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« L’intelligence artificielle va bouleverser l’ordre mondial »

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Quels sont les liens entre les nouvelles technologies et les politiques publiques ? Jérôme Pesenti, vice-président intelligence artificielle de Facebook, présentait le 27 février à Sciences Po le rapport qu’il a remis au gouvernement britannique sur le développement de l’industrie de l’intelligence artificielle au Royaume-Uni. L’occasion d’un débat sur ce thème avec notamment François Taddei, directeur du Centre de recherches interdisciplinaires de l’Université Paris 7.
 
Jérôme Pesenti, nouveau Vice-Président du laboratoire d’intelligence artificielle FAIR de Facebook, a remis en octobre 2017 au gouvernement britannique un rapport « Growing the Artificial Intelligence industry in the UK » (« Développer l’industrie de l’intelligence artificielle au Royaume-Uni »), co-écrit avec le Professeur Dame Wendy, professeur d’informatique à l’université de Southampton. Ancien PDG de la startup BenevolentTech, spécialisée dans l’intelligence artificielle en matière de santé, et ancien responsable du très médiatisé programme Watson d’IBM, le français Jérôme Pesenti a rejoint Facebook, aux côtés de l’autre français, Yann LeCun, fondateur du laboratoire FAIR, recruté par Mark Zuckerberg en 2013.
 
L’intelligence artificielle (IA) a fait l’objet de discussions et de publications au Forum économique mondial réuni à Davos [1] en janvier, étant l’une des technologies de la « Quatrième révolution industrielle [2] ». L’IA est prioritaire pour le gouvernement britannique, puisqu’elle est l’un des quatre grands enjeux identifiés dans la toute nouvelle stratégie industrielle britannique : « développer l’intelligence artificielle et une économie fondée sur les données ». Les autres enjeux sont la croissance propre, la mobilité du futur, et la société vieillissante.
 
Objectif de ce rapport : améliorer l’accès aux données, approfondir les compétences, renforcer la recherche, et encourager l’adoption de l’intelligence artificielle avec la nécessité de construire un discours positif autour de l’IA, étant donné que la seule évocation du mot soulève souvent une vague d’inquiétudes. L’effet « Big Brother », d’une « super intelligence artificielle » fait souvent peur, toute-puissante et autonome, aux capacités égalant ou surpassant celles des hommes. Les affirmations largement médiatisées du physicien Stephen Hawking ou du fondateur de Tesla Elon Musk ont alimenté une vision apocalyptique de l’IA, perçue comme une menace globale pour l’être humain. Ces positions trouvent un écho dans la sphère sociale et politique, avec des inquiétudes profondes liées à la perte d’emplois et à la survenue d’un chômage de masse, dont il faudrait anticiper les conséquences dès aujourd’hui. Derrière toutes ces craintes, c’est la peur d’une dépossession qui s’exprime : la machine dépossèderait l’homme de sa suprématie, de ses emplois, voire menacerait sa survie. Ce qui semble terrifiant, c’est au fond l’idée que le monde puisse un jour se passer de l’homme. 
 
La super intelligence, définie par le philosophe Nick Bostrom comme « un intellect bien plus brillant que les meilleurs cerveaux humains, et cela dans presque tous les domaines, y compris la créativité scientifique, le bon sens et les aptitudes sociales » n’est pas encore à l’ordre du jour. L’IA vise à priori à augmenter les capacités humaines, et non à s’y substituer. L’un des principaux enjeux est donc la confiance, nécessaire à l’acceptation de ces technologies. C’est le cas des véhicules autonomes et connectés, ou des systèmes de reconnaissance faciale par exemple.
 
L’utilisation accrue de l’intelligence artificielle (IA) peut apporter des avantages sociaux et économiques majeurs au Royaume-Uni. L’IA,permet d’ analyser et d’ apprendre de l’information avec plus de précision et de rapidité que les humains, offrant des gains massifs d’efficacité et de performance à la plupart ou à tous les secteurs industriels, de la découverte de médicaments à la logistique. L’IA peut être intégré aux processus existants, les améliorer, les mettre à l’échelle et réduire leurs coûts, en prenant ou en suggérant des décisions plus précises grâce à une meilleure utilisation de l’information.
 
Alors que d’autres pays et des entreprises internationales investissent massivement dans le développement de l’IA, le Royaume-Uni est toujours considéré comme un centre d’expertise, du moins pour le moment. Le rapport recommande que l’on fasse davantage pour tirer parti de l’héritage de Turing pour faire en sorte que le Royaume-Uni demeure parmi les chefs de file en matière d’IA. Aussi, pour poursuivre le développement et l’application de l’IA, le Royaume-Uni devra faciliter l’accès aux données dans un plus large éventail de secteurs. Le rapport recommande donc :
  • Le développement de fiducies de données, pour améliorer la confiance et faciliter le partage des données ;
  • De rendre plus de données de recherche lisibles par machine ;
  • De soutenir l’exploration de textes et de données comme outil standard essentiel pour la recherche.
Des experts qualifiés sont nécessaires pour développer l’IA, et ils sont rares. Pour développer davantage l’IA, le Royaume-Uni aura besoin d’une main d’œuvre plus nombreuse avec une expertise approfondie en IA. Le rapport recommande :
  • Un programme de maîtrise financé par l’industrie en IA
  • Une étude de marché pour élaborer des cours de conversion en AI qui répondent aux besoins des employeurs
  • 200 doctorats de plus en AI dans des universités britanniques de premier plan, attirant des candidats d’horizons divers et du monde entier.
  • Des cours en ligne sur l’IA de perfectionnement professionnel continu menant à la maîtrise ès sciences
  • Une diversité accrue de l’effectif d’AI
  • Un programme international de bourses AI pour le Royaume-Uni.
Le Royaume-Uni a un bilan exceptionnel en matière de recherche clé sur l’IA. Le renforcement de sa capacité en matière d’IA impliquera de développer à l’avenir cette capacité en multipliant les recherches sur l’IA dans différents domaines d’application et en coordonnant les capacités de recherche. Le rapport recommande :
  • L’Institut Alan Turing devrait devenir l’institut national pour l’intelligence artificielle et la science des données ;
  • Les universités devraient promouvoir la normalisation dans le transfert de la propriété intellectuelle ;
  • La capacité informatique pour la recherche sur l’IA devrait être coordonnée et négociée.
Accroître l’adoption de l’IA signifie accroître la demande et l’offre en comprenant mieux ce que l’IA peut faire et où elle pourrait être appliquée. Le rapport recommande :
  • Un conseil d’IA pour promouvoir la croissance et la coordination dans le secteur ;
  • Des conseils sur la façon d’expliquer les décisions et les processus mis en place par l’IA ;
  • Un Soutien à l’exportation et aux investissements étrangers ;
  • Des conseils sur l’application réussie de l’IA pour améliorer l’industrie ;
  • Un programme d’appui à l’utilisation de l’IA par le secteur public ;
  • Des défis financés autour des données détenues par les organismes publics.
Les travaux ont montré que les mesures prises dans ces domaines pourraient permettre une amélioration sensible de la croissance de l’IA britannique. Ce rapport contient 18 recommandations qui décrivent comment le gouvernement, l’industrie et le monde universitaire devraient travailler ensemble pour que le Royaume-Uni reste parmi les leaders mondiaux de l’IA.
et les recommandations (en anglais)
 
 
[1] Celine Herweijer (24 janvier 2018) 8 ways AI can help save the planet  : cet article cite notamment les véhicules autonomes et connectés, les réseaux de distribution d’énergies renouvelables, l’agriculture intelligente et les systèmes alimentaires intelligents, les prévisions météorologiques et climatiques de nouvelle génération,  les réponses intelligentes face aux catastrophes, les villes intelligentes et connectées, la surveillance numérique et transparente de la planète, et une meilleure connaissance des sciences de la Terre.
[2] Klaus Schwab (2018) Shaping the fourth industrial revolution
 
 
Pour aller plus loin :
 
Livre blanc de Deloitte « Pourquoi il ne faut pas avoir peur de l’Intelligence Artificielle ».
Rapport du World Economic Forum sur les aptitudes les plus recherchées en 2020.
 
Photo d’entête : Film « The Imitation Game », sur l’itinéraire d’Alan Turing qui déchiffra le code allemand Enigma, inventa la « machine universelle »,  précurseur de l’intelligence artificielle. Avec l’acteur Benedict Cumberbatch.
 

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