Je vous suggère vivement la lecture de cet édito de René Trégouet, à travers sa newsletter rtflash.
En tant que prospectiviste, je vous invite de plus en plus à penser intelligence computationnel, cerveau ultra plastique. De comprendre que notre siècle est neuronale, que nous vivons une crise de croissance humaine avec une ré-évolution de l’homme. Nous sommes donc face à un enjeu clé : devenir enfin responsable de l’avenir de l’homme : que voulons-nous, jusqu’où ? etc.
Voici la fin de l’article que je retiens.
L’ensemble de ces recherches et de ces avancées scientifiques montre que la « télécommande cérébrale » est à présent devenue un enjeu technologique et industriel majeur et sera sans doute une réalité avant la fin de cette décennie.
Plus largement, les interfaces et systèmes homme-machine directement pilotés par la pensée ont également profité des progrès récents de la neuronique. Il y a deux mois, des chercheurs de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich ont par exemple annoncé qu’ils avaient mis au point une puce informatique capable d’imiter le cerveau humain et de reproduire certaines de ses capacités cognitives.
Cette « puce neuromorphique » a été développée dans le cadre du grand projet européen « Human Brain », qui vise à s’approcher du fonctionnement réel du cerveau humain de manière à franchir une nouvelle étape vers l’intelligence artificielle.
Comme le souligne Giacomo Indiveri, l’un des chercheurs dirigeant ces recherches, « Nous savions déjà comment configurer un système électronique pour le faire réagir en fonction de son environnement, mais nous ne savions pas comment ce même mécanisme fonctionnait dans un cerveau humain ».
Ce nouveau type de composant électronique pourrait donc faire d’une pierre deux coups : d’une part, il devrait permettre de concevoir des androïdes beaucoup plus autonomes et capables de prendre des décisions pertinentes lorsqu’ils doivent faire face à des situations nouvelles.
Mais d’autre part, ces neuropuces devraient également accélérer la mise au point d’interfaces et de commandes cerveau-machine et permettre aux ordinateurs de devenir beaucoup plus intelligents en reproduisant et en utilisant certains processus cognitifs spécifiquement humains (Voir article University of Zurich).
Ces avancées théoriques et technologiques vont évidemment avoir des conséquences considérables sur le plan médical et social en permettant à des centaines de millions de personnes dans le monde, dont l’autonomie a été très altérée par la maladie, l’âge ou un accident, de retrouver un confort et une qualité de vie sinon normaux, du moins bien supérieurs à tout ce qu’on aurait pu imaginer il y a encore quelques années. Cette « autonomie augmentée » passera par de multiples outils et combinaisons technologiques : exosquelettes, neuroprothèses, membres robotisés, pilotage cérébral de robots autonomes…
Mais les conséquences éthiques et philosophiques de ces vertigineuses avancées scientifiques ne seront pas moins importantes. En effet, avec le développement et la généralisation, dans un futur pas si lointain, de ces dispositifs de commande cérébrale et de ces systèmes bioniques et neuroniques, des frontières ontologiques et conceptuelles longtemps considérées comme intangibles vont s’estomper : la séparation entre le naturel et l’artificiel, l’esprit et la matière, l’animé et l’inanimé va devoir être repensée !
Quant à notre intelligence, notre perception du monde et notre capacité d’action sur notre environnement, elles vont profondément se transformer et devenir intrinsèquement collectives, collaboratives et interactives. À côté des individus apparaîtront des milliards d’entités intelligentes et cognitives protéiformes, associant de manière irréversible hommes et machines, pour le meilleur et pour le pire…
Il nous appartiendra, face à cette prodigieuse évolution technologique, de veiller à ce que nous ne perdions pas notre âme, ni notre humanité en entrant dans cette nouvelle ère, porteuse d’immenses promesses mais aussi d’immenses interrogations.
© Senateur René Trégouet
Maryline Passini , Fondatrice et directrice de l’agence Proâme