C’est bien connu, c’est dans le besoin que l’on sait ce que valent vraiment ses amis. A peine trois séances après son introduction en Bourse, ceux de Facebook valent déjà beaucoup moins cher… 21 dollars de moins chacun pour être précis. Car, depuis son entrée au Nasdaq, la valorisation du réseau social aux 900 millions d’utilisateurs a déjà perdu 19 milliards de dollars.
Le titre Facebook a en effet poursuivi sa dégringolade le mardi 23 mai, poussant plusieurs analystes à critiquer le pilotage de l’entrée en Bourse par les banques. Le cours du champion des réseaux communautaires a plongé de 8,55% à 31,12 dollars mardi à la clôture dans un marché en léger repli, après avoir touché un plancher à 30,94 dollars en cours de journée. Au total, l’action « FB » a perdu 18,42% de sa valeur depuis son introduction en Bourse vendredi. .
Beaucoup parlent déjà d’échec mais, pire, mettent en cause les banques qui ont organisé l’opération, principalement Morgan Stanley, mais aussi JPMorgan Chase et Goldman Sachs, qui avaient les premiers rôles parmi onze banques mobilisées. « Elles se sont complètement plantées », lâche Michael Pachter, analyste chez Wedbush Securities. Selon lui, elles ont sans doute mis trop d’actions sur le marché trop cher. Et surtout, certains investisseurs étaient apparemment au courant que les prévisions de la société de Mark Zuckerberg étaient surestimées.
L’introduction historique de Facebook est peu à peu en train de virer au scandale boursier…
Quatre jours après, l’IPO de Facebook reste donc un sacré fiasco. Et on n’a pas fini d’en parler ! Des investisseurs savaient que Facebook était survalorisé.
Mardi, une nouvelle polémique est apparue, le très sérieux site de high tech Business Insider a révélé que les analystes des trois principales banques impliquées avaient revu à la baisse leurs attentes pour les résultats du site internet dans les jours quelques jours à peine avant l’entrée en Bourse. Ils en auraient même averti certains de leurs clients qui, du coup, auraient perdu de l’intérêt pour le titre.
Toujours selon le site, tout a commencé début mai ; alors que Facebook s’apprêtait à démarrer sa tournée auprès des investisseurs avant l’entrée en Bourse (« roadshow »), les analystes du réseau social ont mis en place des prévisions pour faciliter le marketing et le prix d’introduction. Une pratique courante, mais qui est apparue beaucoup trop optimiste.
« Si ces accusations sont vraies, elles sont du ressort de la Finra et de la SEC », les gendarmes de la Bourse américaines, a indiqué un porte-parole de la Finra. « Je pense qu’il y a beaucoup de raisons d’avoir confiance dans nos marchés et dans leur intégrité, mais il y a des questions qu’il faut regarder, en particulier s’agissant de Facebook », a dit à des journalistes mercredi la présidente de la SEC Mary Schapiro, à l’issue d’une audition au Sénat.
Selon la chaîne financière CNBC, l’Etat du Massachusetts a cité Morgan Stanley à comparaître sur l’affaire. Morgan Stanley s’est défendue dans un communiqué en affirmant « avoir suivi les mêmes procédures pour l’offre d’actions Facebook que pour toutes les autres introductions boursières », assurant qu’elles sont « conformes à toutes les réglementations ».
Morgan Stanley se défend
La banque d’investissement souligne que Facebook avait « publié des prévisions additionnelles le 9 mai (…) et « une copie en a été transmise à tous les investisseurs », sans compter que cette mise à jour des prévisions de Facebook a été « largement couverte par la presse ». Le site aux 900 millions d’utilisateurs avait alors indiqué que son chiffre d’affaires continuait à croître moins vite que le nombre de ses utilisateurs – révélant la poursuite d’une tendance qu’il avait déjà évoquée.
Ces nouvelles prévisions ont incité « un nombre conséquent d’analystes (…) à réduire leurs prévisions de résultats » et elles ont été « prises en compte dans la fixation du prix » de lancement de l’action, conclut Morgan Stanley. Certains analystes soulignaient par ailleurs à quel point il est difficile de fixer le niveau de prix d’une entreprise qui, comme Facebook, suscite un énorme intérêt auprès du grand public.
Déjà, les banques sont soupçonnées d’avoir soutenu le cours vendredi
Lors de la première journée en Bourse, vendredi 18 mai, des soupçons avaient déjà plané à propos d’un soutien de certaines banques américaines. Morgan Stanley a été accusée d’arroser l’action par des milliards de dollars, afin de maintenir le cours au-dessus du prix d’introduction. C’est cette banque qui a été le fer de lance de l’arrivée de la firme de Palo Alto en Bourse.
Ce genre de manipulation n’est pas rare dans le cas des introductions en demi-teinte. LeFigaro.fr note que tout le monde semble l’avoir oublié, mais c’est ce qui s’était produit à l’introduction d’EDF, le 12 décembre 2005.
Le Nasdaq lui non plus n’est pas exempt de tout reproche. De nombreux problèmes sont apparus au cours de la première journée, dus au grand nombre de demandes à traiter. « Clairement, nous avons fait des erreurs dans la cotation de Facebook, mais nous tenons toujours à souligner le fait que c’était la plus grande IPO jamais vue et que, vendredi dernier, nous avons traité plus de 570 millions de titres », a déclaré le directeur général de Nasdaq OMX, Bob Greifeld.
Mark Zuckerberg voit des milliards de dollars partir en fumée
Déjà, lundi, le fondateur du réseau social pouvait déplorer une perte virtuelle de 2 milliards en l’espace de deux jours. Après cette troisième journée dans le rouge, ses 503,6 millions d’actions ne valent plus « que » 15,67 milliards de dollars, contre 19,14 milliards de dollars au moment de l’introduction en Bourse. Soit 3,47 milliards de dollars de moins.
Le petit génie de Harvard pointe encore à la 39e place du classement Bloomberg des hommes les plus riches du monde, qui en comporte 40. Si Facebook baisse à nouveau ce vendredi, il pourrait donc sortir du classement.
L’action Facebook vaudrait en fait… 9,59 dollars !
« Il est très difficile de comprendre la véritable demande des investisseurs pour un titre, car ils ne déclarent pas aux banques le nombre exact d’actions qu’ils souhaitent », remarque Lou Kerner, fondateur du Social Internet Fund. Selon lui, les difficultés techniques du marché électronique Nasdaq pour gérer le volume d’ordres au premier jour, vendredi, n’ont fait qu’ajouter aux difficultés inhérentes à ces opérations, tout comme la décision du constructeur General Motors, annoncée le 15 mai, de ne plus faire de publicité sur Facebook. Pour autant, Lou Kerner reste optimiste sur le « potentiel » de Facebook: d’ici 6 à 12 mois, « les échanges d’aujourd’hui ne seront plus que du bruit de fond ».
Rick Summer, du cabinet d’analyste Morningstar, est plus prudent: « nous pensons que l’entreprise a des difficultés à court terme. Le ralentissement du chiffre d’affaire et les pressions sur les marges d’exploitation pourraient encore pousser le cours à la baisse », prévient-il.
D’après les estimations de Wall Street compilées et analysées par Thomson Reuters Starmine, le niveau raisonnable pour l’action Facebook, au vu des perspectives de résultats du groupe, serait de 9,59 dollars – soit le quart de son prix d’introduction en Bourse.
« C’est terrible pour les marchés », a commenté l’ancien président de la SEC, Arthur Levitt. « C’est un événement qui aura des implications négatives durables sur un secteur qui peut mal encaisser ce genre de problème, et le dernier chapitre n’a pas encore été écrit. »
LIRE AUSSI:
» Facebook en chute libre à Wall-Street
» BLOG Facebook? It’s complicated! » La Bourse va-t-elle « liker » Facebook ?
» Mark Zuckerberg a perdu 2 milliards de dollars
» Mark Zuckerberg, le patron de Facebook se marie » Facebook est le 3e pays du monde
(Source : Huffington Post / 23 mai 2012)
{jacomment on}