A l’occasion de l’exposition au musée de l’imprimerie de Lyon sur les livres animés, jusqu’au 24 juin 2012, nous revenons sur « la riche histoire des livres animés avec quelques trésors (les livres de Tzara et Picasso) issus des fonds de la BnF ou du Centre Pompidou, plus moult objets de collections privées. Un voyage dans « une autre réalité du livre, plus proche de nous, encore plus vivante. »
Le Musée de l’imprimerie, à Lyon, propose, du 30 mars au 24 juin 2012, une exposition consacrée au livre animé : quand les livres s’amusent, magie et surprises des livres animés d’hier et d’aujourd’hui. C’est sans doute la première fois qu’une exposition retrace d’une manière aussi complète l’histoire d’un phénomène éditorial qui n’en finit pas de séduire petits et grands et suscite, à l’orée de chaque page, un émerveillement sans cesse renouvelé. Le visiteur découvrira des livres animés historiques (les premiers datent du XIVe siècle), tandis qu’une large place sera donnée au livre d’artiste et à la création contemporaine. Des livres en 3D, bien avant notre ère, que l’on aura tout loisir de découvrir ou re-découvrir… sans lunettes !
Magique, ludique, ou parfois didactique, le livre animé, à tirettes, à stores, le livre pop-up, sollicite à la fois l’interaction et l’imagination du lecteur enfant ou adulte. Il faut regarder, toucher, manipuler, écouter… .
Du Moyen-âge au 18e siècle on trouve les prémices du livre animé avec les livres à systèmes et les premiers livres animés pour enfants. Mais l’explosion de la production des livres à systèmes a lieu en Europe au 19e siècle avec par exemple Lothar Meggendorfer, artiste allemand et maître incontesté en matière d’animation dans le livre, qui allie la virtuosité technique à une illustration humoristique et enlevée. Au 20e siècle, il faut attendre les années 1960 pour assister à la « renaissance » du livre animé avec quelques artistes comme Bruno Munari. Les années 1970 verront l’émergence de grands ingénieurs papier qui inspirent aujourd’hui David A.Carter ou Robert Sabuda. A la fin du 20e et au début du 21e, le livre animé trouve de nouvelles orientations. Il devient sculpture de papier et dépasse le simple divertissement pour offrir une dimension artistique et esthétique au lecteur-spectateur.
Entre tradition et avant-garde, le livre animé offre aux plasticiens de vastes territoires d’expression.
Mais qu’est-ce qu’un livre animé ? « C’est d’abord un livre à transformation, offrant des mécanismes à manipuler, explique Gaëlle Pelachaud, commissaire de l’exposition et spécialiste de la question. Les feuilles sortent du livre, surgissent et s’envolent. Le livre découvre alors la troisième dimension avec les pages animées qui offrent des transversales et des volumes. De nouvelles matières (bois, métal, plexi, etc.) peuvent aussi stimuler le relief et le mouvement du texte. » De quoi stimuler le toucher, mais aussi l’ouïe et l’odorat, grâce à des parfums imbibant le papier.
Ce type d’ouvrage est très ancien, puisque les premiers livres animés, scientifiques ou de cosmographie, datent du Moyen-Age. Avec la montée de l’alphabétisation, les livres animés « grand public », généralement des livres pour enfants, se développent au 18ème et surtout au 19ème siècle. Aujourd’hui encore, ces livres font partie de notre univers familier : qui n’a pas, dans son enfance, manipulé/maltraité/déchiré de tels livres ?
Un autre mode de lecture ou d’écriture
Les artistes aussi ont su tirer parti des possibilités créatives offertes. Et en plus de la manipulation ludique, de la stimulation d’autres sens que la vue, ils y ont trouvé la possibilité de sortir des schémas habituels de narration, d’inventer comme les surréalistes ou le mouvement dada (Tristan Tzara) des mécanismes d’écriture automatique ou aléatoire . Ainsi, Raymond Queneau publie en 1961 « Cent mille milliards de poèmes », offrant la possibilité de créer des milliers de sonnets en combinant des phrases.
De son côté, la lecture devient discontinue, active, ponctuée par les découvertes et les étonnements successifs du lecteur. Une exploration que facilitent aujourd’hui les techniques numériques. Les livres augmentés commencent à faire leur apparition récemment, tel « Une histoire de SPIE » écrit par Jean Monville en 2004, qui combine livre augmenté, e-book et site documentaire pour retracer l’histoire de l’entreprise de travaux publics. Les graphistes ne sont pas en reste : voir par exemple les expérimentations d‘Etienne Mineur et de sa maison d’édition Les Editions Volumiques pour mêler livre papier et jeu vidéo sur iPad. Cette maison d’édition est dédiée au livre en papier considéré comme une nouvelle plateforme informatique, ainsi qu’un laboratoire de recherche sur le livre, le papier, et leurs rapports avec les nouvelles technologies. Un nouvel objet émerge ainsi, hybride de livre et d’animation. (Source : Clémentine Gaspard / Pixelcréation.fr – avril 2012)
Pour en savoir plus :
– « Livres animés, du papier au numérique », de Gaëlle Pelachaud – Editions l’Harmattan, 2011. (En vente en librairie ou à la boutique du Musée de l’imprimerie)
– site francophone des livres animés : http://www.livresanimes.com/
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