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Vaches laitières
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En Normandie, les agriculteurs se ruent vers le bio

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L’agriculture bio peut-elle permettre aux agriculteurs de sortir de la crise profonde dans laquelle ils sont pour nombre d’entre eux en train de sombrer. C’est la question que nous posions dans UP en faisant état d’une étude démontrant les performances de l’agriculture bio en termes de rendement, de productivité et de sécurité. Aujourd’hui, de nombreux agriculteurs semblent avoir entendu l’appel du bio. Ils se ruent pour se convertir. Mais attention, danger. En effet, une conversion demande de la trésorerie, du temps, une volonté bien ancrée pour changer tout son modèle de production et de pensée, s’inscrire dans des circuits de distribution courts. Le bio ne peut être qu’une bouée de sauvetage. C’est un changement profond que les organismes professionnels et les pouvoirs publics semblent bien en peine à accompagner.
 

LIRE DANS UP’ : L’agriculture est-elle en crise alors que le bio pourrait nourrir 9 milliards d’humains en 2050 ?

 
En Normandie, le groupement des agriculteurs biologiques est submergé comme jamais par les appels « paniques » de producteurs conventionnels qui espèrent s’en sortir en se convertissant à l’agriculture bio. « Lors de la dernière crise en 2009 on avait eu une vague de demandes de conversion mais là, c’est une explosion, du jamais vu. On a un appel par jour. Des appels paniques de conventionnels prêt à se lancer, même sans aide », explique Thierry Restout, vice-président de l’association de producteurs Agrobio Basse-Normandie (ABN), interrogé par l’AFP en marge de l’assemblée générale des agriculteurs bio du Calvados, jeudi à Villers-Bocage.
 
Plus de la moitié des appels proviennent de producteurs de lait, précise Guillaume Fernagu, coordinateur d’ABN. « On gère l’urgence. On a du mal à traiter tous les dossiers. Un diagnostic pour une ferme demande trois ou quatre jours. Or, on n’a que 4,5 salariés qui y travaillent », poursuit M. Restout, lui-même producteur de lait.
 
Pour se lancer, il faut un minimum de trésorerie et le virage est plus facile à négocier quand on a déjà une bonne part d’herbe dans l’alimentation des bêtes que lorsqu’on est dans le « tout maïs » acheté à l’extérieur. Et certains conventionnels sont aujourd’hui dans une situation financière trop dégradée pour pouvoir trouver une laiterie avec qui contractualiser avant les deux ans de conversion.
 
Répondre à ces urgences est d’autant plus difficile que le « flou » règne sur les aides, souligne M. Restout. Jeudi la Fédération nationale d’agriculture biologique (FNAB) a dans un communiqué tiré la sonnette d’alarme. « Les aides à la conversion et au maintien en biologique sont gravement menacées » car « le nombre croissant d’agriculteurs qui souhaite y passer a été largement sous-estimé ! », déplore la FNAB. Les enveloppes prévues pour 2015-2020 sont déjà épuisées dans certaines régions, s’alarme la FNAB.
La demande de lait bio en revanche est toujours là, assure ABN. « Pour l’instant on trouve des laiteries mais ce ne sera peut-être pas le cas dans un mois car leur demande est par à-coups », explique M. Fernagu.
Face à l’afflux, « la porte est ouverte » mais les « dossiers sont regardés de très près », a indiqué à l’AFP Christophe Baron, président de Biolait.
 
La collecte de lait de vache biologique a doublé depuis 2009 à 558 millions de litres mais ne représente que 2,26% de la collecte en France, selon l’Agence bio. La France comptait 2.373 exploitations laitières bio fin 2014, soit 65% de plus qu’en 2009.
 

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