L’artiste islandais-danois Olafur Eliasson investit l’Espace Muraille pour une exposition personnelle du 24 janvier au 28 avril 2018. Ce lieu singulier dédié à l’art contemporain, fondé par la collectionneuse Caroline Freymond et situé au cœur de la vieille ville de Genève, permet à Olafur Eliasson de faire perdurer un cycle d’expositions d’envergure consacrées à la Française Monique Frydman, l’Iranienne Shirazeh Houshiary, l’Argentin Tomàs Saraceno, l’Américaine Sheila Hicks et le Britannique Edmund de Waal.
L’exposition « Objets définis par l’activité », à l’initiative de Laurence Dreyfus et conçue en étroite collaboration avec l’artiste et son studio, présente des éléments emblématiques du vocabulaire artistique d’Olafur Eliasson, notamment son travail autour de la lumière, de l’eau, des couleurs, et plusieurs nouvelles installations, pensées spécifiquement pour et en dialogue avec le lieu. Elle est accompagnée d’un catalogue édité pour l’occasion.
Caroline et Eric Freymond ont noué avec l’artiste des liens de confiance et de complicité depuis plusieurs années et figurent parmi ses plus fidèles collectionneurs. « L’art produit par Olafur Eliasson est l’aboutissement d’un travail et d’une recherche effectués en équipe, mêlant la réflexion et l’action en vue d’harmoniser et de créer des liens entre différents angles de perception du monde, tant à l’échelle individuelle que collective. Ses interventions permettent à chaque fois de prendre la mesure de l’espace dans lequel nous évoluons de manière plus responsable et investie, en partageant et en portant plus loin son message de façon dynamique et interactive…. Il est très intéressant pour nous d’accueillir à Espace Muraille une exposition construite autour de la notion « d’objets définis par l’activité », qui offrira aux visiteurs, au-delà de la séduction purement esthétique des œuvres présentées, un cortège de réflexions et de sensations liées aux lieux, précisément transformés par l’expérimentation sensorielle, au temps et au mouvement, révélateurs du pourquoi des choses bien plus que de la manière et de la matière dont elles sont faites. » Caroline Freymond, fondatrice d’Espace Muraille
« Objets définis par l’activité » présentée à Espace Muraille rassemble une sélection de 16 œuvres qui témoignent des recherches de l’artiste sur le temps, la perception, l’espace, le mouvement et la relativité du réel.
Eliasson est un artiste qui envisage notre époque, non seulement d’un point de vue scientifique et artistique, mais aussi avec le sens d’une urgence écologique globale, comme le montrent ses projets Little Sun, Ice Watch et Green Light – An Artistic workshop.
Les œuvres de cette exposition sont des exemples de ce que l’artiste appelle ses « installations expérimentales » – elles désorientent les perceptions du spectateur, l’encourageant à se déplacer et à examiner l’œuvre sous différents angles. Un processus qui renvoie à l’idée d’Eliasson selon laquelle le spectateur est un coproducteur de l’œuvre.
Dans la première salle, une série de petites sculptures est l’occasion d’explorer le vocabulaire géométrique d’Eliasson en même temps que ses expérimentations autour de la réflexion, de la réfraction et de la peinture de lumière. Cette série comprend une œuvre réalisée à partir de vitres en verre soufflé teinté représentant deux assemblages d’ellipses superposées ; une nouvelle peinture de la série des expérimentations autour de la couleur qui confronte le spectateur au contraste d’un noir intense et des couleurs de l’arc-en-ciel ; ainsi qu’une œuvre qui modifie notre perception des échelles grâce aux propriétés grossissantes d’un miroir concave.
La salle suivante présente une série d’aquarelles à travers lesquelles l’artiste explore les effets de la superposition de lavis de couleur ou bien résultant de la fonte d’un morceau de glace glaciaire audessus d’un lavis de pigment d’aquarelle.
Devant la grâce de ces œuvres, le temps semble s’être suspendu, permettant ainsi aux spectateurs de s’interroger sur l’impact de l’homme sur la nature. A l’étage inférieur, les visiteurs sont accueillis par Black glass sun, une œuvre réalisée à partir d’un verre circulaire convexe noir entouré d’un halo de lumière monofréquente, ainsi que par The gaze of Versailles, deux yeux dorés qui semblent fixer le spectateur.
Pour admirer la dernière œuvre de l’exposition, Object defined by activity (now/soon/then), les visiteurs doivent passer derrière un rideau et entrer dans une salle plongée dans le noir. Les trois sculptures d’eau sont révélées par l’irruption de flashs de lumière stroboscopique. Suspendues en apparence par des raies de lumière, ces installations aquatiques semblent immobiles, pourtant le bruit de l’eau qui gicle dans le noir laisse deviner aux spectateurs un processus en mouvement.
Trois petites fontaines qui émettent chacune un jet d’une forme différente sont disposées dans une salle plongée dans l’obscurité. Des lumières stroboscopiques placées au-dessus de chaque fontaine illuminent les giclées d’eau le temps d’une seconde, produisant ainsi l’effet d’une installation statique suspendue dans les airs.
Olafur Eliasson, Object defined by activity (now / soon / then), 2009
Eau, acier inoxydable, mousse plastique, plastique, pompe, jet, lumière stroboscopique. Dimensions variables.
Installation visible au Musée d’art contemporain du XXIe siècle de Kanazawa, Japon, 2009.
Photographe : Studio Olafur Eliasson
Courtoisie de l’artiste, neugerriemschneider, Berlin ; Tanya Bonakdar Gallery, New York © 2009 Olafur Eliasson
L’art d’Olafur Eliasson est tout entier habité par son intérêt pour les phénomènes de perception, de mouvement, par l’expérience de soi et de son corps. A travers son art, Eliasson a à cœur d’aborder des sujets sociétaux plus vastes. Pour lui, l’art est une arme essentielle pour transformer les idées en actes. L’œuvre plurielle d’Eliasson – comprenant sculptures, peintures, photographies, films et installations – a déjà fait l’objet de nombreuses expositions à travers le monde.
Au-delà de la sphère restreinte des musées et galeries, sa pratique s’adresse à une large audience grâce à des projets architecturaux et des interventions dans l’espace public.
Olafur Eliasson est né en 1967 et a grandi entre l’Islande et le Danemark. De 1989 à 1995, il étudie à l’Académie Royale des Beaux-Arts du Danemark. En 1995, il s’installe à Berlin et fonde le Studio Olafur Eliasson qui emploie aujourd’hui près de quatre-vingt-dix artisans, techniciens spécialisés, architectes, archivistes, administrateurs, programmeurs, historiens de l’art et même deux cuisiniers.
Depuis le milieu des années 1990, Eliasson a réalisé de nombreuses expositions et projets d’envergure à travers le monde. En 2003, Eliasson représente le Danemark lors de la 50ème Biennale de Venise avec The Blind Pavilion.
Un an plus tard, il présente The weather project dans la salle des turbines de la Tate Modern de Londres.
De 2003 à 2009, il travaille à The body as brain: Project Sammlung, une série d’interventions in situ au Kunsthaus Zug, en Suisse.
En 2007, Take your time: Olafur Eliasson est une exposition sondage organisée par le SFMOMA. Elle voyage dans plusieurs musées jusqu’en 2010, dont le MoMA de New York.
En 2012, l’exposition Innen Stadt Aussen (Inner City Out), organisée par le Martin-Gropius-Bau, consiste en une série d’interventions dans le musée et la ville de Berlin.
En 2014, l’œuvre Riverbed remplit de pierres et d’eau une aile entière du Musée d’Art Moderne Louisiana (Danemark), reproduisant une rivière dans un paysage montagneux.
La même année, l’exposition Contact inaugure la Fondation Louis Vuitton de Paris.
Verklighetsmaskiner (Reality machines), organisée au Moderna Museet de Stockholm en 2015, devient l’exposition d’un artiste vivant la plus visitée du musée.
En 2016, Olafur Eliasson conçoit une série d’interventions pour le château et les jardins de Versailles, dont une cascade artificielle géante se déversant dans le Grand Canal.
Parmi les projets de l’artiste dans l’espace public, on compte Green River, installé dans plusieurs villes entre 1998 et 2001, et The New York City Waterfalls commandité par le Public Art Fund et exposé sur le littoral de Manhattan et Brooklyn pendant l’été 2008. En 2014, l’artiste expose des morceaux d’iceberg rapportés du Groenland au Danemark dans une œuvre intitulée Ice Watch, puis à Paris en 2015 à l’occasion de la COP21. Your Rainbow Panorama, une passerelle circulaire de 150 mètres en verres teintés construite en haut de l’ARoS, à Aarhus au Danemark, ouvre en 2011. L’Harpa, une salle 5 de concert et de congrès à Reykjavik Hall, dont Olafur a conçu les façades en collaboration avec le cabinet d’architectes Henning Larsen, est achevée la même année.
Professeur à l’Université des Arts de Berlin, Olafur Eliasson a dirigé l’Institut für Raumexperimente (Institut d’expérimentations spatiales ; 2009-14), un programme d’éducation artistique expérimental de cinq années hébergé dans le même édifice que le studio de l’artiste. (www.raumexperimente.net)
En 2012, Olafur Eliasson fonde Little Sun en collaboration avec l’ingénieur Frederik Ottesen. Cette entreprise sociale, en même temps qu’un projet mondial, fournit de l’énergie propre et abordable aux communautés n’ayant pas accès à l’électricité grâce à la vente de lampes à énergie solaire et de chargeurs de téléphone tout en soulevant le problème de l’inégalité de l’accès à la lumière et à l’énergie (littlesun.com).
En 2014, Olafur Eliasson crée le Studio Other Spaces en collaboration avec l’architecte Sebastian Behmann, un bureau international pour l’art et l’architecture installé à Berlin. Pendant architectural au Studio Olafur Eliasson, Studio Other Spaces se consacre à des projets de bâtiments pluridisciplinaires et expérimentaux ainsi qu’aux œuvres dans l’espace public (studiootherspaces.net) Olafur Eliasson vit et travaille actuellement entre Copenhague et Berlin.
Olafur Eliasson « Objets définis par l’activité » – Espace Muraille du 24 janvier au 28 avril 2018 – 5, Place des Casemates, 1204 Genève, Suisse
Du mardi au vendredi de 10:00 à 12:00 et de 13:00 à 18:00 Le samedi de 11:00 à 12:00 et 13:00 à 18:00
Photo : Olafur Eliasson, Object defined by activity (then), 2009, eau et lumière stromboscopique.
Photographe : Studio Olafur Eliasson. Courtesy de l’artiste, neugerriemschneider, Berlin ; Tanya Bonakdar Gallery, New York © 2009 Olafur Eliasson
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