L’Inde, les Etats-Unis, le Brésil et l’Afrique du Sud enregistrent actuellement les plus fortes hausses du nombre de cas de Covid-19 depuis début juillet. Ces quatre géants économiques sont encore bien loin d’avoir atteint le « pic » de la pandémie, selon les experts. État des lieux.
Etats-Unis
Les Etats-Unis, 328 millions d’habitants, sont en tête avec plus de 50.000 cas par jour depuis début juillet et déjà plus de 140.000 morts, soit 413 pour un million d’habitants, selon les calculs de l’AFP à partir de données officielles.
Plus de 3,5 millions de cas ont été rapportés au total et quarante États sur cinquante enregistrent des hausses. La Californie (Ouest), premier Etat américain à imposer un confinement en mars, a décidé mardi de refermer bars, restaurants en intérieur, cinémas, zoos…
Le virus entré par le nord-ouest et le nord-est descend désormais vers le sud, le Midwest et l’ouest des Etats-Unis. Les États les plus touchés sont le Texas, la Floride, l’Arizona et la Californie.
Comme en Inde, les experts estiment que ce pays fédéral a du mal à combattre l’épidémie en raison de la réponse hétérogène qui y est apportée. Les confinements ont été appliqués en « patchwork » et si New York semble désormais moins touché, le virus s’est renforcé ailleurs.
Le président Donald Trump a été accusé d’avoir « politisé » la science, suscitant des polémiques autour du masque, qu’il a longtemps refusé de porter, et évoquant des complots autour du Covid-19 visant à l’affaiblir. Des États épargnés se sont abstenus de prendre des mesures, assouplissant au contraire le confinement, ce qui a relancé l’expansion du virus.
Dans les États les plus touchés plus de 5% des personnes testées sont atteintes, bien au-dessus des seuils fixés par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). À ce rythme, jusqu’à 40 millions de personnes pourraient être infectées avant la fin de l’année.
Brésil
La première économie d’Amérique latine (209 millions d’habitants), dirigée par Jair Bolsonaro depuis octobre 2018, s’approche des 2 millions de cas et déjà plus de 70.000 décès.
Le taux de décès atteint 354 par million d’habitant, mais les spécialistes estiment que le nombre réel de cas pourrait être jusqu’à dix fois supérieur et celui de morts, aller jusqu’au double.
Les États amazoniens du Nord, territoires de nombreux peuples indigènes aux faibles défenses immunitaires pour certains, sont en première ligne. Et parmi les 27 États brésiliens, Sao Paulo et Rio de Janeiro (sud-est) enregistrent, en valeur absolue, le plus grand nombre de contaminations. Rio de Janeiro, a un taux de mortalité particulièrement élevé (665 par million d’habitants).
On observe une hausse dans les États du Sud, jusque-là épargnés. « Je n’arrive pas à visualiser un plateau réel » de la courbe, a déclaré le 10 juillet à l’AFP Domingos Alves, coordinateur du Laboratoire de recherche sur la santé (LIS) de la Faculté de Médecine de Ribeirao Preto: « Le nombre de contaminations va continuer à augmenter jusqu’en octobre-novembre, avec des fluctuations », estime-t-il.
Le retard dans les mesures de prévention à prendre et le manque de tests ont été aggravés, selon nombre d’observateurs, par une politisation de la pandémie. Jair Bolsonaro, qui a lui-même contracté la maladie, a mené une campagne inlassable contre les gouverneurs ayant imposé des mesures de confinement, au nom de la survie de l’économie.
Inde
La cinquième économie mondiale, 1,3 milliard d’habitants, pourrait bientôt dépasser le seuil du million de cas de Covid-19. Si le nombre de décès reste très faible — 17 par million d’habitants, comparé à 663 au Royaume-Uni — la pandémie galope depuis début juillet, ce qui l’inscrit dans cette liste des quatre pays où elle progresse le plus vite.
Le gouvernement de Narendra Modi a décidé mardi de reconfiner près d’un Indien sur dix. Il s’agit des 125 millions d’habitants du grand État du Bihar (nord-est) jusqu’au 31, après une levée du confinement en juin et des 13 millions de l’agglomération de Bangalore (Sud).
Les États les plus touchés sont le Maharashtra (Ouest), où se trouve Bombay et ses fameux studios de Bollywood, et le Tamil Nadu, dans le Sud. La capitale New Delhi concentre à elle seule plus d’un dixième des cas.
« Le pic de la vague reste à venir : selon mes prévisions, à la mi-août, mais d’autres scientifiques évoquent les mois d’octobre, novembre ou décembre », explique à l’AFP le virologue T. Jacob John. « De nombreuses raisons expliquent (la flambée) : tests trop peu nombreux, gestion très hétérogène par les États et villes. Le manque de centralisation (des données) rend difficile de prévoir la trajectoire du virus et l’épicentre change d’un État à l’autre », ajoute le biologiste Samit Bhattacharyya, professeur à l’université privée de Shiv Nadar.
« La santé n’a jamais été une priorité politique en Inde », souligne T. Jacob, évoquant un budget ne dépassant pas 2% du PIB. « Culturellement, les Indiens acceptent toutes les tragédies, et la mort, sans se plaindre. Le confinement aura des conséquences économiques sévères et cela aussi, sera accepté, avec stoïcisme »
Afrique du Sud
La première puissance industrielle d’Afrique, et ses quelque 58 millions d’habitants, connaît une véritable flambée des cas, avec plus de 8.000 cas par jour depuis début juillet, portant le total à plus de 300.000, selon les données collectées par l’AFP de source officielle. Les autorités sanitaires enregistrent 500 cas par heure.
Dimanche 12 juillet le président Cyril Ramaphosa a d’ailleurs souligné « la force et la vitesse de progression », une source « de grande inquiétude ». Il a réimposé un couvre-feu et suspendu la vente d’alcool.
A la mi-juillet les provinces les plus touchées sont Gauteng, où se trouvent Johannesburg, hub économique et financier, et la capitale Pretoria. Un peu plus d’un tiers des cas s’y concentrent. La province du Cap-Occidental, si prisée des touristes suit avec près de 30% des cas. Le KwaZulu-Natal, où le patient zéro arrivé le 5 mars d’Italie a été identifié, concentre près de 10% des cas.
« Nous observons une hausse très rapide à Johannesburg et anticipons que cela va continuer encore pour plusieurs semaines », a déclaré à l’AFP l’épidémiologiste Salim Abdool Karim, principal conseiller du gouvernement sur le Covid. « À certains égards, Johannesburg est comme New York: densément peuplée et la distanciation sociale est un défi ».
« De petits groupes de personnes peuvent entraîner de vastes contagions et c’est ce que nous observons ». Le confinement décidé au démarrage a par ailleurs freiné la progression du virus, mais restait « insoutenable sur le long terme, d’un point de vie économique. Nous avons anticipé que nous serions obligés d’alléger les mesures, mais il nous fallait du temps pour nous préparer », a-t-il ajouté.
Source : AFP