Une étude publiée ce 24 novembre par le British Medical Journal révèle une augmentation graduelle du risque d’infection par le COVID-19 à partir de 90 jours après avoir reçu une deuxième dose du vaccin Pfizer-BioNTech. Une confirmation évaluée scientifiquement qui conforte l’administration d’une troisième dose de vaccin. C’est vraisemblablement sur la base de cette étude que le gouvernement français a décidé, ce 25 novembre, l’ouverture du rappel vaccinal à tous les adultes de plus de 18 ans, cinq mois après leur dernière injection.
L’étude a été réalisée par l’Institut de recherche des services de santé Leumit en Israël. Israël a été l’un des premiers pays à déployer une campagne de vaccination à grande échelle contre le COVID-19 en décembre 2020, mais le pays a vu une résurgence des infections depuis juin 2021. Les résultats confirment que le vaccin Pfizer-BioNTech a fourni une excellente protection dans les premières semaines après la vaccination, mais suggèrent que la protection s’estompe pour certaines personnes avec le temps.
Dans le monde entier, les campagnes de vaccination à grande échelle contre le COVID-19 aident à contrôler la propagation du virus, mais même dans les pays où les taux de vaccination sont élevés, des infections peuvent survenir, ce qui, selon les scientifiques, est dû à une perte progressive de l’immunité au fil du temps. L’examen du temps écoulé depuis la vaccination et du risque d’infection pourrait fournir des indices importants sur la nécessité d’une troisième injection et son moment privilégié.
Pour ce faire, les chercheurs ont examiné les dossiers médicaux électroniques de 80 057 adultes (âgés en moyenne de 44 ans) qui ont subi un test PCR au moins trois semaines après leur deuxième injection et qui ne présentaient aucun signe d’infection antérieure par le COVID-19.
Sur ces 80 057 participants, 7 973 (9,6 %) ont eu un résultat positif au test. Ces personnes ont ensuite été appariées à des témoins négatifs du même âge et du même groupe ethnique qui ont été testés la même semaine.
Le taux de résultats positifs augmentait avec le temps écoulé depuis une deuxième dose. Par exemple, dans tous les groupes d’âge, 1,3 % des participants ont été testés positifs 21 à 89 jours après une deuxième dose, mais ce chiffre est passé à 2,4 % après 90 à 119 jours ; 4,6 % après 120 à 149 jours ; 10,3 % après 150 à 179 jours ; et 15,5 % après 180 jours ou plus.
Et après avoir pris en compte d’autres facteurs potentiellement influents, les chercheurs ont constaté une augmentation significative du risque d’infection en fonction du temps écoulé depuis la deuxième dose.
Par rapport aux 90 premiers jours après une deuxième dose, le risque d’infection dans toutes les tranches d’âge était 2,37 fois plus élevé après 90-119 jours ; 2,66 fois plus élevé après 120-149 jours ; 2,82 fois plus élevé après 150-179 jours ; et 2,82 fois plus élevé après 180 jours ou plus.
Les chercheurs reconnaissent que l’interprétation de leurs résultats est limitée par la conception observationnelle et qu’ils ne peuvent pas exclure la possibilité que d’autres facteurs non mesurés, tels que la taille des ménages, la densité de population ou la souche virale, aient pu avoir un effet.
Cependant, il s’agit d’une étude de grande envergure portant sur des personnes qui ont toutes reçu le même vaccin, et les chercheurs ont pu procéder à une analyse détaillée des données, ce qui laisse penser que les résultats sont solides.
Ils concluent donc que chez les personnes ayant reçu deux doses du vaccin Pfizer-BioNTech, la protection semble diminuer au fil du temps et le risque de percée de l’infection augmente progressivement par rapport à la protection fournie pendant les 90 premiers jours. Ces résultats suggèrent qu’il pourrait être justifié d’envisager l’administration d’une troisième dose de vaccin, ajoutent-ils.
La troisième dose augmente l’efficacité du vaccin
La justification de la troisième dose de vaccin a été mesurée dans une étude publiée le 15 septembre dernier dans le New England Journal of Medicine. Parmi les adultes israéliens âgés de 60 ans et plus, ceux qui reçoivent une troisième dose de rappel du vaccin COVID-19 de Pfizer-BioNTech présentent des taux de COVID-19 confirmés et de maladie grave nettement inférieurs aux taux observés chez les personnes n’ayant reçu que les deux doses initiales du vaccin.
Yinon M. Bar-On, du Weizmann Institute of Science à Rehovot, en Israël, et ses collègues ont comparé le taux de cas confirmés de COVID-19 et le taux de maladie grave (du 30 juillet au 31 août 2021) entre les personnes qui avaient reçu une injection de rappel au moins 12 jours auparavant (groupe avec rappel) et celles qui n’avaient pas reçu d’injection de rappel (groupe sans rappel). L’analyse a porté sur 1 137 804 personnes âgées de 60 ans et plus qui avaient été entièrement vaccinées au moins cinq mois auparavant.
Les chercheurs ont constaté que ≥12 jours après la dose de rappel, le taux d’infection confirmée était plus faible dans le groupe avec rappel que dans le groupe sans rappel, par un facteur de 11,3. De même, le taux de maladie grave était inférieur d’un facteur de 19,5. Par rapport au taux d’infection quatre à six jours après le rappel, le taux d’infection confirmée ≥12 jours après la vaccination était inférieur d’un facteur 5,4.
« Nos résultats donnent des indications claires de l’efficacité d’une dose de rappel même contre le variant delta actuellement dominant », écrivent les auteurs. « De futures études permettront de déterminer l’efficacité à long terme de la dose de rappel contre les variants actuels et émergents. »
Existe t’il des études comparables sur les autres vaccins ?notamment l’efficacité vis à vis du Variant Delta du vaccin d’Astra Zenica?