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Des mini scanners pour dévoiler ce que nous mangeons réellement

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En choisissant cette pomme plutôt que celle-là sur l’étal de votre marché, vous laissez aller votre œil ou votre connaissance des variétés de fruits. Cette pomme d’un rouge étincelant semble meilleure que celle-ci, moins séduisante. Or on sait maintenant que les canons de la production agricole, quantitative et calibrée pour nos supermarchés, ont laissé tombé depuis longtemps les notions de goût et de qualité nutritionnelle. Avec ces scanners intégrés dans des smartphones, nous pourrons savoir en un clin d’œil quelle est la qualité précise des produits que nous mangeons.
 
Selon des recherches menées depuis déjà plusieurs années, Il faudrait aujourd’hui cinquante oranges pour obtenir le taux de vitamine C que l’on avait, en 1950, avec une seule orange. En un demi-siècle, la pomme de terre a perdu plus de la moitié de sa vitamine C et de son fer, plus d’un quart de son calcium. Et 100 % de sa vitamine A, un nutriment indispensable au développement des cellules et au fonctionnement du système immunitaire ! Nos fruits et légumes ont perdu entre 50 et 80 % de leur valeur nutritionnelle en quelques décennies.
Les raisons sont connues : agriculture intensive, course à la productivité, sélection de variétés résistantes, excès d’engrais qui augmentent la vitesse de croissance des plantes et diminuent proportionnellement le temps de fixation des micronutriments, etc. On produit plus mais la qualité nutritionnelle des produits que nous mangeons a considérablement baissé. Moins de vitamines, de sels minéraux, de nutriments.
 
Ces informations n’apparaissent jamais dans les fiches d’information sur la composition des produits. Nous achetons à l’aveugle, et consciencieusement, suivons la règle édictée des cinq fruits et légumes par jour, sans savoir si les qualités nutritionnelles qu’on leur prête sont vraiment au rendez-vous.
Le succès grandissant de l’agriculture bio est une des conséquences de ce phénomène. Les consommateurs veulent manger des produits de qualité, pas seulement pour ce qui concerne le goût mais aussi pour leurs apports essentiels à la santé humaine. Le regretté Jean-Pierre Coffe était devenu le chantre haut en couleur de la lutte contre la malbouffe. Il aurait adoré les innovations qui sont en train de sortir de nos laboratoires et qui vont donner un poids considérable aux consommateurs que nous sommes. Plus de triche possible. Les qualités des aliments qu’on nous propose s’afficheront désormais au grand jour.
 
Plusieurs applications ont vu le jour ces derniers temps. Nous avions relaté le scanner Scio, un mini spectromètre de fabrication israélienne, capable de mesure la composition des aliments.

LIRE DANS UP’ : Scio, le scanner de poche révolutionnaire

Aujourd’hui c’est au tour d’une startup issue du MIT, TellSpec ,de nous proposer un scanner de la taille d’un grain de riz, intégré à un smartphone. Il suffit de le diriger vers le produit convoité ; fruit, légume, viande, etc. pour aussitôt connaître son taux de vitamine C, de fer, de sels minéraux, de calories, mais aussi combien de temps il aura passé dans un entrepôt frigorifique et quelle est la variété ou l’espèce, s’il s’agit d’un poisson ou d’une viande, que l’on vous propose.
 
 
Comment cela est-il possible ? Ces technologies combinent la spectroscopie, des capteurs bioinformatiques qui, couplés à des algorithmes reliés à des bases de données complexes situées dans le cloud, permettent de mesurer au niveau moléculaire la composition d’un aliment. Les informations apparaissent instantanément sur votre smartphone pour vous éviter d’acheter n’importe quoi.
 
Ces appareils répondent à toutes les questions qu’un consommateur avisé est en droit de se poser :
 
  • Y-a-t-il des résidus de pesticides sur cette fraise ?
  • La teneur en calories / matières grasses / protéines vitamine figurant sur l’étiquette est-elle juste ?
  • Est-ce que le bœuf ou de la viande de cheval ?
  • Ces épinards biologiques ont-ils plus de vitamine A que les épinards classiques ?
  • Est-ce du miel ou du sirop de maïs ambré ?
  • Quel est le pourcentage réel de matière grasse dans ce fromage ?
  • Combien y-a-t-il d’eau dans ce yaourt ?
  • Ce gâteau contient-il du gluten ?
 
Ces appareils, vendus à des prix très accessibles, annoncent une révolution. En effet, aujourd’hui les consommateurs sont obligés de faire confiance aux gouvernements et aux autorités professionnelles sur, par exemple, la teneur en pesticides des produits alimentaires. Ces scanners deviennent de véritables détecteurs de mensonge. Ils vont non seulement changer notre relation à la nourriture, développer notre « conscience nutritionnelle », mais aussi changer les pratiques de certains de ceux qui nous la vendent ou la produisent.
 
Sur ce dernier point, le nutritionniste Christian Rémésy invitait, dans une tribune publiée dans Le Monde à cesser « de nous gaver de produits animaux coûteux à produire et de produits transformés riches en calories vides ; apprenons à consommer des aliments de bonne qualité nutritionnelle. L’industrie agroalimentaire a réussi à nous fournir des aliments sûrs au niveau microbiologique, elle doit maintenant produire des aliments sains sur le plan nutritionnel. Sa responsabilité évidente dans l’épidémie d’obésité pourrait l’inciter à relever un nouveau défi nutritionnel, porteur aussi d’un enjeu économique intéressant ».
 
Certes, pour y parvenir, il faut repenser de fond en comble notre modèle agricole et alimentaire. Il faut mettre en place une agroécologie très économe en intrants qui augmente la matière organique des sols et développer une agriculture nourricière tournée vers la satisfaction des besoins nutritionnels humains, moins centrée vers les productions animales. Un long parcours semé d’embûches et de pressions de toutes parts. Les innovations technologiques comme ces petits scanners, s’ils se généralisent, accéléreront sans nul doute le mouvement et le changement des mentalités.
 
 
 

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Corine Pelluchon
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