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Les français et le cannabis : de la condamnation à l’ouverture

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« De la condamnation à l’ouverture »: les Français se montrent de plus en plus favorables à une autorisation du cannabis, à condition qu’elle soit strictement régulée par l’État, affirme lundi une enquête de l’Ifop* pour Terra Nova et ECHO Citoyen. De là à imaginer des champs de cannabis dans nos campagnes, il n’y a qu’un pas que n’hésitent pas à franchir les élus de la Creuse pour revitaliser leur département.
 
Plus de la moitié des Français (51%) seraient ainsi favorables à « une régulation et un encadrement du cannabis », à condition que la puissance publique fixe « des règles concernant sa production, sa distribution et sa consommation tout en maintenant son interdiction dans certains cas » (au volant, dans les lieux publics et pour les mineurs). Mais 40% y restent toutefois opposés.
Plus de 8 sondés sur 10 (82%) se déclarent aussi favorables à l’autorisation du cannabis à usage médical encadré sur ordonnance.
 

L’opinion sur un point de bascule

Selon le think tank Terra Nova et ECHO Citoyen, qui se définit comme un « lobby participatif », cette étude révèle une « opinion qui a évolué ces dernières années de la condamnation à l’ouverture et se trouve aujourd’hui à un point de bascule ».
Les positions en faveur d’une régulation du marché du cannabis par l’Etat se situent désormais autour de 50% de la population. Mais il s’agit d’une ouverture maîtrisée : l’idée d’un marché régulé du cannabis n’est envisagée qu’avec une forte intervention de la puissance publique et le maintien de certains interdits. 51% des Français (contre 40% d’une opinion contraire) seraient ainsi favorables à « une régulation et un encadrement du cannabis » qui fixeraient « des règles concernant sa production, sa distribution et sa consommation tout en maintenant son interdiction dans certains cas » (en l’occurrence, au volant, dans les lieux publics et pour les mineurs).
En outre, les Français reconnaissent volontiers les effets positifs d’une telle réforme (surcroît de recettes fiscales, qualité des produits, renforcement de la lutte contre le marché illégal et les trafics…). Et, s’ils redoutent qu’elle s’accompagne d’une banalisation de l’usage du cannabis, ils ne craignent plus qu’elle favorise une perte des valeurs morales ou la consommation d’autres drogues. La dangerosité du cannabis a d’ailleurs « été clairement révisée à la baisse », remarquent les deux organisations. Sur une échelle de 1 à 10, les Français le jugent désormais à peine plus dangereux (7,8/10) que l’alcool (7,7/10), et moins que le tabac (8,2/10).
 
Les politiques et moyens de répression actuels sont jugés inefficaces par la majorité des sondés : 64% estiment qu’il faut changer les lois actuelles et 70% sont favorables à un débat sur le sujet.
« Ce n’est plus la nécessité mais la nature du changement qui fait débat », estiment Terra Nova et ECHO Citoyen, en soulignant que l’opinion se divise plus aujourd’hui « sur les politiques alternatives qui devraient être mises en place à l’avenir ».
 
Les Français plébiscitent très largement l’autorisation du cannabis thérapeutique sur ordonnance médicale, quelle qu’en soit la forme (médicamenteuse, fleur séchée, huile, extraction, etc.). De même, ils souhaitent que le surcroît de recettes fiscales qui pourraient être tirées d’un marché régulé du cannabis soit affecté en priorité au financement du système de santé, à la prévention/information sur les drogues et à la lutte contre d’autres trafics. Signe de la maturité croissante de l’opinion, une large majorité des sondés souhaite que soit organisé un grand débat sur ces questions dans notre société.
 

Le débat est relancé… dans la Creuse

Le 24 mai, la ministre de la Santé Agnès Buzyn a concédé un « retard » français sur l’usage thérapeutique du cannabis, indiquant avoir lancé « le débat » avec les institutions responsables du développement des médicaments.
Il n’en fallait pas plus aux élus de la Creuse pour ressortir leur projet de revitalisation de leur territoire par la création d’une véritable filière départementale de culture de cannabis médicinal. Selon le quotidien Les Echos, le porteur de ce projet, le président de l’agglomération du Grand-Guéret et conseiller régional Eric Correia, y voit une chance de développement économique pour une Creuse en voie de désertification, qui recense 118.000 habitants et 12 % de taux moyen de chômage. Une chance qui se chiffrerait en 300.000 consommateurs potentiels d’un médicament possible, entre 500 et 1.000 emplois directs créés et des retombées financières en millions d’euros par an.
 
Alors qu’une quarantaine de pays, dont l’Italie, l’Espagne ou les USA, ont autorisé la culture et la commercialisation du cannabis, la France reste pour le moment sur ses positions d’interdiction. Tout comme l’usage de cette plante qui serait sanctionné d’une « amende forfaitaire délictuelle » d’un montant de 300 euros, dans le cadre du projet de loi sur la réforme de la procédure pénale.
 

Flou juridique et floraison d’un nouveau business

Reste un grand flou juridique pour le cannabis « light », ce cannabis qui ne contiendrait quasiment plus de THC, la substance psychotrope de la plante. Ce produit contient en revanche du cannabidiol (CBD), une autre molécule du cannabis, non prohibée celle-là, qui « ne procure pas d’effet euphorisant et ne modifie pas la perception de la réalité, mais a des effets apaisants, anxiolytiques et peut-être antipsychotiques », explique au journal Le Monde, William Lowenstein, addictologue et président de SOS Addictions.
Des boutiques de vente de ce produit, commercialisé sous de multiples formes – boissons, sirops, huiles de massage, etc –, ont saisi l’intérêt de ce créneau et s’y sont précipitées. Le bon joint d’antan serait-il en train de devenir un produit de bien-être bobo, à la manière des huiles essentielles ? Nul doute que les ambiguïtés réglementaires, tout comme les changements d’opinion, donneront des idées à de nouveaux entrepreneurs.

LIRE DANS UP :  Cannabis : le trip du business

 
*Enquête réalisée en ligne du 15 au 18 mai 2018 auprès de 2.005 personnes de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.
 
Source : AFP
 

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