« A bigger picture », c’est le nom de l’exposition événement qui était à découvrir en avril à la Royal Academy de Londres.
L’artiste britannique David Hockney, l’un des maîtres du mouvement du Pop art, présente 150 œuvres réalisées autour du thème des paysages de sa région natale du Yorshire, dans le nord de l’Angleterre. Peintures, dessins et vidéos, ce passionné de nouvelles technologies a utilisé de nombreux supports pour travailler. Il a même créé certains dessins directement sur son IPad.
A son âge, n’importe lequel de ses pairs aurait opté pour une rétrospective ; avec, pour clôre le parcours, quelques pièces plus récentes, souvent mineures au regard de l’ensemble. Oui mais voilà, David Hockney, n’a jamais rien fait comme les autres. Et ses paysages du Yorkshire, réalisés au cours des cinq dernières années, étaient suffisamment importants pour occuper la Royal Academy de Londres et attirer les foules.
Car cette exposition magistrale donnait autant à voir l’évolution de son art que le peintre au travail. Un artiste dont la force créatrice et l’énergie titanesque se lisent dans les cent cinquante pièces exposées et la multiplicité des techniques utilisées pour apprivoiser un genre tout en se réappropriant sa région natale après vingt-cinq ans passés en Californie.
Considéré comme le maître du pop art britannique, David Hockney s’est toujours intéressé au paysage. En témoignent les tableaux et photos réalisés entre 1956 et 1998, ici rassemblés. Les premiers sont impressionnistes, d’autres frôlent l’abstraction. Hockney tente aussi d’y renverser les lois de la perspective, avant d’embrasser l’immensité du Grand Canyon dans une pièce gigantesque composée de soixante toiles aux couleurs brûlantes.
A 74 ans, David Hockney est l’un des peintres et photographes vivants les plus connus et respectés dans le monde. Dans les années 60, à côté d’Andy Warhol, il fut l’un des grands noms du Pop Art. Mais Picasso est le peintre qu’il l’influença le plus. Après ses études au Royal College of Art de Londres, il se lance dans l’art figuratif, un mouvement alors à contre courant de la mode de l’époque.
Il utilise aussi beaucoup la photographie dans son travail. L’un des ses grands projets, débuté en 1986 et achevé en 1998, fut le « Bigger Grand Canyon ». Il commença par assembler 60 photographies puis reprit chaque vue sur papier et la dessina au fusain et au crayon. La peinture finale est composée de 60 toiles assemblées et mesure 7.4 m de long.
Hockney travaille l’huile, l’aquarelle, le fusain mais aussi les logiciels de son iPad. Il réalise également des films en harnachant neuf caméras à une voiture pour composer ensuite un kaléidoscope d’une beauté à couper le souffle. Ses couleurs sont plus pétantes que jamais, souvent fauves, parfois fluorescentes. Car David Hockney ose tout.
Ça fonctionne la plupart du temps. Même quand il transfère ses dessins d’iPad sur la toile, pervertissant l’idée première qui était de réaliser une oeuvre diffusée par mail de manière à échapper au marché. Ce qui fascine ici, c’est sa capacité à interroger encore et toujours l’essence même de la peinture. Et l’on se dit que le meilleur reste à venir.
(Source : FranceTV Culture Box Fév 2012 – Yasmina Youssi Télérama Fév 2012)
Exposition Royal Academy of Arts, Londres. Tél. : +44 (0)844-209-00-51. www.royalacademy.org.uk
A lire : « Conversations avec David Hockney », de Martin Gayford et Pierre Saint-Jean / Editions du Seuil, 248 p.
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