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Produrable : quand les transitions s’emballent et font système

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Face à l’épuisement du système économique de prédation, quantité d’acteurs inventent des modèles alternatifs. Loin d’être marginaux, ils irriguent les grands groupes industriels, se coordonnent, s’alignent aux exigences de transition (changement climatique, pollutions, effondrement de la biodiversité…). Le Salon Produrable qui s’est tenu à Paris les 14 et 15 mars 2017 montre que nombreuses sont les entreprises qui décarbonent leurs activités, intègrent les coûts cachés… sous la pression d’une société civile et de législations qui font la chasse aux gaspillages et à la prédation. Prendre soin de la planète est devenu enjeu de réputation.
 
C’est un spécialiste des bras de fer. Bruno Peyroles, fondateur des magasins Bureau Vallée, n’a pas peur d’exiger le meilleur de ses fournisseurs. Comme des milliers d’acteurs réunis au sein du Salon Produrable, qui s’est déroulé les 14 et 15 mars 2017 à Paris, il témoigne que les pratiques durables et éthiques sont en train de « faire système ». Car il y a des gains à faire, à force de valoriser les produits qui ont la meilleure côte environnementale.
Cet effet levier – que peut jouer tout acteur de la distribution – serait anodin, s’il n’était en train de se généraliser tant les acteurs se coordonnent et disposent de soutiens réglementaires. Avec plus de 150 entreprises représentées dont une centaine exposantes, le salon Produrable – unique salon dédié au développement durable – fêtait ses dix ans d’existence cette année.
Le milieu des acteurs de la transition exhibe une véritable maturité. Car les convergences dans l’action se manifestent. « Notre enjeu principal c’est un changement d’échelle » a martelé Nathalie Devulder, directrice du développement durable chez RTE. « C’est le modèle des entreprises qu’il nous faut revoir désormais « .
Pour Sylvie Bénard, directrice de l’environnement chez LVMH, « les changements depuis cinq ans sont très nets sauf du côté des gens du marketing. Je m’emploie à faire évoluer leurs repères ».
En poste chez Sequana, Olivier Guichardon, considère qu’il faut parvenir à « mettre dans la colonne vertébrale de son groupe la protection de la biodiversité. Cela veut dire parvenir à convaincre les dirigeants de l’intérêt économique de soutenir les écosystèmes ».
 
Nombre de grands groupes et de PME changent leurs approvisionnements (L’Oréal), dé-carbonent leurs procédés, baissent leurs consommations énergétiques (Roquette). L’exemple du groupe Kering est mis en exergue. Sous l’impulsion de Marie-Claire Daveu, le groupe de luxe a lancé des programmes de recherche pour diminuer les impacts des process de tannage, l’approvisionnement des peaux et des textiles et l’association de ses marques à des talents et des fournisseurs de façon équitable.

Effet d’entrainement

Les initiatives foisonnent chez les cinq mille professionnels rassemblés pour cet événement Produrable organisé en 6 grandes plénières, 15 tables rondes, 3 talk-show, 40 ateliers et des rendez-vous d’affaires planifiés à l’avance. Les outils foisonnent pour guider les acteurs dans ces transitions : reporting RSE chez B&L évolution, accompagnement au changement avec Greenflex, outils pour le dialogue de parties prenantes avec C3 Consensus, nouvelle comptabilité environnementale avec Compta durable, valeur des actifs immatériels avec Goodwill …
La bascule s’opère quand on prend la mesure des actions collectives engagées. L’initiative Science-based Targets (SBT) s’inscrit dans le paysage de la soft law climatique. Lancée à l’occasion de la COP21 pour aider les entreprises à réduire leur empreinte carbone, la méthodologie se consolide peu à peu (1). Elle rassemble 217 entreprises dont une trentaine sont labélisées.  
 
De même, la dynamique Global Compact engagée dans le cadre des 17 objectifs de développement durable (ODD) trace le chemin vertueux pour des milliers d’entreprises adhérentes (voir Global Compact France). Chaque années les entreprises doivent déposer sur le site du Global Compact des Nations Unies leur « communication sur le progrès » (COP) qui décrit les efforts et la progression de l’entreprise selon quatre thématiques clés : droits de l’Homme, normes internationales du travail, protection de l’environnementet lutte contre la corruption. L’engagement du dirigeant doit être renouvelé et les actions étayées d’indicateurs. Ce rapport est public et consultable par l’ensemble des parties prenantes.

Retournement de situations en vue

Des cadres contraignants portent les mêmes préoccupations, notamment la Loi sur le devoir de vigilance votée en France le 21 février dernier. 200 entreprises ou groupes sont concernés et vont devoir mettre en place de manière effective un « plan de vigilance » c’est à dire « des mesures de vigilance raisonnable propres à identifier les risques et à prévenir les atteintes graves envers les droits humains et les libertés fondamentales, la santé et la sécurité des personnes ainsi que l’environnement, résultant des activités de la société et de celles des sociétés qu’elle contrôle directement ou indirectement, ainsi que des activités des sous-traitants ou fournisseurs avec lesquels est entretenue une relation commerciale établie, lorsque ces activités sont rattachées à cette relation ». Ce plan a vocation à être co-construit par les entreprises avec leurs parties prenantes.
Discutée âprement pendant quatre ans, cette loi est suspendue car soumise au Conseil Constitutionnel du fait d’un recours établi par 60 sénateurs et 60 députés conservateurs. La réponse sur la constitutionnalité de la loi sera donnée début avril. L’enjeu de ces ajustements à la société a été précisé par la société Vigeo Eiris dans un récent rapport sur les Droits humains : « La négligence ou l’incapacité des entreprises à faire face efficacement aux défis que soulèvent le respect, la protection et la promotion de ces droits sont susceptibles non seulement de ternir leur image, mais de mettre aussi en cause leurs activités opérationnelles, leur accès aux financements ou leur maintien sur les marchés ».
Le constat n’a pas échappé à BlackRock, le numéro un mondial de la gestion d’actifs (4.769 milliards d’euros). Le groupe américain pourrait notamment soutenir les efforts en matière de pratiques environnementales développés par le Conseil de stabilité financière, une organisation économique internationale chargée de proposer des normes dans le système financier mondial. « BlackRock pourrait vouloir interroger les grandes entreprises sur leur prise en compte du changement climatique dans leurs activités » a déclaré Michelle Edkins qui dirige l’équipe de BlackRock chargée de soutenir les efforts pour la prise en compte du risque climatique.
 
Tous ces signaux indiquent que les entreprises commencent à éprouver leurs vulnérabilités et qu’elles ne peuvent plus ignorer les menaces sur leurs écosystèmes.
 
Mais pour certains comme Mathieu Auzanneau, directeur du Shift Project, « Tant que l’on n’a pas un consensus sur la compréhension de notre posture d’enfant gâté, toute la boite à outils du changement reste inutilisable. Le ressort c’est la sobriété ! »
 
Pionnier de ces transitions, Emmanuel Delannoy, fondateur de l’Institut Inspire, s’exprimait dans une table ronde sur le thème : Innover avec et par le vivant. Il est confiant :« Nous avons l’occasion de resynchroniser notre économie avec le vivant, témoigne-t-il. Notre économie ne semble plus capable de créer la prospérité partagée qu’on est en droit d’attendre d’elle. De nouveaux modèles révolutionnaires sont déjà à l’œuvre : économie circulaire, économie de la fonctionnalité, biomimétisme…La permaéconomie est le nouveau paradigme qui permet de les mettre en cohérence ». (voir son livre Permaéconomie, Editions WildProject, 2016) (2).
 
 
(1) Initiative mise en place par les Nations unies et trois ONG de défense de l’environnement (WWF, CDP et WRI) pour élaborer avec les grands groupes une feuille de route afin de réussir l’Accord de Paris. 
 

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