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Exil, passage et refuge. Solidarité et criminalisation hier et aujourd’hui

14 septembre 2023 - 15 septembre 2023

Gratuit

Dans le cadre du projet ANR PACE (1)Crise des migrants et des réfugiés en Europe, le CERI organise le colloque final les 14 et 15 septembre 2023, sur le thème « Exil, passage et refuge. Solidarité et criminalisation hier et aujourd’hui. »

Ce colloque a pour ambition de mettre en perspective les actions et situations des acteurs de l’exil et de l’accueil des exilés depuis la Seconde Guerre mondiale. Les différents conflits qui ont émaillé l’histoire du XXe siècle ont jeté sur les routes des millions d’exilés. Légal ou illégal, le passage de frontière est un enjeu majeur à l’échelle individuelle comme macro-politique, qui implique les États et organisations gouvernementales ou non-gouvernementales et des réseaux transnationaux qui peuvent être criminalisés ou non en fonction des contextes. Logement, nourriture, ticket de transport ou travail… Ces réfugiés ont pu trouver une assistance souvent spontanée, parfois structurée mais décisive de personnes croisées sur leur chemin, soit pour quitter leur pays d’origine soit pour entrer dans un pays de passage ou d’accueil. En l’absence de politiques claires ou effectives des Etats, les acteurs privés ou publics (municipalités) jouent un rôle central dans l’exil, le passage et l’accueil. Mais leur rôle reste controversé et sujet à politisation.

A partir de 1933, alors que la répression contre les opposants politiques, les persécutions contre les Juifs puis les Tsiganes s’intensifient en Allemagne et progressivement dans les territoires conquis par le Reich, ceux-ci peuvent sortir de leur pays de nationalité mais ne sont pas accueillis formellement dans les démocraties occidentales. Ce sont des réseaux sociaux transnationaux et des acteurs civils locaux qui vont permettre l’exfiltration et l’accueil au compte-goutte des persécutés, souvent dans l’illégalité.
Au printemps 1945, l’Europe compte plus de 20 millions de civils dispersés loin de chez eux : près de onze millions de victimes du Reich, et autant d’Allemands « ethniques » expulsés des pays d’Europe centrale et orientale. Très vite, les puissances alliées et les organisations en charge des « personnes déplacées » victimes du nazisme organisent les rapatriements et, plus tard, les réinstallations hors d’Allemagne, d’Autriche et d’Italie. La fin des combats n’arrête ni la violence, ni les exils, souvent clandestins : fuites depuis les territoires sous contrôle soviétique ; passages entre les zones d’occupation et vers les pays limitrophes ; départs en masse de rescapés juifs pour échapper aux violences antisémites ; organisation de filières pour rejoindre la Palestine. Les passages et l’accueil sont pris en main par différents réseaux, non sans l’accord tacite de certaines autorités. Pour eux, la priorité demeure le départ hors d’Europe des réfugiés, considérés, en ces temps de guerre froide, comme un facteur d’instabilité.

Dans les années 1970-1980, le Cambodge, le Laos et le Vietnam connaissent un exode massif de leurs populations. Quoique liés par l’histoire partagée de la colonisation française, des guerres coloniales et américaines et de l’effondrement final dans la violence des trois pays en 1975, les exilés d’Asie du Sud-est ont suivi des routes de l’exil diverses et peu connues. Le terme de boat people utilisé de manière indistincte n’a en réalité concerné que les Vietnamiens. L’accueil en France de ces exilés fuyant des régimes communistes violents dans le contexte de la Guerre Froide a été présenté comme un accueil exceptionnel assurant l’application quasi automatique de la Convention relative au statut des réfugiés des Nations Unies, voire comme un accueil exemplaire qui a rarement laissé la place aux critiques.

Depuis 2015, en Europe, un tissu associatif et d’institutions locales se forme autour de l’accueil des différentes vagues de réfugiés en provenance du Moyen Orient, d’Afrique ou d’Ukraine. Mais depuis lors les manifestations privées de solidarité spontanée se heurtent à la loi et plusieurs « aidants » d’exilés ont été accusés de soutenir l’immigration illégale, d’être des « passeurs ».

Ce colloque croise les analyses d’historiens et de chercheurs en sciences sociales pour porter un regard sur ces « aidants » qui peuvent ou ne pas être eux-mêmes des exilés. Qui sont-ils ? Comment se détermine leur engagement ? Comment ces aidants négocient-ils leur propre implication, dans le respect de la loi ou aux marges de celle-ci ? Comment varie la position des pouvoirs publics à leur égard dans le temps et l’espace ?

Les interventions feront la lumière sur trois périodes de l’histoire : l’exil juif entre 1933 et 1950 ; l’afflux des réfugiés d’Asie du Sud-est après 1975 et enfin les arrivées d’exilés en Europe depuis 2015. Autour de trois thèmes : (1) le passage ; (2) les dangers, risques et violences ; (3) le refuge et l’accueil.

Programme complet 

Attention ! 2 lieux différents pour ce colloque :

  • 14 septembre au Musée National de l’Histoire de l’Immigration, Palais de la Porte Dorée, 293 Avenue Daumesnil, 75012 Paris.
  • 15 septembre au Centre d’Etude des Relations Internationales, Sciences Po Paris, 28 rue des Saints-Pères, 75007 Paris.

Inscriptions

(1) La crise des migrants et des réfugiés a focalisé l’attention de la recherche sur les politiques migratoires de l’Union européenne, révélant leurs impasses et l’échec de la collaboration entre Etats pour « gérer la crise ». Le rôle des acteurs non étatiques dans la crise est en revanche bien moins connu. PACE comble ce manque en regardant le cadrage et les réactions à la crise au-dessus et en deçà de l’Etat et de l’Union européenne. Le projet vise à décrire la manière dont des acteurs non étatiques contribuent à la construction politique de la crise.

Lieu

Musée de l’histoire de l’immigration
, Palais de la Porte Dorée, 293 Avenue Daumesnil
Paris, 75012 France
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