Les vins de Californie contiendraient tous du glyphosate. Quatorze des plus grandes bières allemandes aussi. Principe actif du Roundup, ce puissant désherbant de Monsanto, le glyphosate est considéré par de nombreuses études comme hautement dangereux pour la santé. Tout le monde est en émoi. Et pendant ce temps, la Commission européenne s’apprête à renouveler l’autorisation de cet herbicide en Europe. On marche sur la tête ou est-ce l’abus d’alcool qui met nos neurones sens dessus dessous ?
L’étude publiée par la revue américaine EcoWatch et réalisée par le laboratoire Microbe Inotech de Saint-Louis est formelle : les vins analysés, provenant de cépages de la vallée de Napa, Sonoma et Mendocino en Californie, contiennent tous des doses alarmantes de glyphosate. Certains en ont même dans des quantités 28 fois supérieures aux normes tolérées. Des quantités ont même été trouvées dans du vin bio.
Cette étude vient quelques jours après celle qui a mis les buveurs de bière allemands (et il y en a beaucoup) en grand émoi : 14 de leurs bières favorites analysées par l’Institut de l’environnement de Munich contenaient de 4 à 300 fois plus de glyphosate que la quantité permise dans l’eau. En Allemagne la concentration permise dans l’eau serait de 1 µg/L.
Encore plus grave, on apprend que presque tous les Allemands seraient exposés au glyphosate. Le journal Le Monde rapporte que sur 2000 Allemands testés on a détecté cinq fois plus de glyphosate dans leur urine que la dose autorisée pour l’eau. De plus, ce taux était de 15 à 42 fois plus élevé pour 22 % des personnes analysées.
On ne voit pas pourquoi nous ne retrouverions pas à peu près les mêmes résultats si ces études avaient été menées en France.
Le drame, c’est que le glyphosate se retrouve même dans les productions de viticulteurs ou de brasseurs qui se déclarent parfaitement bio et hostiles aux produits chimiques dans leurs cultures. On veut bien les croire. Dans ce cas, le glyphosate que l’on retrouve en masse dans leurs produits viendrait d’ailleurs : disséminé dans l’air en provenance des champs voisins ou contaminé par les eaux d’irrigation.
Les études scientifiques s’accordent pour la plupart à attribuer au glyphosate des propriétés cancérigènes et d’être le facteur de graves perturbations endocriniennes. Il est devenu le numéro 1 des pesticides dans le monde. Il a été introduit en 1974 et depuis l’expiration du brevet en 2000, on le retrouve dans 750 produits phytosanitaires dont le plus connu est le Roundup.
Ce très puissant produit est utilisé pour désherber. Il est considéré comme étant très efficace par nombre d’agriculteurs qui ne savent plus comment s’en passer. On le retrouve aussi dans des fertilisants.
Alors que le Centre international de recherche sur le cancer de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a classé le glyphosate comme un pesticide dangereux et « probablement cancérigène », le Parlement européen a voté, la semaine dernière, en séance plénière, une résolution, sans valeur juridique, demandant à la Commission européenne de renouveler l’autorisation de commercialisation du glyphosate, qui s’achève en juin, « pour une période de sept ans ». Le journal Le Monde vient de révéler que la Commission européenne devrait proposer d’autoriser de nouveau le glyphosate non pas pour sept mais pour dix ans. C’est en tout cas le sens d’un projet de règlement d’exécution, dont le quotidien dit avoir obtenu copie, et qui sera soumis au vote des États membres, les 18 et 19 mai.
Cette décision est le résultat d’une intense bataille de lobbying de la part des industriels de la chimie. Les eurodéputés écologistes sont vent debout. Ils s’insurgent contre une succession d’aberrations menant inéluctablement à la décision d’autorisation. Le Parlement européen a en effet utilisé une procédure rarissime : il s’est autosaisi sur une question aussi technique que l’homologation d’une molécule phytosanitaire. Il a voté en séance plénière une résolution demandant la réautorisation de cette substance. Plus dans le détail, le projet que le Parlement soumet à la Commission ne considère pas seulement le glyphosate comme un herbicide mais aussi comme un accélérateur du processus de maturation, permettant ainsi de le pulvériser sur les plantes avant la récolte, ce qui accroit les risques pour le consommateur final.
Enfin, cerise sur le gâteau, la Commission a demandé la consultation d’études permettant de savoir si le glyphosate est définitivement ou pas un perturbateur endocrinien. Et à qui a-t-elle demandé ces études ? Aux entreprises qui vendent ces produits ! Ainsi la Commission et les États membres font confiance aux industriels pour leur apporter des preuves d’innocuité de leurs produits, mais seulement après que la décision de renouvellement soit prise.
Quand on disait qu’on marchait sur la tête. Vous reprendriez bien un verre ?
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