Économie circulaire et plastique en Île-de-France : les dynamiques de réemploi et de recyclage – Ouvrage collectif de l’ADEME Ile de France et Région Ile de France – Septembre 2023 – 100 pages
La Région Île-de-France et l’ADEME Île-de-France ont accompagné de 2016 à 2022 141 projets visant à supprimer, réduire et recycler le plastique, mobilisant près de 18 M€ d’aides. Afin de faire un bilan d’étape, l’ADEME Île-de-France et la Région Île-de-France se sont associées pour réaliser un livret pédagogique et opérationnel : “Économie circulaire et plastique en Île-de-France : les dynamiques de réemploi et de recyclage”.
Ce livret vise à inspirer des porteurs de projets souhaitant lutter contre le plastique à usage unique et entrer dans une économie circulaire sobre et résiliente.
Île-de-France, territoire d’initiatives
Avec 12 millions d’habitants et plus de 400 000 entreprises (start-ups, PME, grands groupes), l’Île-de-France est un territoire propice au développement de projets structurants. Territoire d’accueil de la prochaine édition des Jeux Olympiques, l’Île-de-France doit pouvoir faire preuve d’exemplarité. Grâce au soutien financier de l’ADEME Île-de-France et de la Région, à hauteur de 17,9 M€, le nombre de projets accompagnés n’a cessé de croître depuis 2016 (141 projets accompagnés entre 2016 et 2022). En 2021, 73 projets ont vu le jour, laissant présager une mobilisation croissante des acteurs dans les années à venir.
Comme souligné par Yann Wehrling, Vice-Président de la Région IDF : “si les chiffres sont encourageants, pour diminuer l’impact du plastique, il faut réinventer nos pratiques de production et de consommation pour en conserver les usages les plus pertinents. C’est cela le zéro plastique : supprimer l’inutile, systématiser le réemploi d’emballages dès qu’il est possible et recycler les déchets inévitables”.
Les collectivités comme les réseaux locaux d’entreprises constituent en effet un potentiel pour réduire le plastique à usage unique, notamment grâce au déploiement du réemploi des emballages (consigne pour réemploi) et du vrac, mais aussi au travers de l’écoconception et de la mise en place de boucles locales de recyclage.
La réglementation, levier puissant d’une montée en puissance des initiatives pour le réemploi des emballages et contenants
En 2020, à l’occasion de la COP Régionale, l’engagement a été pris d’accompagner la suppression des plastiques à usage unique d’ici 2030. Pour atteindre cet objectif, le développement du vrac ou du réemploi des emballages sont des leviers importants. En Île-de-France, les initiatives sur ce front se multiplient : entre 2016 et 2022, une centaine de projets d’études, d’expérimentations et d’investissements ont été financés pour un total de 9,2 M€. La Région et l’ADEME Île-de-France ont ainsi accompagné 33 projets de consigne depuis 2020.
La réglementation en faveur de la sortie du plastique à usage unique (1) a une forte incidence sur le déploiement du réemploi : la moitié des projets accompagnés concerne le secteur de la restauration (collective, commerciale). Les collectivités, avec une importante activité de restauration (par exemple : restaurants scolaires, portage à domicile), sont également directement concernées par la réglementation : 16 projets les concernant ont ainsi été accompagnés pour supprimer leurs contenants jetables en plastique au profit de contenants réutilisables. Fortes de leurs compétences liées au développement économique, propreté, aménagement et économie circulaire, les collectivités sont des acteurs indispensables pour faire avancer la transition vers le zéro plastique. Ainsi, comme le précise Jérémie Almosni, Directeur régional de l’ADEME Île-de-France : “En France, la réglementation nationale est claire : il est urgent d’arrêter les emballages plastiques à usage unique ! Les enjeux écologiques sont majeurs : leur durée de vie est courte et la multiplicité des résines plastiques rend leur recyclage complexe, et la région Île-de-France, de par ses spécificités et sa visibilité, concentre les enjeux et les attentes.”
Les éco-organismes (Citeo, Léko et Adelphe) se placent également comme de nouveaux acteurs du financement du réemploi des emballages, sous l’impulsion notamment de l’article 9 de la loi AGEC qui donne des objectifs quantitatifs aux metteurs en marché pour augmenter progressivement la part minimale de contenants et emballages réemployés (5% en 2023 et 10% en 2027). Ainsi, étant donné le potentiel d’emballages réemployables, notamment dans la grande distribution, un passage à l’échelle se dessine.
L’Île-de-France à la traîne sur les projets de valorisation du plastique
Avec un taux de recyclage global des plastiques de 14% en Île-de-France en 2021 (contre 26% à l’échelle nationale), la collecte et les filières de la plasturgie et du recyclage ont encore une grande marge de progression pour atteindre les objectifs régionaux et nationaux. Plusieurs raisons peuvent expliquer ce faible taux. L’une d’elles concerne les difficultés liées au tri, les plastiques couvrant une multitude de résines et leur potentiel de recyclabilité variant en fonction des usages. Une autre raison porte sur la dissémination des tonnages, qui complique le captage des déchets : en Île-de-France, en effet, sur les 560 000 tonnes de déchets plastiques ménagers, moins de 10% sont recyclés, et sur les 260 000 tonnes générées par les activités économiques, seuls 17% sont recyclés. Si une dynamique est engagée sur le réemploi, le potentiel de développement de projets locaux de recyclage reste important en Île-de-France. Depuis 2016, une dynamique est lancée pour développer des solutions de recyclage de plastiques et l’incorporation de matière plastique recyclée (MPR) dans les productions industrielles. Des projets ont principalement été accompagnés par l’ADEME IDF dans le cadre de l’appel à projets ORPLAST et de l’AMI Masques de la Région Île-de-France. L’AAP ORPLAST 3 de l’ADEME a notamment permis de financer 15 projets franciliens pour un montant global de 5 millions d’euros.
Cependant, les projets de valorisation accompagnés par l’ADEME et la Région ne concernent que ¼ des projets liés au plastique entre 2016 et 2022. L’Île-de-France doit retrouver le chemin de la réindustrialisation pour augmenter son taux de recyclage et accéder à une matière propre, recyclable et de meilleure qualité.
(1) Depuis le 1er janvier 2022, « les gobelets, les couverts, les assiettes et les récipients utilisés dans le cadre d’un service de portage quotidien de repas à domicile doivent être réemployables et faire l’objet d’une collecte » (article 77 de la loi AGEC). Au 1er janvier 2025 (2028 pour les plus petites communes), l’utilisation de contenants alimentaires en plastique sera interdite pour la cuisson, la réchauffe et le service dans les établissements scolaires et universitaires, ainsi que des établissements d’accueil des enfants de moins de six ans (article 28 de la loi EGAlim).