Le diable de mer vient d’être reclassé par l’IUCN “en danger critique d’extinction” au niveau mondial. Cet été, de nombreux échouages de raies mobula sur les côtes françaises ont alerté la communauté scientifique et mis en lumière leur extrême vulnérabilité. En seulement sept ans, la population mondiale s’est effondrée, certaines populations locales, comme celle de Martinique, pourraient avoir disparu” ou “risquent de disparaître ». Un signal d’alarme révélateur de la santé fragile de nos océans.
Espèce emblématique de la Méditerranée, le diable de mer ou raie mobula mobular (à cornes) appartient à la famille des raies. La raie mobula qui nage de la surface jusqu’à mille mètres de profondeur, peut atteindre jusqu’à 3,5 mètres d’envergure et vit dans des groupes pouvant atteindre jusqu’à 40 spécimens. Habituellement observées au large, les raies mobula s’aventurent désormais plus près des côtes. Bien que l’espèce soit historiquement présente en Méditerranée, ses effectifs sont aujourd’hui fragmentés et les dynamiques restent très mal connues.
En France métropolitaine, bien que les données restent parcellaires, des signalements récents confirment que ce grand pélagique fragile s’aventure désormais plus fréquemment vers les côtes, voire s’échoue. Ces apparitions littorales peuvent ainsi être interprétées comme un indicateur supplémentaire de fragilité : soit l’espèce est contrainte de se rapprocher du rivage en raison de changements dans l’habitat ou l’alimentation, soit ces individus sont plus vulnérables aux perturbations (captures accidentelles, dérèglements environnementaux) et présentent un taux d’échouage plus élevé. Si le nombre exact d’échouages validés n’est pas systématiquement publié pour cette espèce, le fait qu’elle soit listée dans les programmes de surveillance des élasmobranches menacés en Méditerranée renforce cette alerte.
Ce constat souligne l’urgence d’un suivi renforcé sur le littoral français – non uniquement au large – afin de mieux documenter ces entrées côtières, d’évaluer les causes possibles (thermiques, alimentaires, pêche, dérangement) et d’agir en conséquence pour la conservation de l’espèce.
De plus en plus menacées, leur pêche est totalement interdite en France, mais elles font l’objet de captures parfois accidentelles, mais également ciblées et de grande envergure, à l’international. La surpêche a causé la baisse de plus de 50 % de ces espèces depuis les années 70 (1).
La pollution et le réchauffement des eaux, la suractivité maritime, les captures accidentelles et l’absence de protection renforcée menacent directement leur survie.
Malheureusement, la connaissance limitée de cette espèce ne permet pas la mise en place de politiques efficaces visant à sa conservation. Elles sont en effet classées “en danger d’extinction” par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN). Il est urgent de les protéger avant qu’il ne soit trop tard.
Depuis des années, La Fondation de la Mer agit et soutient les missions de l’association AILERONS, qui œuvre à la préservation du diable de mer à travers la photo-identification, un suivi satellitaire et des collectes de données et échantillons génétiques qui permettent d’obtenir des informations sur la répartition de la population de diables, ainsi que sur leurs comportements de migration et de reproduction.
Ces travaux s’inscrivent dans le cadre d’un travail scientifique d’envergure international, essentiel à la protection de l’espèce, notamment par des études récentes (ex. “A 40-year chronology…”) qui confirment l’importance des captures accidentelles dans les pêcheries thonières, ce qui renforce le problème de la surpêche et la capture accessoire. À noter également une notification de la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées) de fin 2024 qui mentionne la proposition de passage des raies mobules (dont Mobula mobular) de l’Annexe II à l’Annexe I, ce qui pourrait interdire tout commerce international et qui témoigne d’une montée de l’attention internationale.
‘’Le manque de connaissance sur la raie mobula freine les efforts de conservation. Les missions que nous soutenons, notamment celles menées par l’association AILERONS sont indispensables. Elles visent à mieux comprendre ces espèces afin de combler ce déficit de connaissance et pouvoir mettre en place des mesures de protection efficaces et durables. Ensemble, nous œuvrons dans un seul but : préserver la vie marine et la biodiversité des océans, essentielles à l’équilibre de notre planète’’ explique Alexandre Iaschine, Directeur général de la Fondation de la Mer.
(1) Simon Fraser Université, 2024
Photo d’en-tête : Crédit ©Pierre Leo Paul pour Ailerons








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