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Retour des dinosaures ? Quand les poules auront des dents…

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Quand on observe le monde des biotechnologies, des bio-innovations et des manipulations génétiques, on est saisi tout à la fois d’émerveillement et d’effroi. C’est le cas, au regard de cette information délivrée par la très sérieuse revue Nature Communications. Une information qui a déjà fait le tour du monde mais qui pose néanmoins des questions cruciales sur nos capacités en matière de manipulations biologiques que nous augmentons chaque jour. Des scientifiques auraient en effet découvert du sang dans le fossile d’un dinosaure vieux de plus de 75 millions d’années. De là à raviver les fantasmes d’un Jurassic World et de la résurrection d’espèces enfouies dans la mémoire des temps, il n’y a qu’un pas.

L’idée de retrouver de l’ADN fossile appartenant à une espèce disparue comme un dinosaure était jusqu’à présent réservée au domaine de la science-fiction et des fantasmes hollywoodiens. Pourtant, les scientifiques qui ont besoin de preuves solides et vérifiables, suivent cette piste depuis plusieurs années. Et, progrès technologiques aidant, on va dans ce domaine qui ressemble de plus en plus à une série à succès, de surprise en surprise.

A la recherche des molécules perdues


Photo : Roland Mekul

En 2005, la paléontologue Mary Schweitzer affirmait ainsi avoir retrouvé des restes fossilisés de tissus mous dans un os vieux de près de 70 millions d’années créant un séisme dans la communauté des chercheurs. Deux ans plus tard, c’est au tour de John Asara (Harvard) et Mary Schweitzer (North Carolina University) d’affirmer être parvenus à isoler du collagène dans le fémur fossilisé d’un Tyrannosaurus Rex. Ils auraient même réussi à séquencer les fragments de cette protéine. L’information a créé choc et suspicion dans la communauté scientifique qui a toujours affirmé l’impossibilité de conserver des molécules complexes au-delà d’un million d’années maximum. Mais cette nouvelle n’est pas anodine car si elle était vérifiée et répliquée, elle permettrait d’analyser un traceur phylogénétique fondamental et de révolutionner le champ de recherche des liens de parenté entre espèces dans le temps long.

Du sang frais au Museum

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L’information révélée par la revue Nature Communication la semaine dernière apporte un coup de théâtre dans le déroulement de cette série. Les protagonistes ne sont pas des fantaisistes. Il s’agit de chercheurs de l’Imperial College London menée par la paléontologue Susannah Maidment et du physicien du solide Sergio Bertazzo réputé mondialement pour la qualité de ses travaux. Ce dernier est notamment un spécialiste de la biominéralisation et de l’étude des tissus vivants calcifiés. L’équipe a utilisé une sonde ionique focalisée (FIB – Focused Ion Beam) pour découper des tranches d’os de dinosaures âgés de 75 millions d’années afin de les observer au microscope électronique. Des os tout à fait ordinaires qui prenaient la poussière depuis des lustres dans les archives des collections du Museum d’Histoire Naturelle de Londres. Et là, miracle ! Les images fournies font apparaître la forme de globules rouges et de fibres de collagène. Diagnostic confirmé par l’analyse au spectromètre de masse.
Toutefois, les chercheurs sont des gens prudents, aussi Susannah Maidment prend-t-elle le soin de tempérer les ardeurs : « On ne peut exclure l’hypothèse d’une contamination ». Mais elle ajoute aussi dans une interview à la BBC : « Si nous trouvons ce type de tissu dans ce genre de fossiles, alors peut-être que leur conservation est quelque chose de beaucoup plus commun que ce qu’on avait imaginé ».

Opération Lazarus


Photo : Bob Beale

Alors revenons sur terre et n’oublions pas que simultanément à cette annonce sort dans les salles de cinéma le troisième opus du blockbuster Jurassic World. Coïncidence ou connivence ? Toujours est-il que cette information n’est pas isolée et s’inscrit dans un ensemble de découvertes déconcertantes. L’objet de ces recherches convergentes ? Redonner vie à des espèces disparues en tentant de récupérer des traces d’ADN. Certains appellent cela la dé-extinction.
Ainsi, en 2013, des chercheurs australiens à la tête du projet Lazarus avaient annoncé avoir récupéré des noyaux morts dans les cellules congelées d’une grenouille, la Rheobatrachus silus, éteinte depuis 1983. En les injectant dans l’ovule d’une grenouille cousine éloignée toujours vivante, certaines cellules d’œufs ont commencé à se multiplier pour former des débuts d’embryons. Ceux-ci n’auraient survécu que quelques jours, mais l’expérience avait suscité beaucoup d’espoir. Mais de là à passer d’une espèce de grenouille éteinte il y a trente ans à la résurrection des dinosaures disparus il y a 75 millions d’années, le saut est grand et la partie est loin d’être gagnée car la durée de vie des échantillons d’ADN que l’on peut prélever sur des restes fossilisés n’excède par quelques centaines de milliers d’années, voire quelques petits millions. Nous ne sommes pas dans l’échelle de temps des dinosaures.

Retour vers le futur

Ce qui pourrait l’être plus, c’est la résurrection d’une espèce disparue plus récemment, par exemple il y a seulement quelques millions d’années. C’est le cas des mammouths qui suscitent une grande effervescence dans la communauté scientifique depuis la découverte, en 2013, d’un mammouth laineux conservé quasiment intact dans les glaces de Sibérie. Les spécialistes accourus sur le site de la découverte eurent la stupéfaction de récupérer des tissus mous et du sang liquide. Un matériel génétique parfaitement conservé dans la glace qui a permis de déchiffrer la quasi-totalité du génome du mammouth.
La recherche, comme la nature ayant horreur du vide, des équipes se sont mises d’emblée à la tâche de ressusciter le mammouth. La plus célèbre est menée par le Sud-Coréen Insung Hwang, et a fait l’objet d’un documentaire diffusé par le Smithsonian Channel et la chaîne britannique Channel 4. Reste, selon Jean-Paul Fritz de L’Obs, que cette possibilité est très discutée ; certains spécialistes comme le généticien Paul Ehrlich, professeur à l’université de Stanford pensant même que la méthode est irréalisable, la qualifiant dans une tribune « d’idée fascinante mais stupide ». Ambiance entre chercheurs…

Docteur Folamour

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La résurrection du dinosaure n’est pas pour demain ; en revanche, les recherches en cours permettent de mieux comprendre les liens génétiques entre espèces. Comme chacun le sait, notre brave poulet de basse-cour est un héritier en ligne quasi directe de la famille des monstres de Jurassic Park. De là à modifier un embryon de poulet pour lui donner quelques caractéristiques du dinosaure il n’y a qu’un pas qu’ont allègrement franchi une équipe de paléontologues menée par le Professeur Jack Horner (Montana State University ). Le mois dernier, le site spécialisé Livescience annonçait ainsi que l’élaboration d’un chickenosaure était sur la bonne voie et que 50 % du chemin était déjà fait. Ils ont ainsi réussi à modifier le bec d’un poulet pour le transformer en museau de dinosaures.
Sans nul doute, dans un proche avenir, on peut donc assurer que les poules auront des dents !

Marine Barrio, Journaliste UP’ Magazine 

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