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biomimétisme

Biomimétisme : la nature c’est 4 milliards d’années de R&D

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Toute la communauté des acteurs du biomimétisme, mais aussi des curieux et ceux qui veulent découvrir comment le monde change s’est réunie à Senlis les 1er et 2 juillet dernier, sous les auspices du Ceebios, le premier centre français de développement de ce secteur de pointe.
En pointe le biomimétisme l’est car, en s’inspirant de la nature et de ses quatre milliards d’années de recherche et développement, on innove mieux, plus intelligemment, certainement plus durablement. Alors, le biomimétisme, est-ce une nouvelle mode ou une véritable réponse aux enjeux de notre temps ?
 
Les participants à cette rencontre Biomim’Expo ont tous insisté sur un point : le biomimétisme ne cherche pas à copier la nature, mais à s’en inspirer. Inspiration. Le grand mot pour ouvrir de nouveaux secteurs de recherche et développer de nouveaux produits, de nouvelles applications. Porte grande ouverte laissant aussi parfois entrer le pire et le meilleur, l’utile et le superficiel. S’inspirer de la nature, c’est bien, mais développer une démarche écoresponsable en le faisant, c’est mieux. C’est sur ce point qu’insiste Kalina Raskin, chargée du développement scientifique du Ceebios : « Après le greenwashing, il ne faut pas que nous ayons le biomimwashing » dit-elle à notre micro. Elle insiste sur les dérives possibles d’un biomimétisme mal compris. « Le biomimétisme doit s’intégrer dans une démarche d’écoconception tout comme les démarches d’écoconception doivent intégrer une démarche de biomimétisme ». Il est en effet aisé de rechercher une propriété particulière dans la nature et de la mettre en œuvre sans se soucier de l’impact des procédés de synthèse ou des propriétés chimiques mis en œuvre. La prise en compte du cycle de vie et de son impact est primordiale.
 
Kalina Raskin, chargée du développement scientifique du Ceebios
 

Le grand bazar du biomimétisme

Du biomimétisme, on en trouve partout : dans les nouveaux matériaux, dans les questions de transition énergétique, dans l’agriculture. Un grand bazar de la nature au service des applications les plus variées. Alexandra Palt et Laurent Gilbert de L’Oréal nous apprennent travailler sur des couleurs biomimétiques donnant à nos prochains vernis à ongle ou fards à paupières les propriétés des ailes d’un papillon.
 
Beauté et bioinspiration, chez L’Oréal
 
 
Renault, par la voix de son directeur scientifique Jérôme Perrin nous dévoile ses recherches sur le polymorphisme. Les oiseaux changent de forme selon leur vitesse, pourquoi pas les prochaines automobiles ?  Et si nos voitures changeaient de couleur comme les caméléons ?
 
La voiture du futur bioinspirée, chez Renault
 
 
Franck Zal, fondateur de la société de biotechnologies Hemarina s’inspire d’un ver marin pour inventer un procédé permettant d’oxygéner les organes en attente de transplantation. Une révolution dans les blocs opératoires. Ou un sang lyophilisé qu’il développe avec la Navy américaine.
 
Franck Zal, fondateur de Hemarina
 
Dans le hall jouxtant la salle de conférence, des tables présentent les mille et une applications nées d’inspiration biomimétique. Cet « arbre à vent », une éolienne urbaine innovante créée dans une démarche biomimétique par la société Newind ou bien celle de ces étudiants de l’ENSCI qui utilise la propriété d’une bactérie qui en séchant forme une peau. Ce matériau biologique, biodégradable et parfaitement naturel serait-il l’avenir de nos packagings ?
 
Les nouveaux matériaux de l’ENSCI
 
Le secteur du biomimétisme attire sans nul doute toutes les industries dont les représentants viennent à Senlis glaner les dernières découvertes. On y croise des militaires murés dans leur silence sur les technologies biomimétiques qu’ils développent. On apprend, au détour d’une conversation avec un responsable de l’armée française que des recherches avancées se font sur la chirurgie de reconstruction en s’inspirant de la nature. On découvre aussi que Saint-Gobain observe avec intérêt comment les éponges sont capables de fabriquer du verre à température ambiante alors que l’industrie verrière le fait avec des fourneaux à 1400°. Une ruine énergétique.
Le désormais célèbre chercheur Arnaud Antkowiak présente son matériau aux propriétés exceptionnelles, inspirées de l’élasticité et de la résistance des fils de l’araignée. Eiffage rêve de la ville de demain complètement bio.
 
Bioinspiration pour la ville du futur, chez Eiffage
 
Quant à Dassault Systèmes, son directeur de l’innovation Frérdéric Vacher nous explique comment les outils de simulation numérique sophistiqués aident les projet biomimétiques de la conceptino à la fabrication, en passant par l’intégration optimale dans leur environnement.
 
Les apports du numérique au biomimétisme, chez Dassault Systèmes
 

Le réservoir d’inspiration de la nature est inépuisable. Ne le détruisons pas. C’est le sens du message d’Idriss Aberkane, le jeune mais désormais incontournable expert du biomimétisme. Un message entendu sans doute mais qui a du mal à se concrétiser et s’organiser en France.
 

Biomimétisme français, une structuration difficile

Face aux États-Unis ou à la Chine qui produisent à foison brevets et publications scientifiques, ou à l’Allemagne qui depuis quinze ans investit fortement dans le biomimétisme, nous faisons figure de nains.
Kalina Raskin cite avec envie le Biokon, l’homologue allemand du Ceebios : « les ministères de l’écologie et de l’industrie [allemands]ont financé l’amorçage du réseau équivalent à celui du Ceebios à hauteur d’environ 8 M€ ». Le Ceebios peine avec ses 170 000 euros de budget annuel. Et pourtant sa tâche est immense : « Nous devons structurer le biomimétisme et faire en sorte qu’il y ait une recherche d’excellence coordonnée sur le territoire français, et que la France se positionne parmi les meilleurs au niveau international sur le sujet, et que les industriels prennent le relai et s’approprient la démarche pour être innovants de façon responsable ». Il faut mettre les moyens de structuration. Le Ceebios en appelle à l’État dont c’est le rôle.
 
Gilles Boeuf
 
Gilles Bœuf, l’ancien directeur du Museum national d’histoire naturelle, devenu conseiller au ministère de l’environnement de Ségolène Royal, est plus réservé sur l’engagement de l’État. Il nous confie : « Ce n’est pas au gouvernement de réaliser cela. Nous avons un travail de mise en relation des scientifiques et des entreprises privées. Le gouvernement peut aider le système en lançant des appels d’offres pour favoriser le biomimétisme ».  Gilles Bœuf croit à la mobilisation de la société civile pour imposer le biomimétisme : « C’est au citoyen de prendre ces questions. Il peut faire changer les choses. Je l’ai vu à Rio où c’est la société civile qui a entre ses mains notre avenir. Ce ne sont pas les gouvernements.
Les gouvernements changent au fur et à mesure si on les pousse pour changer ».
 
Il n’en demeure pas moins que le biomimétisme nous oblige à une révolution : celle qui porte un nouveau regard sur la science. Gilles Bœuf précise : « C’est une nouvelle approche, voire une nouvelle philosophie, un nouveau regard sur la science. Elle consiste à aller chercher dans la science les travaux qui sont faits sur les systèmes naturels ou les organismes et voir comment on peut s’en inspirer pour faire mieux que ce qu’on fait aujourd’hui, pour le développement culturel, économique et social.
Une des composantes intéressantes du biomimétisme est le changement progressif qu’il nous oblige à l’égard de la nature. »
 
Reportage : Fabienne Marion et Delphine Masson
 

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