Citéco met en lumière l’œuvre de Samuel Bolendorff avec l’exposition Contaminations, Après moi le Déluge. Ce photo-reportage est le fruit d’une réflexion sur les pollutions industrielles irrémédiables, transformant pour des décennies, voire des siècles, des territoires en zones impropres au développement de la Vie. Un tour du monde de zones contaminées par l’Homme du XXIe siècle et ses industries chimiques, minières ou nucléaires, qui laisse des pans entiers de notre planète souillés, en héritage pour les générations à venir.
Samuel Bollendorff est allé d’Anniston aux Etats-Unis à Dzerjinsk en Russie, de Fort Chipewyan au Canada à Regencia au Brésil, de Fukushima au Japon à «la terre des feux» à côté de Naples, jusqu’au grand gyre du Pacifique. Il a enquêté sur des millions de kilomètres carrés contaminés en cherchant à adapter ensemble notre pratique du journalisme aux défis de la crise environnementale pour donner à voir l’invisible.
« J’ai fait le tour de la Terre en 2018. Ça ne prend que quelques heures tant elle est petite, fragile. Et où que mon regard se soit porté, il s’est perdu dans l’obscurité. Un fleuve mort sur 650 km, des poissons déformés, des forêts radioactives, des enfants qui naissent sans yeux, des mafieux qui trafiquent des déchets nucléaires, des déchets plastiques à la dérive au milieu d’un océan devenus les premiers maillons d’une chaîne alimentaire dégénérée… Qu’avons-nous laissé faire ?
Contaminations est le fruit de cette réflexion sur ces pollutions industrielles irrémédiables, transformant pour des décennies, voir des siècles, des territoires en zones impropres au développement de la Vie. Un tour du monde de zones contaminées par l’Homme du XXIe siècle et ses industries chimiques, minières ou nucléaires, qui laisse des pans entiers de notre planète souillés, en héritage pour les générations à venir.
Méthane, acide prussique, phosgène, phosphore rouge, oxyde d’éthylène, chlorure de vinyle, phénols, dérivés d’arsenic, de cyanure, de chlore, sulfure d’hydrogène, soude caustique, pétrole, bisphénol, DDT et PCB sont autant de molécules et produits de synthèse dont les concentrations dans les sols, les eaux et la chaine alimentaire, prendront des décennies, des siècles, parfois des milliers d’années, à retrouver des concentrations viables pour l’humain.
Face à ces constats, les discours de communication des industriels sont d’une cynique violence. Les porte-paroles des compagnies pétrolières revendiquent une énergie verte à propos des sables bitumineux, les pollueurs brésiliens, connues pour leur corruption, ne sont pas condamnés, et à Fukushima, l’exploitant de la centrale fait du lobbying pour rejeter ses millions de litres d’eaux contaminées dans l’océan… et les taux de cancer augmentent en flèche. Mais les industriels n’ont pas un dollar à perdre. Après moi le Déluge !
Depuis 20 ans j’ai travaillé sur des sujets de précarité. Longtemps j’ai imaginé que ces histoires n’étaient pas les miennes. Croyant peut-être pouvoir me protéger du poids des témoignages des plus fragiles en imaginant avoir la chance de ne pas être
dans les situations que je photographiais. Aujourd’hui, j’ai fait le tour de la Terre, et je l’ai vu si petite, si fragile… Et nos déchets sont partout, contaminant les terres, les eaux et les airs. Nos océans immenses sont souillés jusqu’en Arctique, des milliers de tonnes de déchets polluent déjà l’Espace. Continuer c’est être aveugle, ces histoires sont la nôtre. »
Samuel Bollendorff
Ces enquêtes ont été réalisé en coproduction avec le journal Le Monde et les journalistes Simon Roger (Canada), Stéphane Foucart (USA), Claire Gatinois (Brésil), Isabelle Mandraud (Russie), Jérôme Gautheret (Italie), Stéphane Mandard (Japon) et Patricia Jolly (Pacifique).
Exposition Contaminations. Après moi le déluge ! Du 1er décembre 2022 au 23 avril 2023 à la Cité de l’économie – Citéco – 1, place du Général-Catroux – 75017 Paris
Photo d’en-tête : Contaminations – Fukushima