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Le hip hop en France : un miroir des inégalités et un moteur de transformation culturelle

Le hip hop, ici, n’est pas qu’un mouvement : c’est une manière d’habiter le monde, de le bousculer, de le réinventer. Au cœur du Centre chorégraphique national de Rennes et de Bretagne, le collectif FAIR-E poursuit sa traversée — une aventure collective où la danse devient manifeste, où les corps racontent les fractures et les espoirs de notre temps. Pour la saison 2025-2026, leurs créations s’annoncent comme autant de voyages intérieurs et politiques : descente dans les Abîmes de Linda Hayford, quête de mémoire avec Chega de saudades d’Inès Mauricio, guérison intime et décoloniale dans Autothérapie de Mackenzy Bergile, ou métamorphose identitaire avec La Visite de Sofian Jouini. À travers ces gestes libres, ancrés dans les territoires et ouverts sur le monde, FAIR-E affirme la puissance du hip hop comme langage d’émancipation, de soin et de résistance. Une saison pour faire danser les consciences — et rappeler que l’art, quand il s’enracine dans le réel, devient toujours un acte politique.

Interroger aujourd’hui le hip hop en France, c’est bien plus que parler d’une esthétique chorégraphique : c’est mettre en lumière les fractures sociales, culturelles et postcoloniales de notre société. Le hip hop français s’est imposé comme une force créative majeure, capable d’absorber les influences venues d’ailleurs pour les transformer en un langage singulier, profondément ancré dans les réalités locales. Cette richesse et cette vitalité lui ont permis de rayonner à l’international, tout en restant porteur d’un projet politique et artistique inédit.

Pourtant, ce champ reste sous-représenté et fragilisé par un manque de soutien institutionnel flagrant. Les chiffres sont parlants : en 2023, seules 0,4 % des œuvres chorégraphiques diffusées relevaient du hip hop, et les compagnies bénéficient d’un accès extrêmement limité aux financements, aux réseaux et aux grandes scènes nationales. Derrière cette invisibilisation, se joue une question plus large : celle de la reconnaissance des artistes issus des cultures autodidactes, et du droit à inventer de nouvelles manières de créer et d’exister sur les plateaux.

Le CCN de Rennes et de Bretagne : un laboratoire collectif et solidaire

Dans ce contexte, le Centre chorégraphique national de Rennes et de Bretagne, dirigé par le collectif FAIR-E, constitue une expérience unique. Pensée comme une direction collective, cette aventure artistique repose sur la solidarité, la pluralité des voix et la volonté de transformer une institution en un espace vivant, inclusif et ouvert.

De nombreuses créations et manifestations — de Témoin de Saïdo Lehlouh à (UNDER)GROUND (événement 2024), en passant par STUCK de Mounia Nassangar — témoignent de la capacité de FAIR-E à inventer des formats hybrides, à confronter les corps à de nouveaux espaces (y compris carcéraux), et à affirmer la place du hip hop comme un geste esthétique, social et politique. Ces expériences partagées dessinent une véritable « licence poétique » : la conviction que l’art peut être un outil collectif pour penser le monde autrement.

Une dynamique locale et internationale

Au-delà du territoire breton, FAIR-E développe un réseau de collaborations internationales — du Pakistan à la Tunisie, de l’Inde à l’Amérique latine — qui ancre le hip hop français dans un dialogue global. Ces échanges structurants, soutenus par les partenaires institutionnels, permettent d’accompagner l’émergence d’artistes autodidactes tout en affirmant la place du CCN comme ressource artistique reconnue à l’échelle mondiale.

Avec plus de 200 représentations et 82 500 spectateurs au cours de son second mandat, le collectif prouve que la diffusion des œuvres chorégraphiques issues du hip hop peut allier exigence artistique, fidélité des publics et impact durable. Les créations circulent désormais sur les grandes scènes françaises comme à l’international, confirmant la vitalité et la légitimité d’un champ trop longtemps relégué en marge.

Vers un futur à inventer

Ce deuxième mandat s’inscrit comme celui de la maturité : il questionne la manière de réinventer les outils de demain, de dépasser les cloisonnements et d’imaginer de nouveaux rapports entre création, institution et société. Le CCN, tel qu’il existe aujourd’hui, est pensé comme un refuge impermanent : un espace où l’art et la création demeurent le moteur premier, où l’expérimentation et la diversité ne sont pas des exceptions, mais des nécessités.
L’ambition de FAIR-E est claire : poursuivre la construction d’une communauté artistique plurielle, affranchie des stéréotypes et des assignations, capable de transformer durablement nos imaginaires collectifs.

Renouvellement 2026-2028 :  Le second mandat du collectif FAIR-E à la direction du Centre chorégraphique national de Rennes et de Bretagne (CCNRB) a débuté le 1er janvier 2023 et s’achèvera le 31 décembre 2025.
Le 22 juillet 2025, la ministre Rachida Dati a reconduit ce mandat pour 3 nouvelles années, de 2026 à 2028.

Programme 2025-2026

In Da Box

Abîmes — création 2026 de Linda Hayford
Après Shapeshifting, AlShe/Me et Recovering, Abîmes est la première création de groupe de Linda Hayford.
Elle représente une étape clé dans la continuité de son travail de recherche, de transmission et d’écriture chorégraphique et symbolise une bascule immersive et engagée dans la fiction. Ici, la chorégraphe souhaite mettre en lumière ce qu’est son interprétation des potentielles créatures existantes dans un monde parallèle au nôtre. Des êtres hybrides avec une gestuelle commune, imprégnée par ce qui pourraient être autant de langages corporels naturels d’archétypes encore inconnus par nos humanités contemporaines, qui s’élèvent pour révéler comment chacun et chacune contribue, par ses propres complexités individuelles, à celle, élargie du monde d’aujourd’hui.
Artiste associée au CND, Première

France : 3 > 7.02.2026 — Théâtre National de Bretagne, Rennes

Le Kabuki

Témoin — création 2024, de Saïdo Lehlouh
Témoin résulte d’un processus de travail développé depuis plusieurs années avec des danseur·ses autodidactes, « témoins » de leur époque, de leur danse et de leur génération. Si le b-boying est à la source de la danse de Saïdo Lehlouh, Témoin élargit ici le champ des possibles pour embrasser les nombreuses influences qui nourrissent le parcours de chaque danseur·se invité·e. Cette forme mouvante prend ainsi corps grâce à leur singularité, à leurs façons d’investir sur le vif le jeu de l’improvisation, pour proposer une danse nourrie par la vivacité de l’instant et de la vibration de leur rencontre.

Europe : 09 > 10.10 — CODA Oslo International Dance Festival, Oslo, Norvège
France : 20.01 — DSN – Dieppe, scène nationale
21.01 — Malakoff scène nationale – Théâtre 71, Malakoff
21 > 22.01 — Comédie de Caen, CDN, avec le CCN de Caen en Normandie
22 > 23.01 — Le Volcan, scène nationale du Havre
27 > 28.01 — Espace 1789, scène conventionnée, Saint-Ouen
29 > 30.01 — MC2, scène nationale de Grenoble
30.01 — Le Théâtre d’Orléans, scène nationale
03 > 04.02 — Malraux, scène nationale de Chambéry Savoie

Inès Mauricio

Autothérapie — création 2025, de Mackenzy Bergile
Autothérapie / Unbolting Colonial Statues From Our Consciousness est un solo où Mackenzy Bergile explore un autoportrait intime et politique. Entre danse, écriture et musique, il revisite souvenirs et traumatismes pour transformer l’intime en résilience. Inspiré du spiralisme haïtien, son travail sur l’irrégularité et l’ondulation corporelle questionne mémoire et identité, faisant du corps un vecteur collectif et politique, ancré dans ses racines haïtiennes et françaises.
Production déléguée, Première française

France : 13 > 15.11 — Festival TNB, CCN de Rennes et de Bretagne, Rennes


Neige Sanchez

Chega de saudades — création 2025, d’Inès Mauricio
Avec Chega de saudades, Inès Mauricio explore sa filiation portugaise à travers l’histoire de sa grand-mère installée en Angola durant la colonisation salazariste. Entre mémoire intime et mémoire collective, elle interroge les postures héritées et transmises, esquissant un portrait sensible de son héritage familial, où se mêlent nostalgie, réussites et pertes, tout en questionnant la place à trouver face à ce passé complexe.
Production déléguée, Première

Europe : 27 > 30.11 — ARSENIC, Centre d’art scénique contemporain, Lausanne, Suisse

Manon Malméjeean

La Visite — création 2025, de Sofian Jouini
La Visite interroge notre rapport à l’identité, en réponse aux replis nationalistes de notre époque. Sofian Jouini s’y livre à une transformation poétique, entre possession et ouverture à l’altérité, devenant un corps traversé par le vivant. Une expérience sensorielle et politique qui réconcilie l’humain avec ses parts invisibles et multiples. Artiste associé, PremièreFrance : 22 > 24.10 — Mythologies inachevées, CCN de Rennes et de Bretagne, Rennes

Photo d’en-tête : Linda Hayford Abîmes – photo ©Heike-Ines

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