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Le Domaine de Pouzes : Une ode paysanne aux parfums d’agroécologie

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Il est un vallon secret, lové sur les avant-monts, entre Cévennes et Haut-Languedoc, où souffle l’âme de la terre et où chante le murmure du vent dans les lavandes. Ici, loin des plaines uniformisées et des jardins trop sages, Sophie et Gaétan de Clock ont choisi une autre voie : celle d’une paysannerie libre, intuitive et respectueuse, une alternative qui s’épanouit en harmonie avec la nature. Sur cinq hectares de cultures, bientôt dix, et cent soixante hectares de forêts veillées avec douceur, ils cultivent l’essence du vivant.

Dans leur ferme aux parfums d’autrefois, plantes aromatiques et médicinales grandissent au rythme des saisons, distillant leurs bienfaits en tisanes et huiles essentielles. La terre, préservée, parle ici une langue ancienne, celle des savoir-faire oubliés et des technologies réinventées. Entre techniques d’antan et capteurs d’humidité dernier cri, chaque geste est un dialogue avec le sol, un serment échangé avec la biodiversité qui les entoure. Depuis 2018, ce terroir cévenol, âpre et solaire, voit renaître des variétés sauvages, adaptées à sa rudesse, choyées comme un trésor fragile.

Domaine de Pouzes

Un savoir-faire ancré, un travail de patience

Sauge au séchoir

Tout commence par la plantation, réalisée avec une antique machine des années 50, remise sur pied après de longues heures de soudure et d’ingéniosité. Puis vient la récolte, minutieuse et respectueuse : certaines fleurs sont cueillies une à une, d’autres coupées à la faucille, tandis que les plus opulentes sont prélevées avec une récolteuse autoconstruite, inspirée des plans en open source de l’Atelier Paysan.

Le séchage se fait à l’ombre d’une grange réhabilitée, loin de toute source de chaleur artificielle. Dans cette obscurité bienveillante, les arômes et les couleurs s’ancrent, préservés jusqu’au dernier frisson de parfum. Uniquement guidés par le souffle des ventilateurs et les indications de capteurs discrets, les brins de sauge, de thym et de lavande s’abandonnent à la patience du temps. « L’important est de stopper le séchage juste avant que la feuille ne devienne cassante », confie Gaétan, gardien des saveurs intactes.

Vient ensuite le temps du tri, du mondage, cette alchimie délicate qui sépare les feuilles des tiges. Verveine, estragon, sauge : certaines sont travaillées encore vertes, d’autres, une fois séchées, sont battues avec une ancienne batteuse de 1920 ou effeuillées à la main pour conserver leur intégrité. « Chaque plante doit attendre son heure pour révéler son parfum, au moment exact où elle s’infusera dans une tasse de thé ou une goutte d’huile essentielle », précise Sophie avec un sourire complice.

Roses sur claie

L’alliance de la paysannerie et de la biodiversité

Ici, chaque geste est une promesse faite à la nature. Les cultures ne s’imposent pas au paysage, elles s’y intègrent, épousant les courbes du vallon, respectant la mémoire du sol. Pas d’intrants, aucun arrosage après plantation : seules les racines puisent au plus profond du schiste et du calcaire pour en extraire l’essence de ce terroir. Les variétés sauvages méditerranéennes sont choisies pour leur résilience, mais aussi pour leur complicité avec les pollinisateurs. Thym poivré du Salagou, sarriette de Saint-Guilhem, romarin de Mourèze, lavande du Caroux… autant de noms qui racontent un pays, une histoire, un savoir ancestral.

Ce domaine est un refuge, un écosystème préservé où chaque haie, chaque muret, chaque roncier maintenu participe à l’équilibre du vivant. « Nous sommes entrés ici sur la pointe des pieds », raconte Gaétan. « Le paysage aurait pu être celui du XVIIIe siècle, et nous avons choisi de le respecter tel quel. » Un tracteur de taille réduite évite de meurtrir le sol fragile, tandis que les cultures suivent les courbes de niveau pour retenir l’eau, ralentir son ruissellement et nourrir la terre en profondeur.

Chauves-souris et oiseaux partagent ces lieux, protégés par un partenariat avec le Groupement des Chiroptères du Languedoc-Roussillon et le programme Vigie-Nature. Plus qu’un domaine agricole, Pouzes est un sanctuaire où la faune et la flore se révèlent au fil des saisons, observées, comprises, respectées.

Une ferme à découvrir, un monde à partager

À partir du 1er avril, le Domaine de Pouzes ouvre grand ses portes aux curieux, aux amoureux du vivant. Deux fois par semaine, Sophie et Gaétan guideront les visiteurs à travers les champs en fleurs, bourdonnants de pollinisateurs, éveillant les sens à la diversité des parfums et des saveurs. On y parlera d’agroécologie, d’outils malins, de séchage traditionnel et d’avenir paysan.

La visite s’achève sur la terrasse, face au vallon baigné de lumière. Une tasse d’infusion chaude ou glacée entre les mains, chacun pourra savourer la quintessence de ces terres, et peut-être, emporter avec lui un peu de cet art de vivre où la nature et l’homme avancent ensemble, à pas feutrés, dans une même harmonie.

Au programme, découverte des champs en fleurs, couverts de pollinisateurs et devinette des variétés, décryptage de l’agroécologie, des outils ainsi que de la grange-séchoir… et enfin une dégustation d’infusions chaudes ou glacées.

Les jeudis en fin de journée (16 h au printemps, 18 h en été) et les samedis matin à 10 h. Visite Gratuite, sur réservation au 06 16 57 54 58. D’avril à octobre.

Le domaine de Pouzes participe une nouvelle fois à l’événement national de Ferme en Ferme, les 2 6 & 2 7 avril 2025.

Nouveauté, Les Nuits des Forêts auront lieu le 20 juin 2025 et les JNAgri le 9 juin 2025.

Ferme d’hôtes, le domaine de Pouzes propose une suite d’hôtes d’avril à octobre.

Domaine de Pouzes – 34600 Pézènes-les-Mines 

Herbier de Pouzes, ferme d’hôtes, engagements sur www.pouzes.fr 

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patricia.fetnan@gmail.com
2 jours

«  Le monde est parcouru de lignes de chant. Il appartient à chacun de les parcourir et de les reparcourir, sans cesse, en chantant, parce que sous ses pas, quelque chose s’éveillera. Mais si le chant s’arrête, le monde s’arrêtera aussi. » Mythe aborigène
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