Le nombre croissant de migrants internationaux a maintenant atteint 272 millions, dépassant le taux de croissance de la population mondiale, selon de nouvelles données du Département des affaires économiques et sociales (DESA) de l’ONU, publiées ce 17 septembre.
Ces chiffres reflètent un bond par rapport à 2010, année où le nombre mondial était de 221 millions. Les migrants internationaux actuels – définis comme toute personne qui change de « pays de résidence habituelle » – représentent 3,5 pour cent de la population mondiale, contre 2,8 pour cent en 2000, selon les derniers chiffres.
Les estimations sont fondées sur les statistiques nationales officielles des populations étrangères recueillies lors des recensements. Ces chiffres tiennent compte de toute personne qui franchit ou a franchi une frontière internationale, quel que soit son statut de citoyen ou son motif, ce qui signifie que les données englobent les personnes qui ont franchi une frontière de façon intentionnelle ou involontaire.
Le rapport note toutefois que la part des déplacements forcés continue d’augmenter, les réfugiés et les demandeurs d’asile, représentant près d’un quart des migrations.
L’Europe en tête des destinations des migrants
L’Europe accueille le plus grand nombre de migrants internationaux (82 millions), suivie de l’Amérique du Nord (59 millions). Bien que la migration soit mondiale, la plupart des voyages ont lieu dans un nombre limité de pays. Selon l’organisation, la moitié des 272 millions de migrants dans le monde vivent dans seulement une dizaine de pays : les États-Unis arrivent en tête avec 51 millions de personnes, soit 19% du nombre total. Suivent l’Allemagne et l’Arabie saoudite (13 millions chacun), la Russie (12 millions), le Royaume-Uni (10 millions), les Émirats Arabes Unis (9 millions), la France, le Canada et l’Australie avec 8 millions chacun, et l’Italie (6 millions).
La part des migrants internationaux dans la population totale varie considérablement d’une région à l’autre. Ainsi que le montre le rapport, les personnes nées à l’étranger représentent 21 % de la population de la région d’Oceana (Australie et Nouvelle-Zélande incluses) et 16 % de l’ensemble de la population nord-américaine.
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Concernant les pays d’origine, l’Inde vient en premier avec 18 millions de ressortissants vivant à l’étranger, devant le Mexique (12 millions), la Chine (11 millions), la Russie (10 millions) et la Syrie (8 millions), précise le rapport de l’ONU.
Le lien entre migration et développement est » très bien établi « , a déclaré John Wilmoth, directeur de la Division de la population du DAES, faisant écho au message de Llu Zhenmin, le Sous-secrétaire général du Département avant la publication du rapport. Pour celui-ci, les données « sont critiques pour comprendre le rôle important des migrants et de la migration dans le développement des pays d’origine et de destination ». « Faciliter une migration et une mobilité ordonnées, sûres, régulières et responsables des personnes contribuera grandement à la réalisation des objectifs du développement durable « , a-t-il exhorté. J. Wilmoth a déclaré, à titre d’observation générale, que la contribution des migrants, tant dans les pays d’accueil que dans les pays d’origine, comprend le rapatriement de fonds précieux vers les pays d’origine et une importante contribution sociale par la transmission des idées.
L’Organisation des Nations Unies s’est engagée à soutenir les migrations sûres, par le biais d’accords internationaux visant à protéger les réfugiés et les personnes en déplacement dans le monde. Le Pacte mondial pour les réfugiés et le Pacte mondial pour une migration sûre, ordonnée et régulière ont été adoptés en décembre de l’année dernière.
1 milliard de réfugiés climatiques
Dans sa présentation, l’ONU passe sous silence la question des migrations climatiques. En 2018, les Nations-Unies avaient évoqué le chiffre de 1 milliards de migrants attendus d’ici 2050. Face à ce chiffre, UP’ Magazine avait publié une note confidentielle émanant des Nations-Unies dans laquelle des experts avaient pointé le degré d’impréparation de la communauté internationale face à cette question.
- LIRE DANS UP : Une note interne révèle l’impréparation de l’ONU face aux migrations climatiques qui s’annoncent
Durant l’instruction de leur rapport, les experts déclaraient avoir constaté « l’absence généralisée d’un cadre global de suivi et d’évaluation de la réglementation sur la mobilité humaine dans le contexte du changement climatique ». Ils alertaient sur le fait que des cadres juridiques spécialisés sont inexistants « alors qu’ils pourraient jouer un rôle clé pour assurer l’efficacité des réponses des États et des autorités locales, en particulier dans la définition des mandats et des pouvoirs légaux et dans l’attribution des fonds nécessaires à la mise en œuvre de leurs stratégies ».
Un niveau d’impréparation inquiétant mais qui pourrait s’expliquer : un milliard de personnes est un chiffre tellement énorme qu’il est difficile de le rendre concret. Pour utiliser une image, c’est un peu comme si un mauvais génie vidait, d’un coup de baguette magique, une immense partie de la population de la Chine et la déversait sur les autres pays de la planète. On peut imaginer alors plus facilement les conséquences. Autre élément difficile à concrétiser, l’échéance. 2050, cela paraît encore une date bien lointaine. Pourtant, un enfant qui entre en sixième cette année, sera dans la pleine force de l’âge pour assister au spectacle que ses parents ont programmé pour lui, dès aujourd’hui.
- POUR ALLER PLUS LOIN : Migrations : Idées reçues et propositions – Préface de François Gemenne – Editions Utopia, août 2019 – 152 Pages – Illustrations de Loïc Faujour