporain de Vitry-sur-Seine (Prototypes d’objets en fonctionnement).
En 2015, première rétrospective de 500 tableaux au CRAC Sète, et en 2017, création du trophée du prix Marcel Duchamp. En 2018, il réalise la verrière du Lutétia, à Paris, Les 2 chênes du « Beaupassage », et Ted Hyber-Coool, sculpture extérieure pour la gare d’Osaka, au Japon.
Depuis les débuts de sa carrière, Nathalie Talec s’attache à des formes infimes et fragmentaires de réappropriation d’objets, d’éléments naturels, de métaphores traditionelles, d’hydrations, dans une diversité des techniques, des pratiques, des modes d’expression : peinture, aquarelle, sculpture, objets décoratifs, vidéos, installations, performances. Le travail de Nathalie Talec maintient un motif thématique, sans cesse repris et décliné : le froid, la neige, et la perception physique. Se juxtaposent dans son œuvre protéiforme, des éléments disparates, familiers, quotidiens, décoratifs qu’elle fait se rencontrer, dans une certaine mélancolie et onirisme.
Nathalie Talec est également attachée aux processus de recherche, d’expérimentation, d’agrégation, de tri, de voyages, d’expéditions, affirmant une forme de multiplicité éparse, à l’affût des possibles. Elle a exposé à « Aperto » lors de la 40e Biennale de Venise (1990), au Centre Pompidou (Regard Multiple, 1992), au MuHKA, à Anvers (Comme rien d’autres que des rencontres, 1993), au Crédac (My Way, 2002 ; Le Travail de rivière, 2009), au Plateau/Frac Île-deFrance (Des voisinages, 2003), au MAC/VAL-musée d’Art contemporain de Vitry-sur-Seine (Occupations #1, 2004 ; L’Effet Vertigo, 2016), au Grand Palais (La Force de l’art, 2006), au Palais de Tokyo (Notre histoire, 2006), au musée d’Art et d’Histoire de SaintDenis (Le Vif et le Furtif, 2007), au Parvis, à Pau (Fantômes domestiques, 2010), à La Friche la Belle de Mai, à Marseille (Des images comme des oiseaux, 2013), à la Villa du Parc, à Annemasse (Le Dernier Flocon, 2016).
En 2008-2009, elle présente au MAC/ VAL, une exposition monographique, Nathalie Talec ; en 2012, un solo show au Yerba Buena Museum, à San Francisco ; en 2016, une exposition rétrospective au Frac Franche-Comté (Vingt mille jours sur terre), ainsi qu’au Musée d’Amiens (In search of the miraculous), et un solo show à la galerie Lily Robert, à Paris (Here is always somewhere else). Nathalie Talec participe à de nombreuses commandes publiques, dont la dernière en date est Le Secret du monde, au Musée de la Céramique de Lezoux, inaugurée en juin 2018.
Exposition « Coup de foudre » à la Fondation Groupe EDF – 6, rue Récamier – 75007 Paris (M° Sèvres-Babylone), jusqu’au 20 octobre 2019
Entrée libre du mardi au dimanche 12h-19h (sauf jours fériés)
Photo d’entête : Fabrice Hyber : Skull, techniques mixtes © Marc Domage
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