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filles et maths

Les mathématiques ont-elles un sexe ?

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Organisées par les associations Femme et mathématiques et Animath, les journées « Filles et maths » ont pour but d’inciter les filles à s’orienter vers les filières scientifiques, notamment les mathématiques et l’ingénierie. Après le succès des sessions de fin 2015, voici les nouveaux rendez-vous prévus début 2016
 
Depuis huit ans, les associations Animath et Femmes & mathématiques, à travers leurs fondateurs, Martin Andler, Président d’Animath, et de Véronique Slovacek-Chauveau, vice-présidente de Femmes & mathématiques,  sensibilisent collégiennes, lycéennes et étudiantes aux stéréotypes qui persistent sur la place des femmes et les opportunités qui leur sont offertes dans les carrières liées aux mathématiques. De septembre à décembre 2015, plus de 500 jeunes filles ont assisté et participé activement aux sessions, en Ile-de-France et en région. Une mobilisation sans précédent qui indique une amorce de changement des mentalités et une volonté des jeunes filles de bouger la donne et bannir les héritages anciens d’une représentation sexiste de la société auxquels les femmes commencent à peine à échapper.

Les Mathématiques ont-elles un sexe ?

S’il est un préjugé largement répandu, c’est bien celui que les mathématiques sont l’apanage des hommes, voire aux antipodes de ce que l’on appelle « l’éternel féminin ». John Ernest dans son fameux « Sexe et Maths » de 1976 à l’Université de Santa Barbara disait : « La littérature sur les différences de capacités en maths entre les sexes est énorme… les résultats sont très divers et souvent confus…la plupart mettent en cause l’influence de la culture et de l’environnement plutôt que des différences biologiques intrinsèques ».
 
Illustration : Affiche du film « Mon cerveau a-t-il un sexe ? » de Laure Delesalle ( Prix des Lycéens Festival Pariscience 2010)
 
La Terre tourne, mais les idées préconçues ont encore aujourd’hui la peau dure. Pour celles qui, malgré tout, choisissent les mathématiques, peu d’entre elles entrent dans les filières techniques et scientifiques, peu dans les métiers scientifiques, en particulier en mathématiques ; c’est de ce constat et de la volonté d’y remédier qu’est née en 1987 l’association Femmes et mathématiques. En effet, les filles représentent 46% des bacheliers S, mais seulement 40% des bacheliers S en spécialité mathématiques… et 17% à Polytechnique. Dès les classes prépas scientifiques, le taux de féminisation chute cruellement, de même en école d’informatique ou école d’ingénieur postbac. Un comble alors que plus que jamais, les écoles d’ingénieurs et les filières scientifiques veulent éveiller les vocations féminines et empêcher la fuite des talents vers l’étranger, face aux innovations technologiques, scientifiques, artistiques,… qui fleurissent partout sur la planète.
 

Le mystère reste entier : comment expliquer cette désaffection féminine pour les carrières scientifiques ? Deux chercheurs, Pascal Huguet et Isabelle Régner, se sont penchés sur la question, partant de l’hypothèse que la réputation dont souffrent les femmes en mathématiques a un impact psychologique sur les filles et leurs résultats scolaires. Claude Steele s’était déjà interrogé, aux États-Unis, sur le fait que les femmes obtenaient de moins bons résultats en mathématiques lors des tests utilisés pour l’admission à l’université. Il avait conclu, en recréant cette situation en laboratoire, que si l’on présente les tests de façon neutre, les femmes se montrent aussi performantes que les hommes. Les femmes ont intégré une telle représentation sociale négative des maths qu’elles sont persuadées de ne pas être faites pour ça.
S’inspirant des travaux de Steele, Pascal Huguet et Isabelle Régner ont ainsi demandé à plusieurs centaines d’élèves des deux sexes, en sixième et cinquième, de réaliser une figure, en présentant l’épreuve comme de la géométrie dans un premier groupe et comme du dessin dans le second. Les filles du groupe « géométrie » ont obtenu un score inférieur à ceux des garçons, alors qu’on constate un résultat inverse dans le groupe « dessin », où la palme revient aux demoiselles. C’est donc la simple idée de devoir mobiliser des compétences mathématiques, pour lesquelles elles sont réputées inférieures, qui déstabilise les filles, c’est-à-dire la peur même de se conformer aux stéréotypes véhiculés par notre société ! Le handicap n’est donc pas biologique,
mais psychosocial… Et si l’éducation était dans le collimateur ?
 
Parallèlement, aujourd’hui, grâce aux nouvelles techniques d’imagerie cérébrale qui permettent d’observer le cerveau en plein fonctionnement, des expériences ont démontré que les calculs arithmétiques stimulent le cortex frontal gauche ainsi que les aires pariétales gauche et droite et ce, indépendamment du sexe des sujets. La neurobiologiste Catherine Vidal insiste également sur le fait qu’« une fonction n’est jamais assurée par une seule région mais plutôt par un ensemble de zones reliées entre elles en réseau » et qu’à performance égale, chaque individu confronté à un problème a sa propre « façon de penser », d’activer son cerveau pour atteindre la solution. La plupart des études d’imagerie concluent à l’absence de différences significatives entre les deux sexes pour mettre plutôt l’accent sur d’importantes variations individuelles au sein d’un même sexe.

Livre de Dorothée Benoit-Browaeys et Catherine Vidal « Cerveau, sexe et pouvoir », éd. Belin, 2005

Voir reportage FranceTV « Mathématiques : comment les idées reçues changent-elles le cerveau des filles ? »

Des actions militantes

L’association Femmes & mathématiques compte actuellement environ cent cinquante membres, pour l’essentiel des mathématiciennes travaillant à l’Université ou dans des organismes de recherche et des professeurs de mathématiques de l’enseignement secondaire ou de classes préparatoires mais aussi des sociologues, des philosophes et des historiennes s’intéressant à la question des femmes dans les milieux scientifiques. Ses principaux objectifs : encourager la présence des filles dans les études mathématiques et plus généralement scientifiques et techniques, agir pour la parité dans les métiers des mathématiques et pour le recrutement de plus de femmes en mathématiques dans les universités, sensibiliser la communauté scientifique et éducative à la question de l’égalité femme/homme et, enfin, être un lieu de rencontre entre mathématiciennes.
 

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Avec Animath, elle poursuit l’action de sensibilisation des collégiennes, lycéennes et étudiantes de France aux opportunités de carrières qui s’offrent à elles dans les mathématiques. Ces journées « Filles et Maths » font pointer du doigts les stéréotypes persistants et la façon dont ils pèsent sur les choix d’orientation des élèves et étudiantes. Objectif : encourager un maximum d’entre elles à oser poursuivre leurs études après le Bac dans des filières mathématiques encore largement « masculines ».
 
 
Une centaine de places sont ouvertes à chaque session. Les jeunes filles s’inscrivent de leur propre initiative ou sur les recommandations de leurs enseignant(e)s. Une communication est assurée auprès des inspecteurs pédagogiques de l’académie. La participation est gratuite.
Pour plus d’information et s’inscrire aux prochaines sessions : www.animath.fr ou www.femmes-et-maths.fr
 
Parmi les temps forts de la journée :
Un atelier-débat sur les mots et images pour définir les maths
Une promenade mathématique
Un théâtre forum où les jeunes filles mettent en scène et font vivre les stéréotypes qu’elles ont mis en évidence via les ateliers
Des speed meetings entre les jeunes filles et une dizaine de professionnelles qui viennent présenter leur métier et leur parcours d’études
 
PROCHAINES DATES
En Ile-de-France :
le 17 février 2016 à l’Institut Galilée à Villetaneuse (93) pour les jeunes filles scolarisées en classe de Troisième et Seconde de Seine St Denis
• le 10 mars 2016 à l’Ecole Polytechnique à Palaiseau (91) pour les jeunes filles scolarisées en classe de Première S et Terminale S scolarisées en Ile de France
 
En Régions :
• le 17 mars 2016 à Lyon pour les jeunes filles scolarisées en classe de Première S de l’académie de Lyon D’autres dates seront prochainement fixées en mars, avril et mai à Nevers, Bordeaux, Toulouse et Montpellier.
 
 
A propos d’Animath http://www.animath.fr
Animath est une association créée en 1998. Son but est de favoriser l’introduction, le fonctionnement, le développement,  la mise en réseau, la valorisation et la reconnaissance institutionnelle d’activités mathématiques périscolaires dans les écoles, collèges, lycées et établissements de niveau universitaire. Animath déploie ses actions tant auprès des jeunes filles et garçons au talent déjà affirmé, en organisant la préparation aux compétitions mathématiques de type olympique, ou le TFJM, qu’auprès d’un large public.
 
 

Lire aussi dans UP’ « Chère Mathémathique, mais si, on t’aime ! «  de Dorothée Browaeys – Juin 2015

 
 
 

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