Et si le secret de la jeunesse éternelle tenait dans… un simple flux d’ions calcium ? C’est le pari un peu fou — mais scientifiquement sérieux — de LinkGevity, une start-up britannique qui rêve de ralentir le vieillissement en empêchant nos cellules de mourir trop tôt. Leur arme secrète : Link-001, un médicament expérimental qui bloque la nécrose avant qu’elle ne fasse ses ravages. Le Financial Times en parle déjà comme d’un tournant potentiel dans la quête — très humaine — de la longévité.
On pensait tout avoir essayé pour vieillir moins vite : crèmes miraculeuses, jeûne intermittent, méditation transcendantale… et pourtant, la science n’a pas dit son dernier mot. De l’autre côté de la Manche, une poignée de chercheurs de la start-up LinkGevity s’attaque au vieillissement non pas par la surface, mais par le cœur du problème : la mort cellulaire prématurée, aussi appelée nécrose. Le terme « nécrose », issu du grec ancien nékrōsis, signifie « mort ». Il désigne la mort incontrôlée de cellules, de tissus et d’organes, et reste un obstacle majeur dans de nombreux domaines, notamment l’ingénierie tissulaire, la conservation d’organes et le traitement des maladies chroniques. Il existe un lien mécanique direct entre la nécrose et le vieillissement accéléré.
Leur approche, aussi élégante qu’ambitieuse, repose sur un constat simple : si nos cellules cessent de mourir inutilement, nos organes vieillissent moins vite. C’est là qu’entre en scène Link-001, un médicament hybride composé de deux molécules déjà approuvées par les autorités sanitaires. Ensemble, elles bloquent le flux d’ions calcium, ce petit courant invisible qui, lorsqu’il s’emballe, condamne nos cellules à une fin prématurée.

En laboratoire, le cocktail aurait déjà démontré sa capacité à prévenir la nécrose dans des modèles d’organes humains cultivés in vitro — une première encourageante. Prochaine étape : des essais cliniques sur des patients atteints de lésions rénales, avant, peut-être, d’élargir la recherche au vaste champ de la longévité.
Mais attention : dans un domaine encore marqué par les promesses non tenues et les débats sur les biomarqueurs du vieillissement, LinkGevity avance prudemment. Aucun médicament « anti-âge » n’a encore reçu le feu vert des autorités. Pour l’instant, la fontaine de jouvence reste au stade de l’éprouvette — mais une éprouvette qui, cette fois, semble sérieusement bouillonner.
Après tout, de Faust à Dorian Gray, nombreux sont ceux qui ont déjà vendu leur âme ou leur reflet pour quelques années de plus. La science, elle, préfère les éprouvettes au pacte avec le diable — mais la tentation reste la même.
Des promesses en quête de preuves
De la metformine à la rapamycine, en passant par la restriction calorique et les thérapies géniques, les pistes explorées pour ralentir le vieillissement n’ont jamais été aussi nombreuses. Mais entre les rêves de longévité et la rigueur des essais cliniques, il existe un grand écart : celui du temps, de la preuve et de la prudence.
Si les laboratoires rivalisent d’ingéniosité, très peu d’expériences ont encore franchi l’étape cruciale des tests sur l’humain. Les études ci-dessous comptent parmi les plus sérieuses et les plus suivies à ce jour — elles dessinent la cartographie d’un champ scientifique en pleine effervescence, où chaque molécule, chaque protocole, porte une même ambition : comprendre comment ralentir le sablier du vivant, sans en briser l’équilibre.
| Nom / intervention | Population / contexte | Objectifs / résultats partiels | Référence / source |
|---|---|---|---|
| TAME (Targeting Aging with Metformin) | Adultes (65-79 ans) sans pathologie grave | Évaluer si la metformine peut retarder l’apparition de maladies liées à l’âge (cancers, démence, maladies cardiovasculaires) | Présentation officielle du projet TAME (American Federation for Aging Research) |
| MILES (Metformin in Longevity Study, NCT02432287) | Adultes (sujet en bonne santé) | Étudier les effets métaboliques et les biomarqueurs du vieillissement de la metformine | ClinicalTrials.gov listing (ClinicalTrials) |
| Rapamycine topique pour la peau humaine | Sujet humain, applications cutanées | Réduction de marqueurs de sénescence / vieillissement de la peau | Essai exploratoire (prospectif randomisé) (PMC) |
| Essais « vieillissement » en cours (divers thèmes) | Populations variées | De nombreux essais cliniques liés au vieillissement sont actuellement en recrutement (diverses approches) | Base de données d’essais « Aging clinical trials » (133 en cours) (Policy Lab) |
| CALERIE (Restriction calorique humaine prolongée) | Adultes non obèses | Étudier les effets d’une restriction calorique modérée sur la santé et les biomarqueurs de longévité | Étude clinique prolongée sur des humains sains (Wikipedia) |
| Lonafarnib chez les patients atteints de progéria (syndrome du vieillissement prématuré) | Enfants/jeunes avec progéria | Le médicament a prolongé la vie moyenne de quelques mois à années selon les suivis | Approche de traitement pour un cas extrême de vieillissement accéléré (Wikipedia) |
Derrière ces essais et leurs promesses parfois spectaculaires, une même question persiste : vieillir autrement, est-ce vraiment vieillir moins ? Entre prouesse scientifique et quête philosophique, la recherche sur la longévité navigue encore entre laboratoire et mythe, prudence et espoir. Mais une chose est sûre — jamais l’humanité n’a autant cherché à comprendre comment durer, non pas pour fuir le temps, mais peut-être enfin, pour l’habiter autrement.
La tentation de l’immortalité à la russe
En Russie, on ne vieillit pas : on défie le temps, quitte à le faire à marche forcée. Depuis que Vladimir Poutine a lancé le programme national New Health-Saving Technologies, la « longévité active » est devenue affaire d’État — une manière, sans doute, de prouver que même les cellules russes savent résister à l’usure du monde. Officiellement, le ministère de la Santé rêve de médicaments capables de ralentir le vieillissement cellulaire et de rajeunir les tissus à l’horizon 2028. Dans les faits, on en est encore surtout aux grandes déclarations et aux feuilles de route pleines de promesses éternelles.
Parmi les visages de cette croisade contre le temps, on croise le professeur Vladimir Skulachev, inventeur des fameux ions SkQ, ces antioxydants mitochondriaux censés protéger la cellule de l’oxydation — autrement dit, retarder le sablier. Leur dérivé le plus connu, le collyre Visomitin, est d’ailleurs déjà en vente pour apaiser les yeux fatigués du temps. À ses côtés, des chercheurs comme Alexey Moskalev ou l’activiste Mikhail Batin, chantre de la Science for Life-Extension, continuent de prêcher pour une Russie rajeunie par la biotechnologie et la foi scientifique.
Mais entre le rêve d’éternité et la réalité du laboratoire, le pas est large. Les financements se font rares, les protocoles restent discutables, et certaines molécules, comme l’Hypoxen, n’ont pour l’instant convaincu que la presse locale. L’immortalité, en Russie, tient donc encore davantage du roman d’anticipation que du résultat scientifique. Mais dans un pays où le pouvoir aime écrire l’histoire à son rythme, croire qu’on peut aussi réécrire celle du temps n’a, au fond, rien de surprenant.
Face à cette ambition mâtinée de géopolitique, la Russie n’est pourtant pas seule à vouloir flirter avec l’éternité : des laboratoires de Londres à Boston, d’autres chercheurs explorent, eux aussi, les secrets de la longévité. Mais là où Moscou rêve d’un élixir national, ces start-up occidentales misent plutôt sur la précision des algorithmes et la lenteur des essais cliniques — une autre manière, plus pragmatique peut-être, de défier le temps sans le provoquer.
Et si le temps n’était qu’une illusion bienveillante ?
Bien sûr, on est encore loin de la pilule magique qui arrêterait le temps — celle qu’on avalerait entre le café du matin et le premier coup d’œil au miroir. Mais avec Link-001, la science flirte un peu plus avec ce vieux rêve humain : comprendre, sinon vaincre, la mécanique du vieillissement.
Chez LinkGevity, on ne promet pas l’immortalité, seulement un sursis pour nos cellules, une chance de respirer un peu plus longtemps avant l’inévitable. Et c’est peut-être déjà une révolution : non pas repousser la mort, mais prolonger la vie là où elle s’abîme trop vite. Cette course à l’éternelle jeunesse en dit autant sur nos cellules que sur nous-mêmes. Derrière chaque molécule testée, chaque protocole minutieusement calibré, se cache la même émotion primitive : la peur de disparaître — et le désir de durer un peu plus longtemps, un peu mieux. Les chercheurs, eux, ne promettent pas l’immortalité. Ils cherchent des chemins vers une vie plus longue, mais surtout plus vivante, où la science devient un acte de soin collectif plutôt qu’une fuite en avant. Les laboratoires, de Londres à Boston, n’écrivent pas la fin de l’histoire du temps : ils en réinventent la mesure, à coups de microscopes et de patience.
Alors, faut-il y croire ? Disons qu’entre l’élixir de jouvence et le protocole clinique, il y a tout un monde — celui de la recherche, de la patience et, surtout, de la curiosité. Et si, au fond, vieillir mieux commençait simplement par continuer à espérer ?
Sources et références :
- Cet article s’appuie notamment sur l’article du Financial Times, “Start-up takes aim at ageing with drug to block cell death” (octobre 2025), ainsi que sur plusieurs publications et bases de données scientifiques :
- National Center for Biotechnology Information (NCBI), PubMed Central — études sur la metformine, la rapamycine et les biomarqueurs du vieillissement (2020-2025).
- ClinicalTrials.gov — essais cliniques en cours sur la longévité humaine (TAME Trial, MILES Study, Rapamycin Skin Trial).
- AFAR Foundation (American Federation for Aging Research) — documentation sur les interventions pharmacologiques du vieillissement.
- Lifespan.io et Science.org — synthèses sur les thérapies émergentes (NAD+, restriction calorique, reprogrammation cellulaire).
- Sources russes : Interfax, NMN.com, RFE/RL, Wikipedia (SkQ project, Mikhail Batin), Moscow Institute of Physics and Technology — informations sur les recherches et projets de longévité en Russie.







