Au cours d’une conférence presse ce mardi 4 novembre, le député Nicolas Thierry (1) et l’ACT-Alliance contre le tabac ont présenté une proposition de loi historique visant à atteindre l’objectif gouvernemental d’une génération sans tabac à l’horizon 2032. Le principe de la mesure est simple : interdire aux cigarettiers de vendre du tabac à toutes les personnes nées après 2014. Soutenue aujourd’hui par 70 % des Français (2), cette proposition est non seulement nécessaire pour la santé de nos concitoyens, mais aussi pour celle de notre économie, de notre système de santé et de notre environnement.
Le tabac demeure la première cause de mortalité évitable en France. Chaque année, 75 000 fumeurs décèdent de pathologies liées à leur tabagisme, principalement des cancers, maladies cardio-vasculaires et respiratoires. Au-delà de ces ravages sanitaires, la tabac nuit considérablement à l’environnement et aux droits humains. Sa culture contribue à 5 % de la déforestation mondiale, tandis que plus de 1,3 million d’enfants travaillent encore dans les champs de tabac à travers le monde.
Dans la lutte contre le tabac, la France a remporté de nombreuses batailles en particulier grâce à la poursuite d’une politique de hausse de prix, dont des études indépendantes démontrent l’efficacité sur le nombre de fumeurs, mais aussi grâce au paquet neutre, au développement d’espaces sans tabac et à l’accès facilité au traitement de substitution nicotinique. Toutefois, malgré une tendance à la baisse de la prévalence du tabagisme entre 2014 et 2019, les dernières données disponibles tendent à montrer une récente stabilisation depuis 2020, avec environ un quart des adultes de 18 à 75 ans déclarant fumer quotidiennement.
Pour enrayer définitivement l’épidémie de tabagisme, l’effort doit aujourd’hui porter prioritairement sur la jeunesse. L’initiation précoce au tabac reste en effet le facteur déterminant dans l’addiction tout au long de la vie. Aussi, la proposition de loi du député Nicolas Thierry vise à faire advenir la première génération sans tabac en France
Une mesure qui vient entériner la tendance actuelle
Chaque année, 200 000 jeunes rentrent dans le tabagisme (3), il est donc urgent d’adopter une mesure ambitieuse pour mettre fin à cette épidémie qui reste la première cause de mortalité évitable en France avec 75 000 décès par an (4).
Le tabac reste la première cause de mortalité évitable en France, avec 75 000 décès par an, soit plus de 200 morts chaque jour.
Un fumeur sur deux meurt des conséquences de sa consommation.
Le coût social du tabac est estimé à 156 milliards d’euros par an, contre 14 milliards de recettes fiscales : un déficit humain et économique considérable.
Ce fardeau collectif représente 2 300 euros par habitant, fumeurs et non-fumeurs confondus.
La mesure d’une génération sans tabac vient accélérer une tendance déjà observable. D’après les derniers résultats de l’enquête européenne ESPAD publiée par l’OFDT (5), le tabagisme quotidien chez les jeunes âgés de 16 ans s’élève à seulement 3,1 % en 2024 contre 16 % en 2015. À noter que les jeunes eux-mêmes soutiennent une telle proposition de loi : 9 adolescents français sur 10 souhaitent vivre dans un monde sans tabac (6). La France fait désormais partie des rares pays européens où le tabagisme quotidien des adolescents est inférieur à 5 %, et ce résultat n’est pas le fruit du hasard, mais bien d’un effort considérable en matière de prévention au cours des dix dernières années.
Chaque année, 200 000 jeunes entrent dans le tabagisme. 90 % des fumeurs ont commencé avant 18 ans, preuve que l’industrie cible sciemment les adolescents pour renouveler sa clientèle. Malgré cela, les politiques de prévention portent leurs fruits : Le tabagisme quotidien à 16 ans est passé de 16 % en 2015 à 3,1 % en 2024 (enquête ESPAD, OFDT). La France fait partie des rares pays européens où le tabagisme adolescent est inférieur à 5 %. 9 adolescents sur 10 souhaitent vivre dans un monde sans tabac (ACT, 2025).
Inspirée du modèle britannique — qui s’apprête à interdire la vente de tabac aux jeunes nés après 2009 —, la proposition française s’inscrit dans une tendance internationale vers la fin du tabac. Depuis le 1ᵉʳ novembre 2025, les Maldives interdisent de fumer toute personne née après le 1ᵉʳ janvier 2007. Des mesures similaires ont été discutées en Nouvelle-Zélande et dans certains États américains.
La proposition de loi — présentée ce jour et défendue par l’ACT depuis 2022 – repose sur un mécanisme évolutif : à partir de 2032, l’âge légal d’achat du tabac augmenterait chaque année. À cette date, les cigarettiers ne pourront plus vendre leurs produits aux moins de 18 ans, puis aux moins de 19 ans en 2033, aux moins de 20 ans en 2034, etc. Ainsi, il sera impossible de vendre légalement du tabac à toutes les personnes nées après 2014, même une fois que celles-ci seront majeures. Cette mesure s’applique à l’ensemble des produits du tabac, y compris le nouveau cheval de bataille des cigarettiers, le tabac chauffé, dans lequel Philip Morris International a déjà investi plus de 10 milliards de dollars depuis 2008 (7).
Loin d’être prohibitive, cette proposition de loi ne concerne pas les fumeurs actuels (qui pourront continuer à acheter leurs produits) mais vise à stopper le renouvellement générationnel de la clientèle de l’industrie du tabac. Si cette initiative a pour objectif de protéger les jeunes et les générations futures du tabagisme, elle suppose également de renforcer toutes les mesures favorables à l’arrêt du tabac pour les personnes déjà victimes de cette addiction.
« En adoptant cette mesure, on préserve non seulement nos enfants et les générations futures d’un produit qui tue un consommateur sur deux (8) mais on s’engage aussi pour l’émergence d’une société libérée du tabac. Bannir progressivement ces produits de notre territoire est une bonne chose pour tous nos concitoyens – qui pourront respirer un air plus sain — mais aussi pour notre économie, notre système de santé ou encore notre environnement qui subissent aujourd’hui les méfaits de cette industrie. », explique Marion Catellin, directrice de l’ACT-Alliance contre le tabac.
La culture du tabac détruit chaque année 200 000 hectares de forêts et génère des millions de tonnes de déchets plastiques et toxiques (mégots, filtres, emballages). Cela représente 5 % de la déforestation à l’échelle mondiale.
afin d’entretenir ses profits issus de l’addiction ».
Une initiative en phase avec les évolutions nationales et internationales
Compte tenu de son impact considérable sur la santé et l’environnement, le tabac doit enfin être considéré pour ce qu’il est : un produit toxique à éliminer du marché. Cette démarche s’inscrit dans une logique cohérente avec d’autres politiques de santé publique et de protection de l’environnement, telles que la régulation des PFAS ou du glyphosate.
Par ailleurs, partout dans le monde des pays s’engagent dans cette voie. D’abord discutée en Nouvelle-Zélande et dans certains États des États‐Unis, la loi pour une génération sans tabac devrait être définitivement adoptée au Royaume-Uni début de l’année 2026.
En portant cette proposition de loi à l’échelle nationale, le député Nicolas Thierry invite nos pouvoirs publics à se saisir de ce sujet pour faire advenir l’une des toutes premières générations sans tabac. « En retirant le tabac de l’horizon de la majorité, nous envoyons un signal simple et fort : ce produit ne fera plus partie de la vie des générations à venir. « L’objectif n’est pas de juger ou de pénaliser, mais de protéger » explique le député « Nous avons le devoir d’offrir à celles et ceux qui grandissent aujourd’hui la possibilité de devenir adultes sans dépendance, dans une société enfin libérée du tabac. »
(1) Nicolas THIERRY est député de la 2ème circonscription de la Gironde. Très investi sur les enjeux de santé environnementale, il s’est notamment illustré par son combat contre les PFAS, ces « polluants éternels », aboutissant à l’adoption de sa proposition de loi visant à interdire ces substances toxiques, une victoire majeure pour la santé publique et la protection de l’environnement. Porté par la même ambition de préserver les générations futures, Nicolas Thierry poursuit aujourd’hui son combat avec une nouvelle proposition de loi pour une génération sans tabac.
(2) ACT, Les indicateurs de l’ACT #12 – enquête trimestrielle réalisée par BVA pour l’ACT auprès d’un échantillon représentatif de 1004 Français âgés de 15 ans et plus, septembre 2025.
(3) OFDT, Les drogues à 17 ans – Analyse de l’enquête ESCAPAD 2022. Tendances. mars 2023;(n°155) .
(4) Bonaldi C, Boussac M, Nguyen-Thanh V. Estimation du nombre de décès attribuables au tabagisme, en France de 2000 à 2015. Bull Epidémiol Hebd. 2019;(15):278-84.
(5) OFDT, Les usages de drogues en Europe à 16 ans – Résultats ESPAD 2024, 2024. Disponible sur : Les usages de drogues en Europe à 16 ans – Résultats ESPAD 2024
(6) ACT, Les indicateurs de l’ACT #3 – enquête trimestrielle réalisée par BVA pour l’ACT sur la perception du tabac en France auprès d’adolescents de 10 à 17 ans, septembre 2021.
(7) PMI, « Une innovation suisse apporte un réel changement pour les fumeurs du monde entier », 2024
(8) WHO global report on trends in prevalence of tobacco use 2000- 2025, third edition. WHO; 2019.
(9) National Center for Chronic Disease Prevention and Health Promotion (US) Office on Smoking and Health. The Health Consequences of Smoking—50 Years of Progress: A Report of the Surgeon General. Atlanta (GA): Centers for Disease Control and Prevention (US) ; 2014.







