A la frontière entre la Biélorussie et la Pologne, le régime dictatorial de Loukachenko monte de toutes pièces une véritable crise migratoire. Des femmes et des hommes sont instrumentalisés, utilisés comme des pions au service d’une guerre qui ne dit pas son nom au cœur de l’Europe. La crise à la frontière entre la Biélorussie et la Pologne fait suite aux sanctions occidentales imposées au régime d’Alexandre Loukachenko l’an passé, après sa répression brutale de l’opposition politique. En guise de représailles, le Bélarus organise l’afflux de migrants à sa frontière avec la Pologne, dans des conditions inhumaines. Il s’agit d’un véritable chantage aux exilés qui doit cesser.
Au moins deux mille personnes sont actuellement bloquées dans des conditions de vie déplorables et inhumaines, sous des températures glaciales, coincées entre l’armée biélorusse et les barbelés, les gaz lacrymogènes et les canons à eau de la frontière polonaise. L’Union Européenne est-elle en mesure d’apporter une aide humanitaire d’urgence à ces personnes sur son sol ? L’organisation d’un corridor humanitaire et de voies légales et sécurisées de migrations peuvent-ils permettre de sortir de cette situation en affirmant une solidarité européenne pleine et entière ?
Certaines organisations comme le mouvement Place publique appellent la France et l’Union Européenne à désigner et prendre des mesures fermes contre les vrais responsables de cette tragédie, et à proposer un accueil humain, solidaire et digne au drame que vivent les personnes bloquées à cette frontière. Elles appellent les ministres des affaires étrangères des Vingt-Sept, à s’accorder sur une nouvelle série de sanctions à l’égard de la Biélorussie, et à ne pas faiblir ou se laisser intimider par ces manœuvres abjectes.
Toute la question est de refuser le chantage qui est fait ici. Les vies humaines ne peuvent jamais être utilisées comme des pions dans un jeu géopolitique nauséabond. Ne pas accepter les menaces et intimidations des régimes qui attaquent, c’est avant tout ne pas participer à une surenchère et à une transaction autour de personnes exilées. La rhétorique xénophobe et anti-migrants, qui agite la peur auprès de la population européenne, participe d’une telle manipulation.
Face à la tragédie en cours, il faut agir et dénoncer le plus clairement possible les États qui organisent une telle opération. L’actualité ne doit pas faire oublier la répression du régime illégitime Biélorusse face à la révolution, la torture et l’emprisonnement de ses opposants. Pour Place publique, le cynisme de la Russie, principal soutien du pouvoir biélorusse, ne doit pas non plus être oublié. Cet épisode participe clairement de la stratégie de Moscou d’attaque des institutions démocratiques européennes. L’organisation d’un pont aérien entre la Biélorussie et la Syrie de Bashar El-Assad pour créer un flux migratoire nous rappelle que, partout, les ennemis de la démocratie sont en guerre contre son modèle.
Face à l’instrumentalisation orchestrée de vies humaines, Place Publique propose un accueil solidaire aux personnes otages de cette manipulation. La réponse de l’Europe doit être unique et forte, à la mesure des enjeux humains et politiques qui se jouent.
Le mouvement Génération.s rappelle que ces « migrants », illégaux au regard du droit international, sont refoulés sans autorisation par une loi polonaise votée le 14 octobre dernier, en contravention avec le droit de l’Union européenne. Ne pouvant revenir en Biélorussie, certains migrants sont repoussés sept ou huit fois de suite. Face à cette situation, Alain Coulombel et Eva Sas, porte-paroles de la Commission Immigration d’Europe Écologie Les Verts expriment toute leur inquiétude quant à la dégradation de la situation humanitaire sur place. Les températures glaciales mettent en péril ces personnes.
EELV rappelle que le droit international de l’asile consacre un principe de non-refoulement des demandeurs d’asile. Les personnes prisonnières de ce qu’il convient de qualifier de no man’s land ne sauraient être considérées comme en situation irrégulière, tant que leur demande d’asile n’a pas été instruite. En outre, si les sanctions à l’encontre de Minsk se justifient par les violations des droits fondamentaux par le régime, il relèverait du paradoxe de ne pas répondre à l’urgence humanitaire, tant sur les campements de fortune que par un accueil des exilés. Depuis le début de la crise cet été, au moins dix personnes ont perdu la vie, dont un jeune Kurde irakien de 14 ans, mort de froid.
De plus, les témoignages de personnes exilées ayant réussi à rentrer sur le territoire polonais font état de sévices de la part des autorités biélorusses. La Pologne n’est pas non plus exempte de reproches : beaucoup de personnes migrantes signalent des violences commises par les garde-frontières polonais. Yannick Jadot l’a dit sur la matinale de France Inter : « Nous ne sommes pas face à une “submersion” migratoire comme le laisse entendre la droite française. Il est ici question de 4 000 personnes en grave danger de mort. Où sont donc les valeurs européennes quand la Pologne annonce vouloir ériger un mur et que nos dirigeants, par manque de courage politique, détournent le regard ? Organisons l’accueil, il en va de notre dignité. »
Les ONG sur place demandent de laisser accéder à la « zone d’état d’urgence » une aide médicale et humanitaire. D’autant que les territoires longeant la frontière avec la Biélorussie, sont devenus une zone de non-droit depuis l’instauration, début septembre, de l’état d’urgence, à laquelle ni les ONG ni les médias n’ont le droit d’accès. Elles répètent que soit respecté le droit d’asile des personnes, donc leur accès au territoire européen, moyennant une juste répartition des demandes entre États-membres.
Cette tragédie humaine montée en cynisme absolu est un triste révélateur de nos contradictions. Et c’est exactement ce que veut l’autocrate Alexandre Loukachenko. Dans son bras de fer permanent avec l’Europe sur le sujet des violations des droits de l’Homme dans son propre pays, il joue ici un coup abject mais très sophistiqué : déstabiliser l’Union européenne en mettant le projecteur sur nos contradictions et en nous poussant au crime, celui de l’hypocrisie humanitaire. Car en soutenant la Pologne, l’Europe se met en contradiction non seulement avec ses valeurs mais aussi avec son droit européen, par délégation.
En effet, la Pologne est hors-la-loi en refusant le passage et en refoulant les migrants ; elle est en infraction caractérisée avec la Convention de Genève, le principe de non-refoulement, l’article 3 de la Convention européenne des Droits de l’homme et les directives européennes sur le droit d’asile. En laissant faire le sale travail à la Pologne, l’Europe viole ainsi ses propres lois par procuration, sous les regards des drones de Loukachenko qui montrent aux yeux du monde notre déchéance tandis que les maîtres de Kiev et du Kremlin jubilent du mauvais coup qu’ils nous font. Et au milieu de tout cela, ce sont des migrants faméliques qui jouent leur vie. C’est-à-dire des hommes, des femmes et des enfants, jouets d’un cynisme d’Etat d’un niveau rarement atteint.
Curieux ! Vous évoquez la « déchéance » de l’Europe et semblez presque admiratif du « mauvais coup » organisé par Kiev et le Kremlin !! ??? Vous manquez de fermeté et de lucidité…