Comme tous les hommes et toutes les femmes qui forment ce que l’on appelle la France, nous avons été sidérés, accablés, meurtris par le crime commis contre les journalistes de Charlie Hebdo, le meurtre d’une jeune policière et l’exécution de quatre personnes dans une épicerie casher, en janvier 2015.
La démocratie est devenue l’air qu’on respire, cet impalpable auquel on ne pense pas jusqu’à ce qu’il soit altéré par un événement. Alors nous éprouvons le danger d’asphyxie. C’est ce qui s’est passé pendant cette tragédie en trois jours.
Comment vivre et retracer le coup, le contrecoup et l’après-coup d’un tel événement ?
Le temps des balles…
Comme tous ces Français, nous avons été émus aux larmes par les images qui ont suspendu le temps ordinaire pendant près de trois jours. Et comme eux, sans doute, nous avons été traversés par mille questions, mille angoisses, mille incertitudes.
En effet, comment dans ces trois jours, aurions-nous pu ordonner le flot d’émotions, de stupeur, de colères, de pensées outrancières et expéditives qui monte en nous, malgré toutes les digues de la raison, comme une lave amère et vengeresse ?
Et comment sortir de la paralysie de l’esprit sans anathèmes contre la bêtise religieuse, ou sans dégoût du berceau culturel des assassins ?
En tout cas, loin que dans le temps du choc, l’appel à l’unité nationale des principales forces politiques et spirituelles françaises conjugué à la solidarité des européens nous ait choqué ou décontenancé : au contraire cela nous a fait du bien.
Cela nous a fait du bien de voir le peuple français rassemblé dans un vibrant et silencieux hommage aux victimes des trois tortionnaires.
Le temps second…
Cependant, nous savons ce que peut avoir de trompeur et de trop éminemment symbolique et coupé de la vie ordinaire, une telle unanimité.
Nous n’ignorons pas ce que l’idée d’unité nationale peut charrier de messages obscurs et de malentendus politiques. D’abord pour l’unité : tant l’histoire nous a appris à la fois la puissance et l’éphémère de l’émotion de masse. La psychanalyse qui peut y voir, même pour les meilleures causes, (et c’est ici le cas) une manifestation de « jouissance » collective comme en réalisation d’une « pulsion », n’aurait pas tort : une telle dynamique procurant une satisfaction momentanée qui, certes, apaise les tensions plutôt qu’un épanouissement durable.
Car sans renier le sentiment éprouvé ni l’impact du rassemblement par millions, à une foule unanime, fusionnelle, « comme – une », nous pouvons en effet préférer un peuple pluriel au sein duquel se noueraient des alliances – en tant qu’une alliance marque l’idée d’association concertée entre des partenaires différents.
Et pour ce qui est de la dimension nationale, nous irons même jusqu’à avancer que l’idée de Nation, fût-elle couplée à celle de République, est désormais très inconsistante, diffuse et très floue. Qu’on pense à l’étymologie de « Nation » qui se réfère à la naissance, donc à l’origine commune et même si le terme a évolué vers des référents plus culturels comme le « vivre ensemble », cette trace étymologique de l’origine suffirait, dans notre actualité, à nous en défier. Le trajet même de la manifestation populaire allant de la République à la Nation plutôt que de la Nation à la République peut aussi être questionné bien au-delà de la topographie. Idée très floue parce que de surcroît, la France est depuis la fin de la seconde guerre mondiale engagée dans une construction européenne qui en transcende désormais l’antique souveraineté et les frontières. Très inconsistante, parce que la société contemporaine, ici comme ailleurs, a transformé les anciens habitants de régions diverses et fortement originales de la France en citadins « anonymes » de grandes villes de plus en plus indifférents en effet à la souche, à l’origine, à l’accent, au « pays ». Très inconsistante aussi en ce sens que le cosmopolitisme urbain y est devenu la règle et que le communautarisme qui est un des caractères sociologiques les plus communs des mégapoles a liquidé ou remplacé les singularités régionales qui survivent à peine sur un mode folklorique.
Mais enfin, quoi qu’il en soit, nous sommes tous devenus un jour des Français d’aujourd’hui, des Charlie, des juifs, des musulmans, des républicains, des chrétiens, et des sans politique fixe. Bref, ce que l’on peut appeler les enfants d’un jour de l’unité nationale, cette Nation sublimée qui balaye magiquement les discordes confessionnelles ou politiques, et célèbre le droit au rire et à l’insolence.
Le soupçon et la culpabilité…
Certes, cet intermède silencieux, grave, émouvant, a suspendu la masse grise des dénigrements, des scandales, des ressassements, des polémiques, des culpabilités qui fait l’ordinaire de notre pays. Comment ne pas se sentir français en cette journée du 11 Janvier 2015 ? Et pourtant, quelque chose a rôdé autour de ce sentiment inouï de fraternisation intercommunautaire et de transgression des rôles sociaux et politiques des uns et des autres. Quelque chose qui en contamine l’atmosphère enjouée et miraculeusement enfantine. Et ce quelque chose se dédouble aussitôt, trace deux sillons profonds dans lesquels risquent de s’enliser et de se noyer les rêves trop éruptifs, trop denses d’une nation fraternelle et solidaire. Car comment pourrait durablement s’installer l’adhésion à une Nation dans laquelle chacun se sente alternativement ou ensemble Charlie, flic, juif, musulman, athée, où chacun, donc, fasse valoir son droit à la coexistence assumée de contraires, et accepte de « vivre debout » en marchant sur des paradoxes, ou grâce à des paradoxes ?
Et ce quelque chose, en voici la première face : le soupçon. Le soupçon que tout cela ne soit en vérité que théâtre et manipulation. Quand les invités des plateaux de télévision, musulmans ou non, jurent sur tous les tons que l’Islam est une religion de paix, une religion d’amour, que l’Islam n’a rien à voir avec la dérive criminelle et odieuse des Coulibaly ou des Kouachi, qu’il y a d’un côté l’Islam des fanatiques et des djihadistes et de l’autre, un Islam débonnaire, familial, ouvert et aimant, personne ne doute de leur sincère souci de trancher net toute forme d’amalgame. Mais le soupçon n’en est pas pour autant terrassé. Non pas le soupçon haineux qui fait vibrer en toutes circonstances son obsessionnel credo : la prétendue incompatibilité définitive et non amendable de l’Islam et de la République. Non pas ce soupçon ontologique qui offre aux partis populistes et xénophobes européens un bouc émissaire solide et constant. Sur cette forme de paranoïa qui prétend expliquer toutes les crises politiques, économiques, culturelles et sociales des démocraties occidentales par la présence hostile d’un étranger radical et posé comme ennemi de l’esprit européen. Que pourrions-nous dire qui n’ait été déjà dit et redit ? Et du reste, la journée « historique » du 11 Janvier 2015 peut être vue comme « une grosse baffe dans la gueule » des va-t-en guerre de l’identité nationale, de tous ces fantassins de la vengeance qui s’imaginent purifiés et grandis de brûler des mosquées ou d’insulter des musulmans dans la rue.
Nous voulons plutôt parler de ce soupçon moins formulable, moins aisé à clarifier sur la rupture incomplète, conditionnelle entre l’Islam et le djihad et sur la claire compréhension que la laïcité républicaine à la française et les religions, dont l’Islam, ont de leurs réciproques obligations. Pour l’Etat, celle de faire respecter le libre exercice des cultes et de lutter contre toute forme de discrimination confessionnelle, pour les religions, celle, impérative et tout aussi indispensable de ne jamais discuter la place marginale et privée du religieux dans le champ politique. Et encore moins, cela va de soi, de s’opposer à la libre expression des opinions irréligieuses, voire de l’irrévérence envers les cultes. Cela vaut aussi pour ceux des pays européens dont la laïcité n’est pas constitutionnelle.
Si la constitutionnalité de la laïcité rend caduque en France la notion de blasphème et bien que l’Europe elle-même ne soit pas constitutionnellement laïque, il n’y a pas de place pour le blasphème dans la culture et l’esprit politique européens: si nous parlons ici d’esprit, c’est parce que cela nous paraît sur ce point beaucoup plus essentiel que le rappel d’une stricte considération légale. Et au moins jusqu’à la journée du 11 Janvier, où l’on vit des musulmans et des musulmanes se désigner spontanément comme cibles de la haine djihadiste et antisémite, en brandissant des pancartes « Je suis Charlie, je suis juif », le doute était présent. N’avait-on pas vu il y a quelques années s’enflammer l’esprit punitif et vengeur des croyants contre le journal danois qui avait publié les caricatures du prophète ? Et combien plus nombreux, avaient été alors les représentants de la communauté musulmane, à exiger la tête de Charlie Hebdo qui en avait reproduit les images, que ceux, rares et dispersés qui soutenaient le libre exercice de la presse, du rire et de la dérision, sans entonner l’air de la trahison ou du racisme islamophobe : on veut bien prôner ou reconnaître la tolérance, mais celle ci doit s’arrêter devant les portes du sacré et le Prophète est sacré !
Il est infiniment délicat d’admettre que la défense de la liberté de penser est dans notre pays plus sacrée que le respect des figures religieuses, c’est notre histoire européenne. Et ce n’est pas une mince ou négociable conquête !
De ce quelque chose qui rôde, et contamine l’atmosphère de l’unité républicaine, en voici la seconde face : la culpabilité.
Depuis 1978 et le soutien certes ambigu, mais par endroits exalté de Michel Foucault à la révolution iranienne, son regard étonné sur le retour d’une spiritualité politique oubliée de l’Occident et sa sympathie pour « le Saint homme exilé » qui l’incarnait, l’ayatollah Khomeiny, des intellectuels français souvent proches de l’extrême gauche ont noué des liens avec certains courants de l’Islam politique radical, sous divers prétextes : la cause palestinienne, l’existence d’un « racisme d’Etat » dans les pays européens anciennement colonisateurs, ou encore une alliance de « classe » contre les puissances financières du capitalisme mondialisé. Plus récemment, on se souvient de l’article de Badiou dans le Monde du 23 février 2005 contre la loi foulardière. « On y revient toujours : l’ennemi de la pensée, aujourd’hui, c’est la propriété, c’est le commerce, des choses comme des âmes, et non la foi » et plus loin, en forme d’épilogue : « On a les guerres qu’on mérite. Dans ce monde transi par la peur, les gros bandits bombardent sans pitié des pays exsangues. Les bandits intermédiaires pratiquent l’assassinat ciblé de ceux qui les gênent. Les tout petits bandits font des lois contre les foulards » Les ennemis de l’humanité commune sont clairement désignés : ce seraient les soldats de l’Empire, les barbouzes du Mossad et les laïques apeurés de la France qui légifèrent contre la foi musulmane.
Zygmunt Bauman dans son livre « La décadence des intellectuels : des Législateurs aux Interprètes » analyse la dégradation continue d’un statut. Philosophes inspirant directement la réforme des sociétés au temps des Lumières, encore assez puissants pour influencer l’opinion pendant l’affaire Dreyfus, les intellectuels d’aujourd’hui ont un rôle bien plus modeste et certainement assez marginal dans l’éveil de nouvelles Lumières dont les Européens, lassés et meurtris par la primauté des affaires économiques sur tous les autres territoires de l’homme, attendent le surgissement. Et que l’on soit ou pas d’accord avec les analyses économiques de Piketty, ou avec les propositions politiques de Podemos ou de Syriza, il serait bien malsain de moquer tous ceux qui, avec les armes théoriques dont ils disposent, essaient de secouer une civilisation technico-marchande qui multiplie les injustices, les corruptions, les égoïsmes sordides et parfois les crimes.
Mais de là à affirmer aujourd’hui, comme les auteurs de certains courriers électroniques que nous recevons, que les vrais coupables de la tragédie de ces derniers jours ne sont pas les assassins des journalistes de Charlie ou des juifs de l’hypercasher, mais la constellation des pouvoirs politiques successifs qui ont, à coup de discriminations, de racisme antimusulman, de mépris des roms et des immigrés, et sur fond de précarité sociale, encouragé et provoqué l’avènement de la violence terroriste, c’est pour nous une blessure profonde, un de ces chagrins politiques rares et fondamentaux qui nous révèle soudainement la possibilité du pire.
Cela est si absurde, si faussement lucide !
Que certains n’éprouvent aucune émotion particulière devant ces foules de français rassemblés par la tragédie et qu’au lieu d’y voir l’expression surprenante d’une fraternité que l’on croyait anéantie, on s’indigne déjà des pitoyables récupérations politiques d’un tel événement par les petits bandits qui gouvernent la nation, cela suffirait à nous troubler.
Mais faire sienne sans sourciller, sans se mordre la langue, la logique des causalités qui mène de la désespérance sociale et du déclassement culturel à la frénésie criminelle, à la liquidation d’humoristes, de policiers ou de simples juifs, cela nous ôte toute espérance, comme si nous nous retrouvions devant l’une des entrées de l’Enfer de Dante.
Car enfin , si l’on fait crédit à une telle logique, alors, nos amis gitans, experts en déclassements de tous ordres et en humiliations répétées devraient comme des loups affamés dépecer tous les « payos » du Comminges.
Et les juifs de 1940, après les lois antisémites de Vichy promulguées en Octobre qui ont été peu ou prou, avec zèle ou réticence, assimilées par la magistrature, auraient dû faire des cartons sur les juges des Tribunaux français – ou bien n’auraient-ils pas dû tirer à l’aveugle sur le million de spectateurs français du film nazi, Le Juif Süss qui payèrent sans contrainte leur entrée ! Non, tout cela nous mène sur des chemins que nous répugnons à emprunter. Et nous coupons court à ces pensées noires.
L’essence du religieux
L’hypothèse que les terroristes sont des terroristes sans religion, que les gens de Boko Haram, que les coupeurs de têtes de l’Etat islamique d’Irak et de Syrie, que les salafistes algériens, ou que les ayatollahs prompts à dégainer des fatwahs sont des gens qui n’ont rien à voir, ni de près ni de loin avec la religion, cette hypothèse n’est pas tenable. C’est aussi peu sensé que d’affirmer que Staline, Mao ou Pol Pot n’ont rien à voir avec le marxisme léninisme.
Et puis, la religion ce n’est tout de même pas une tasse de thé que l’on boit poliment à cinq heures, un gentil et inoffensif élixir qui apaiserait les quintes de toux d’une civilisation démesurément matérialiste et technique. Qui connaît un peu l’âpreté et la férocité des guerres de religion en Europe, le sadisme bureaucratique de l’Inquisition dans l’Espagne médiévale ou la malignité des pogromistes cosaques ne peut pas entendre sans inquiétude résonner le credo : « Dieu est amour, notre religion est une religion d’amour et de paix et que s’envolent partout les colombes ». Comme si la dimension absolutiste et exclusive de la terreur religieuse était séparable à tout jamais du tronc de la vraie foi, de la simple et authentique spiritualité des croyants. Et si l’on ne veut pas se tourner vers le passé, il n’est qu’à mesurer la licence dans l’horreur qu’amène le fait religieux dans les guerres modernes, en ex-Yougoslavie, en République centrafricaine, en Palestine, en Israël, au Mali, en Tchétchénie,..
Non, il n’y a pas de religion modérée que l’on pourrait opposer à une religion radicale. La religion modérée, ça ne peut pas exister, ce qui existe, c’est la modération externe de la religion par des philosophes, des juristes, des théologiens – et des citoyens particulièrement conscients et pacifistes, qui opposent à la pression de l’intégrisme et de l’austérité doctrinaire la subtilité, la nuance, l’ouverture d’esprit aux arts, aux musiques, aux sciences, le commentaire éclairé de la Tradition. C’est aussi la modération de la religion par de nouveaux pôles culturels qui en déminent l’orthodoxie ou l’extrêmisme et la souveraineté sur les consciences. Et si le christianisme de Savonarole dans la Florence des Medicis ne fut pas moins illuminé, fanatique, extrémiste que l’islamisme rigoriste, piétiste et guerrier des oulémas almohades qui poussèrent le calife d’Al-Andalus, Al-Mansur, à bannir comme hérétique le médecin et théologien Averroès, les choses ont aujourd’hui changé en France et en Europe.
Certains espèrent ardemment un Spinoza musulman. A notre sens, il en existe déjà un grand nombre, mais de même que l’auteur de l’Ethique et du Traité Théologicopolitique, fut chassé de la synagogue et maudit, des penseurs analogues musulmans peuvent-ils intervenir sur la question religieuse et la place de l’Islam en Europe ?
Assumer la contrariété
Ne serait-ce pas plutôt du côté de l’expérience marrane qu’une évolution créatrice peut advenir ? Expérience de la contrariété, du déclassement, du secret, de la plaisanterie, de la mise en tension, qui n’annihile pas pour autant le lien aux sources et aux traditions. Une telle voie n’est pas communautariste, elle n’est pas même communautaire. Elle peut apparaître comme une voie fragile et solitaire, dans laquelle se perd la force liante de la parole collective… du re-ligieux.
L’expérience marrane, on le sait, fût à la fois douloureuse et salvatrice. Se cacher dans l’intimité domestique pour être fidèle à sa foi ne serait pas tenable aujourd’hui et n’est aucunement souhaitable. Pourtant, dans ce phénomène, certains d’entre nous ont pu voir une proto-laïcité non dite, non consciente, non visible. Rappelons que la croyance reste indéfectiblement le lot ou la part intime et subjective de chacun dans sa citoyenneté. Le meilleur moyen pour que l’intégrité de celle-ci soit respectée ne résiderait-il pas dans la préservation de cette intimité même ? Et le meilleur moyen d’éluder les actes de discrimination ne serait-il pas de s’abstenir d’arborer ou revendiquer des signaux d’appartenance ?
Etre ensemble en allant dans son statut de citoyen au contact des autres, permet d’ouvrir une relation d’humain à humain, notamment à l’école ou au travail. Dans un deuxième temps, si des affinités naissent, on peut se présenter dans ses spécificités, y compris religieuses. Ne serait-ce pas là une modalité sociale, propre à préserver de toutes stigmatisations ? Elle requiert toutefois une dose de rétrocession sur la « jouissance identitaire », un léger retrait de soi pour justement faire place à l’autre, ce qui est un effort de chacun sur soi-même.
Mais nous savons que l’époque se veut celle des « fiertés, des prides et des parades » à fonction identitaire.
Voyons un peu. Quelle fierté y-a-t’il à être ceci ou cela : volapuk, mormon ou végétarien ? Chacun est né quelque part et si l’on songe à toutes les migrations de l’histoire, aux naufrages encore contemporains – que l’on pense ici au moins à Lampeduza -, aux déportations diverses, chacun aurait pu naître ailleurs, dans une autre identité.
Dans l’espace public, la citoyenneté prime nécessairement et c’est l’intérêt de chacun : rappelons le à ceux qui l’oublieraient !
L’Europe des alliances comme projet fédérateur
Il nous faut un avenir. L’étendue de la diversité peut être un facteur de relativisation des oppositions pour peu qu’on y travaille. Cet avenir est à portée de la main, c’est l’Europe. Une Europe qui développerait le champ social, la culture et l’instruction, les idées, les sciences, la recherche. L’Europe est un projet d’avenir de par son étendue et sa diversité. L’Europe n’est pas un continent isolé et même on peut se souvenir de son origine moyen-orientale dans la mythologie, au nom d’une princesse phénicienne venue en Grèce !
Réimaginer l’Europe, donner un autre souffle , une autre intensité à l’idée européenne suppose une atmosphère de confiance, d’honnêteté intellectuelle, de créativité, de partage et de joie. Or cela ne se peut que si le soupçon et la culpabilité dont nous avons à gros traits esquissé la nature et qui alimentent aujourd’hui les courants europhobes, nationalistes, démagogues sont vaincus par un nouvel esprit européen. En faisant de la figure de l’immigré la figure centrale du champ politique contemporain, que ce soit sous les traits de l’étranger indésirable, dangereux, responsable de tout ce qui ne va pas dans nos pays, ou que ce soit au contraire sous ceux d’un héros de substitution du prolétariat, aux avants-postes de la lutte contre le Capital, les courants politiques inspirés par le soupçon et la culpabilité s’oposent profondément à la renaissance de l’esprit européen.
Et c’est pourtant à la renaissance de cet esprit européen, dont il est si aisé, si immédiatement bénéfique de dénoncer les torpeurs et les paralysies, les infirmités technocratiques et la fragilité démocratique, qu’il faut consacrer l’essentiel de nos forces…
Claude Corman et Paule Pérez © Copyright Temps marranes n°25
Avec nos remerciements aux éditeurs de Temps marranes
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