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Bonbons et gâteaux fourrés aux nanoparticules : danger ?

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Sur 18 produits alimentaires sucrés vendus en magasin, 100 % des produits contiennent des nanoparticules, sans qu’aucun ne le mentionne sur leur étiquetage. Or l’industrie agroalimentaire assure ne pas utiliser d’ingrédients à base de nanoparticules dans ses bonbons, gâteaux et autres friandises…
 
L’industrie agroalimentaire assure ne pas utiliser d’ingrédients à base de nanoparticules, à savoir des substances (oxyde de fer, silicium, dioxyde de titane, etc.) dont les plus petites particules ont un diamètre inférieur à 100 nanomètres (nm), soit un dix-millionième de mètre écrit 60 Millions de Consommateurs. Du dioxyde de titane (E171) sous forme de nanoparticules a ainsi été retrouvé dans les dix-huit aliments testés par l’association, représentant parfois jusqu’à 100% des additifs utilisés. L’intérêt ? Ce « E171 » est par exemple utilisé dans les produits cosmétiques et alimentaires pour blanchir et rendre les produits brillants. Ces nanomatériaux représentent pas mal d’avantages pour les industriels de l’agroalimentaire : élimination des bactéries et des odeurs pour le nanoargent, résistance et légèreté pour les nanotubes de carbone, effet fluidifiant pour les nanosilices à usage alimentaire… 
 
Le résultat des tests de 60 Millions de consommateurs montre que « Tous nos échantillons, sans exception, contiennent des nanoparticules de dioxyde de titane ! La mention « [nano] » aurait donc dû figurer sur leurs étiquettes, conformément au règlement européen Inco. Or tel n’est pas le cas. Soit les marques ignorent cette présence dans les ingrédients qu’elles utilisent, soit elles nient le problème… ».
 
60 Millions de Consommateurs a donc contacté une quinzaine d’entreprises agroalimentaires pour comprendre leur utilisation des nanomatériaux : « Près de la moitié d’entre elles nous ont répondu, toutes affirmant ne pas utiliser de nanomatériaux. Y compris les entreprises dont les produits de notre test présentent des nanoparticules de dioxyde de titane…Mauvaise foi ou ignorance ? Impossible à savoir. Peut-être que les industriels n’ont pas accès à toutes les informations auprès de leurs fournisseurs. Peut-être aussi s’abritent-ils derrière une définition de la Commission européenne datant de 2011, selon laquelle un matériau est « nano » s’il contient « au minimum 50 % de particules de dimensions comprises entre 1 nm et 100 nm ». Le règlement européen Inco ne prévoit pourtant aucun seuil minimum ! ».
« Mais au-delà de leur utilité technologique, il faut savoir si l’ingestion de nanoparticules est réellement inoffensive. Les études actuelles ne permettent pas encore de le savoir, mais l’étau se resserre autour de certaines substances comme ce fameux dioxyde de titane… » poursuit l’association qui propose qu’en attendant que « la transparence s’impose, le plus sage pourrait être de bannir les aliments contenant les additifs suspects » (Source : agro-media.fr).
 

 
En effet, le danger peut venir à partir d’une substance a priori inoffensive qui peut devenir toxique si elle est utilisée en quantité infime, comme dans les nanomatériaux, explique l’Anses. A taille réduite, les particules développent de nouvelles propriétés physico-chimiques, car cette taille « leur confère une surface de réaction plus grande que le même matériau non nanométrique », précise le site de l’Avicenn.
Le problème est qu’en raison de leur taille, les nanoparticules et leurs nouvelles propriétés « franchissent bien plus aisément nos barrières physiologiques », détaille à franceinfo Magali Ringoot, porte-parole de l’association Agir pour l’environnement, qui alerte sur leur danger :« Les nanoparticules présentes dans notre alimentation pénètrent la paroi intestinale et se retrouvent dans le placenta, le foie, les poumons, le cerveau… » Or différentes études ont montré qu’une fois dans l’organisme, les nanoparticules peuvent avoir un effet inflammatoire pulmonaire, affaiblir le système immunitaire ou, chez les rats, favoriser l’apparition de liaisons cancéreuses », selon le rapport scientifique de l’évaluation biologique des dispositifs médicaux contenant des nanomatériaux.
En 2017, une expérience des chercheurs de l’INRA (Institut national de recherche agronomique) ont donné à des rats un additif E171, riche à 50 % en nanoparticules d’oxyde de titane, soit le taux moyen présent dans les aliments ingérés par l’homme. Après 100 jours, les chercheurs ont observé une augmentation des lésions bénignes dans le côlon des rongeurs, entraînant des cas de polypes, phénomène encore jamais constaté jusque-là et remettant en cause les certitudes des chercheurs.
Suite à ces découvertes, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation avait vivement poussé le gouvernement, dans un rapport rendu le 4 avril 2017, à poursuivre les recherches sur les risques sanitaires liés à la présence de nanoparticules d’oxyde de titane dans différents produits alimentaires. Convoquant le principe de précaution, l’agence recommandait « de limiter l’exposition des consommateurs en favorisant des produits sûrs, dépourvus de nanoparticules » (Source : Mediapart – 25 août 2017)

LIRE AUSSI DANS UP’ : Produire « nanofree », est-ce bien raisonnable ?

Quel encadrement des nanomatériaux ?

En théorie, les nanomatériaux sont couverts par REACh, le règlement européen en vigueur depuis 2007 sur l’enregistrement, l’évaluation, l’autorisation et les restrictions des substances chimiques.
Or l’Avicenn dénonce une mise sur le marché des nanomatériaux « sans enregistrement préalable ni suivi », en contradiction avec le principe directeur de REACh : « pas de données, pas de mise sur le marché » (no data, no market en anglais).
Plusieurs raisons expliquent cet état de fait :
– D’une part fabricants et distributeurs produisent ou importent rarement plus d’une tonne de nanomatériaux par an… seuil en deçà duquel l’obligation d’enregistrement de REACh ne s’applique pas.
– Ensuite, même lorsque le tonnage annuel est supérieur à une tonne, REACh n’exige pas expréssement d’enregistrer les nanomatériaux comme de nouvelles substances. En conséquence, l’obligation d’enregistrement bénéficie d’un délai étendu, et les modalités en sont simplifiées, excluant notamment les données toxicologiques et éco-toxicologiques. REACh prend en effet en compte uniquement la composition des substances chimiques – mais pas leur taille, leur structure ou la manifestation de nouvelles propriétés. REACh assimile donc les nanomatériaux produits ou importés à la substance chimique macroscopique correspondante (par exemple, le nano-dioxyde de titane est assimilé au dioxyde de titane), quand bien même le plus grand ratio surface / volume de la forme nanométrique donne lieu à des propriétés nouvelles.
 
Cette critique est faite depuis plusieurs années maintenant, mais est systématiquement balayée par l’industrie chimique qui répète à l’envi que « Reach est bien adapté aux nanomatériaux » alors que les récents revers essuyés par l’agence européenne des produits chimiques (ECHA) (fin 2016, début 2017) face au refus entêté des industries chimiques de fournir des informations attestent du contraire !
Dans l’immense majorité des cas, les substances chimiques macroscopiques auxquelles sont rattachés les nanomatériaux étaient commercialisées avant REACh et par conséquent les nanomatériaux sont donc directement mis sur le marché sans enregistrement ni suivi spécifique.
L’enregistrement et l’autorisation sont requis pour les nanomatériaux produits ou importés pour un volume excédant 100 tonnes ; il faudra attendre 2018 pour les volumes compris entre 1 et 100 tonnes. Le tout sans que soit exigée aucune donnée sur la toxicité, l’écotoxicité des nanomatériaux considérés ni sur les expositions à ces matériaux !

Quelles actions du Gouvernement ?

En juillet 2017, huit ONG ont adressé une lettre ouverte au gouvernement sur l’étiquetage et restriction des nanomatériaux dans les produits de consommation, demandant « la mise en place urgente de mesures de précaution » concernant les nanomatériaux, du fait des « risques pour la santé et pour l’environnement » qu’ils présentent.
 

Le Gouvernement semble bouger et met en place un certain nombre d’actions impliquant les différents ministères. Nicolas HULOT, Agnès BUZYN, ministre des Solidarités et de la Santé, Bruno LE MAIRE, ministre de l’Économie et des Finances, et Stéphane TRAVERT, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, demandent à l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) de finaliser à court terme les travaux qu’elle a engagés visant à rassembler l’ensemble des données disponibles sur le dioxyde de titane afin de mettre un terme aux incertitudes sur l’impact sanitaire de cette substance à l’échelle nanométrique. Il faut en effet que la France puisse porter au niveau européen un dossier permettant d’enrichir par des données détaillées la réévaluation de cette substance par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) et l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA).
 
Les ministres rappellent aux industriels leurs obligations de transparence et d’étiquetage sur la présence de nanomatériaux manufacturés dans les produits de consommation. Les services de la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes viennent de mettre au point un ensemble de méthodes d’analyse fiables pour contrôler la présence de ces substances dans les denrées alimentaires et non-alimentaires.
 
Des premiers contrôles ont ainsi déjà pu être menés et ceux-ci vont se poursuivre de manière intensive au second semestre. Ces contrôles étant novateurs en Europe, leurs résultats seront présentés au niveau communautaire pour permettre, le cas échéant, de préciser et clarifier la réglementation applicable.
 
En outre, les États Généraux de l’alimentation, qui se sont ouverts en juillet, et dont les travaux débutent cette semaine, seront l’occasion de débattre des usages des substances à l’état nano-particulaire dans l’alimentation, au regard des bénéfices attendus et des incertitudes sur le plan sanitaire. La DGCCRF y présentera les résultats de ses contrôles.
 
 
Pour aller plus loin :
-Livre “La civilisation des nanoproduits”, de Jean-Jacques Perrier – Edition Belin, septembre 2017 – 192 Pages
Prochain forum NanoResp « Propriétés et avantages des nanoproduits : pour qui, pour quoi ? » le 4 octobre 2017
 

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