La galerie Ceysson & Bénétière de Saint-Étienne ouvre ses portes à un univers où la photographie transcende ses frontières usuelles. Du 13 décembre 2024 au 15 février 2025, l’œuvre d’Aurélie Pétrel, artiste lyonnaise à l’avant-garde de l’exploration visuelle, est mise à l’honneur. Avec une audace rare, elle questionne le statut de l’image et en déconstruit les mécanismes de production. Cette célébration se prolongera dès le 14 février 2025 au Site Le Corbusier de Firminy, enrichie par une série de rencontres captivantes.
Depuis 2001, Aurélie Pétrel cultive la notion fascinante de « partition photographique », un concept à double facette. Inspirée de la composition musicale, cette approche permet des lectures et interprétations infinies, tout en explorant l’idée de partage et de redistribution. À travers des créations où le visible flirte avec l’impossible — comme l’étonnante impression de photos « blanc sur blanc » —, l’artiste déploie une réflexion où l’image, l’espace et le temps dansent ensemble dans une parfaite harmonie.
Fascinée par ces écarts, elle construit un espace où l’œuvre et l’architecture deviennent mobiles, où le temps se projette dans l’espace, comme avec les séries développées autour de l’œuvre de l’architecte américain Peter Eisenman. Son approche déconstruit les hiérarchies traditionnelles, incitant les spectateurs à interagir physiquement avec l’œuvre, rendant le regard et le corps essentiels à l’expérience, dont l’iconique Chambre à Tokyo, 2011.
Sa série emblématique, « Les Dormeurs« , s’élève en métaphore puissante de latence et d’attente. Comme ces passagers endormis à Beijing, les photographies de Pétrel semblent sommeiller, suspendues dans le temps, prêtes à révéler une vie cachée. Chaque cliché devient une méditation sur l’éveil et la mémoire, plongeant le spectateur dans une rêverie délicate. Ces photographies se retrouvent en quelque sorte au repos, attendant un réveil imminent. Le sommeil, par conséquent, devient un état auquel l’artiste est particulièrement réceptive, car il fait écho à ses propres images mises en réserve et à sa capacité de générer des images mentales.
L’installation « Minuit chez Roland », présentée à la Biennale de Lyon en 2022, offre un autre exemple de l’intensité narrative de son art. Inspirée par un carnet-agenda trouvé à Beyrouth, cette œuvre, se déployant sous la forme d’un labyrinthe de verre, mêle verre et lumière, évoquant à la fois la fragilité et la résilience de récits intimes, tout en invitant à une immersion poétique et historique. Cette œuvre complexe reflète la fragilité et la résistance d’histoires individuelles, plongeant le spectateur dans une expérience immersive. Il peut s’y perdre…
Avec des œuvres présentes dans les collections prestigieuses du Centre Pompidou, du Musée de l’Élysée de Lausanne, et de nombreux FRAC, Aurélie Pétrel s’affirme comme une figure essentielle de la scène contemporaine. Son exposition à Saint-Étienne et Firminy promet d’être une ode éclatante à l’art du regard, une invitation à repenser la photographie comme un espace infini de transformation et de dialogue.
Photo d’en-tête : Vue d’exposition © Cyrille Cauvet