Swan Lake a été présenté en première française à la Biennale de la Danse de Lyon en septembre 2012, et en exclusivité parisienne au musée du quai Branly pour dix représentations du 17 au 28 octobre 2012. Une variante iconoclaste et très innovante du ballet emblématique où les danses des Zoulous se mêlent à la danse académique et où le cygne noir est un homme.
Avec une compagnie de treize danseuses et danseurs africains, la chorégraphe sud-africaine Dada Masilo revisite ce grand classique de la danse occidentale qu’elle s’approprie avec ses thèmes, la musique de Tchaïkovski, ses tutus et ses pointes et qu’elle « sud-africanise », en lui donnant un nouveau souffle et une nouvelle vie. Elle y croise en particulier la question des sexes et des genres, et celle de l’homophobie dans un pays ravagé par le sida.
Dada Masilo
Photo Dada Masilo © Suzy Bernstein
Dada Masilo, jeune chorégraphe sud-africaine et danseuse de talent, est issue de la Dance Factory à Johannesburg. Elle a séjourné deux ans à Bruxelles (2005-2006) à l’école PARTS, Performing Arts Research and Training Studios. Très vite, elle devient l’une des jeunes danseuses chorégraphes les plus célèbres en Afrique du Sud où elle se produit dans tous les festivals, notamment au festival Dance Umbrella, et forme à son tour de jeunes danseurs.
Son travail est marqué par des relectures du répertoire classique dont elle s’approprie les codes et qu’elle revisite en mêlant joyeusement la danse sur pointe, la danse contemporaine et de puissantes influences africaines, avec humour.
« Je ne voulais aucunement manquer de respect à cette oeuvre. Mais je refuse l’idée qu’on ne peut toucher à rien », plaide l’enfant de Soweto, célèbre township de Johannesburg, « tombée amoureuse » à onze ans du ballet de Tchaïkovski, le premier qu’elle ait jamais vu et qu’elle rêvait un jour d’interpréter, ou plutôt de ré-interpréter. Dans son pays qui s’extirpe à peine de l’apartheid, la gamine noire comprend vite « qu’elle ne sera jamais ballerine » et se promet de créer un jour sa propre version, qui intégrera les tutus qui la fascinent mais ne sera « pas une version classique ».
Repérée à 13 ans avec sa troupe de danseurs de rue, elle intègre la Dance Factory de Johannesburg, dont elle reste l’artiste résidente, et s’y forge une double culture classique et contemporaine, complétée par deux ans à l’école d’Anne Teresa De Keersmaeker à Bruxelles.
Interprète brillante, dont l’ardeur au travail sidère son entourage, elle entame à 20 ans une série d’une dizaine de pièces, fusionnant les styles chorégraphiques et évoquant la société sud-africaine dans ses aspects les plus sombres.
« The World, My Butt and Other Big Round Things » dénonce ainsi le sexisme et les violences envers les femmes, en 2005, tandis que « Love and other four letter words » aborde en 2008 le fléau du sida.
Youyous et tutus
L’artiste, lutin volubile au crâne rasé, s’attaque aussi au répertoire occidental avec plusieurs ballets emblématiques. Son « Romeo and Juliet » intègre en 2008 une famille Capulet multiethnique, tandis que « Carmen » revêt en 2009 une dimension plus érotique que jamais.
La démarche de la jeune femme, qui mêle humour, irrévérence mais aussi amour du mouvement et sens du spectacle, est résumée par le prologue du « Swan Lake » créé en 2010, texte hilarant dans lequel un danseur comédien passe en revue les codes classiques.
« Tous les ballets que nous avons pu voir pourraient se résumer dans un unique ballet, dont le titre générique serait: +Filles en tutus au clair de lune+ », souligne-t-il, tandis que les 11 autres interprètes exécutent entrechats, ondulations et grands jetés.
Iconoclaste, la version de Dada Masilo montre un Siegfried épris d’un homme en tutu, cygne noir éblouissant, qui cherche à échapper au mariage programmé avec le cygne blanc, interprété par la chorégraphe, sous l’oeil vigilant de la communauté.
« Je voulais apporter des éléments de tradition africaine, en intégrant le côté bruyant et chaotique des mariages traditionnels », souligne l’artiste, dont les interprètes dansent pieds nus et alternent pas classiques, « zoulou et danses de la rue », youyous à l’appui.
L’amalgame séduit, porté par une vitalité hors norme, d’autant que les danseurs savent aussi émouvoir dans les passages plus lents, notamment dans le superbe final sur une musique d’Arvo Pärt.
Après s’être inspirée en 2011 de « Macbeth » dans un solo, « The Bitter End of Rosemary », et avoir collaboré début 2012 avec le plasticien William Kentridge, Dada Masilo a exploré la folie des personnages féminins de la littérature dans « Death and the Maidens », dévoilé en mars en Afrique du Sud.
Elle attend néanmoins « d’avoir quelque chose à dire » pour continuer à produire, s’avouant « un peu écrasée, parfois », par l’engouement qu’elle suscite. (Source : AFP sept. 2012)
Informations pratiques
10 représentations : à 19h les mercredis 17 et 24 octobre 2012 ; à 20h les jeudis 18 et 25, vendredis 19 et 26, samedis 20 et 27 octobre 2012 ; à 17h les dimanches 21 et 28 octobre 2012.
Tournées saison 2012/2013 :
VALENCE : 17 et 18 septembre 2012
ARCACHON : 21 septembre 2012
LYON : 24, 25, 26 et 27 septembre 2012
VILLEFONTAINE : 29 septembre 2012
AIX-EN-PROVENCE : 2, 3 et 4 octobre 2012
NAMUR (Belgique) : 8, 9 et 10 octobre 2012
LUXEMBOURG : 12 et 13 Octobre 2012
REGGIO-EMILIA (Italie) : 30 et 31 octobre 2012 (Teatro Ariosto)
DUSSELDORF (Allemagne) : 25 et 26 janvier 2013 (Tanzhaus)
BRETIGNY-SUR-ORGE : 29 janvier 2013 (Théâtre de Brétigny)
DRAGUIGNAN : 1er février 2013 (Théâtres en Dracénie)
ONET-LE-CHATEAU : 3 février 2013 (Salle La Baleine)
BORDEAUX : 5, 6 et 7 février 2013 (Théâtre Nationale de Bordeaux-Aquitaine)
ANGOULEME : 9 février 2013 (Théâtre d’Angoulême)
CLERMONT-FERRAND : 12 et 13 février 2013 (La Comédie de Clermont)
ALES : 16 février 2013 (Le Cratère)
Spectacle tout public accessible à partir de 10 ans
Cliquez ici pour accéder à la billetterie Musée Quai Branly
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