Du 14 octobre 2025 au 12 juillet 2026, la Cité des sciences et de l’industrie invite le visiteur à franchir le seuil d’un monde renversé. Avec No Limit, Alexis Tricoire signe une installation immersive où la nature se déploie à l’envers, suspendue au-dessus de nos têtes, miroir d’une humanité qui marche sur la sienne. Entre poésie et vertige, cette œuvre questionne nos illusions d’abondance et réveille notre conscience écologique. Un monde fantasmagorique « sans dessus-dessous ».
Et si le ciel devenait terre, et la prairie un plafond ? Dans la cabane végétale d’Alexis Tricoire, l’horizon bascule, les repères s’effacent. Ici, tout semble flotter dans un rêve étrange où les racines pendent au-dessus des têtes, où les miroirs ouvrent des abîmes d’infini. No Limit — tel un cri suspendu — nous plonge dans un univers fantasmagorique où l’art et l’écologie s’enlacent pour dire l’urgence du vivant.
Sous la direction botanique d’Éric Lenoir, le designer précurseur du végétal, sculpte un paysage inversé, à la fois sublime et inquiétant, pour mieux refléter le désordre de notre monde. En marchant dans ce jardin sans dessus dessous, le visiteur traverse une fable sensorielle : celle d’une planète à bout de souffle, mais encore capable d’émouvoir, d’émerveiller, de faire réfléchir.

Alexis Tricoire est lauréat du concours de l’exposition Jardiner à la Cité des Sciences et de l’industrie pour son projet No Limit, installé dans l’espace « Jardin Spontané ». L’installation No Limit véhicule un message fondamental sur la préservation de nos ressources naturelles : elle nous rappelle que notre civilisation repose sur l’illusion de ressources infinies, alors qu’elles sont en réalité limitées et proches de l’épuisement. Dans ce paysage inversé, nous avons perdu nos repères et marchons sur la tête.
Le visiteur se retrouve immergé entre plusieurs paysages sans limites : le plafond de cet espace installé dans une « cabane » de bois est entièrement recouvert de végétaux
secs ou stabilisés, suspendus, recréant un carré de prairie à l’envers. Les murs sont recouverts de miroirs, étendant cette représentation du jardin à l’infini. Au sol, de grandes tables courbes invitent les visiteurs à suivre un parcours sinueux. Recouvertes également de miroirs, elles créent l’illusion d’un autre jardin, où les végétaux semblent s’élever vers le ciel, projetant le visiteur en lévitation.
Cette exposition, qui sera itinérante à partir de 2026 pendant cinq ans à l’international, porte le message de la philosophie du Studio Tricoire Design, qui œuvre depuis plus de vingt ans à la sensibilisation au respect de l’environnement tant en milieu naturel qu’urbain au travers de ses créations artistiques.
« Pour cette exposition, j’ai été inspiré par le travail du paysagiste Éric Lenoir (auteur du Grand Traité du Jardin Punk, édition Terre Vivante), qui réalise des « jardins spontanés » en minimisant au maximum son intervention ainsi que leur besoin en eau. Il s’agit d’un jardin hautement écologique. Éric a réalisé le conseil botanique sur ce projet avec une validation des espèces sélectionnées.
Mon engagement écologique rejoint celui d’Éric Lenoir. Il m’a fait visiter son jardin et j’ai compris sa philosophie. Je l’ai traduite ici en y ajoutant mon intention personnelle qui est la sensibilisation du public aux limites d’exploitation de la nature. Je suis convaincu que l’art a le pouvoir de toucher les gens profondément. En créant des structures immersives, où la nature se révèle mystérieusement belle et surréaliste, je place le public dans ce que j’appelle un « piège à émotions », censé ouvrir le cœur des visiteurs pour leur permettre d’accueillir plus facilement une réalité scientifique parfois difficile à concevoir.
Je souhaite que les visiteurs vivent un choc émotionnel entre la beauté subjuguante de l’installation et l’état préoccupant de notre environnement. L’objectif étant de les inviter à développer une réflexion profonde et peut-être de les aider à changer certains de leurs comportements. Comme dans ce paysage inversé, où nous avons perdu nos repères, j’espère que les visiteurs se questionneront sur leur place et leur impact sur la planète. »

Alexis Tricoire : précurseur du Design Végétal
Alexis Tricoire est designer et plasticien. Précurseur du design avec le végétal depuis plus de vingt ans, il place le vivant au cœur de notre quotidien. Par ses installations immersives, il vise à sensibiliser le public aux enjeux cruciaux de la préservation de la nature. Chaque projet véhicule un message fort, invitant à une meilleure compréhension des phénomènes naturels et à une prise de conscience sur la nécessité de préserver notre environnement.
Après une formation de plasticien de l’environnement à l’ENSAAMA (École nationale supérieure d’Arts Appliqués et Métiers d’Art), puis un diplôme de concepteur mobilier à l’ENSAD (École nationale Supérieure des Arts Décoratifs) de Paris, Alexis Tricoire se forme en architecture d’intérieur à l’école de l’Art Institute de Chicago, aux
USA à la fin des années 90. Il fonde son studio de design pour y développer une recherche appliquée sur les nouveaux modes de vie, notamment le nomadisme à l’époque de l’avènement des ordinateurs portables et des smartphones.
Sa carrière prend un tournant décisif en 2006, lorsqu’il collabore avec le botaniste Patrick Blanc pour la scénographie de l’exposition « Folies végétales » à l’espace EDF Electra à Paris. Ensemble, ils créent des dispositifs innovants et spectaculaires qui mettent en scène des végétaux vivants dans un environnement muséal.
Le studio Tricoire Design se spécialise alors dans la conception d’objets et d’espaces destinés à rapprocher les citadins de la nature comme le lustre Babylone édité par Greenworks, des réalisations de mobilier urbain en partenariat avec Atech et TF Urban, mais aussi des micro-architectures telles que la hutte Nouveau Monde présentée au Grand Palais lors de l’exposition Solutions COP 21.
Les réalisations d’Alexis Tricoire s’exportent au-delà des frontières, en Autriche et en Allemagne, à Shanghai, Bali et Doha pour Hermès. Des acteurs majeurs tels que Westfield Unibail Rodamco, SFL, BNP Reim et les Galeries Lafayette s’intéressent à son travail, lui confiant la création de sculptures monumentales pérennes et la
réalisation de mobiliers originaux spectaculaires dans des espaces commerciaux et d’affaires ou encore « La Forêt Suspendue » à la nouvelle gare TGV d’Angers Saint Laud (49).
Son engagement artistique se traduit par de nombreuses expositions pérennes et réalisations événementielles dans les Jardins du Château de Versailles, les Grandes Serres du Jardin des Plantes de Paris, le Festival des Jardins de Chaumont-sur-Loire, le ministère de l’Écologie, le Grand Palais et bien d’autres lieux institutionnels et culturels…
Et quand on ressort de son exposition, le monde semble vaciller encore un instant. Les miroirs ont brouillé nos certitudes, les herbes suspendues chuchotent encore à nos consciences. Alexis Tricoire ne nous livre pas seulement une œuvre : il nous tend un reflet, celui d’une humanité qui a oublié de regarder où elle pose les pieds — et les racines. Dans ce jardin inversé, la beauté se fait alarme, la poésie devient acte. Et si, pour retrouver notre juste place sur Terre, il fallait d’abord accepter de marcher la tête en bas, le cœur grand ouvert ?
Exposition « No Limit », le jardin spontané d’Alexis Tricoire, du 14 octobre 2025 au 12 juillet 2026, à la Cité des sciences et de l’industrie de La Villette – Paris








Merci à Up-Magazine pour cette parfaite synthèse de mon travail. Tout le monde est le bienvenu à la Cité des Sciences pour voir cette installation renversante