Les alliances entre ONG, partenaires publics et privés sont porteurs de solution pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement, soutient Jean-Michel Severino.
« Si nous voulons que le développement durable devienne une réalité, nous devons déclencher une vague de partenariats public-privé à une échelle sans précédent », a déclaré Ban Ki-Moon, Secrétaire Général de l’ONU, en décembre dernier lors d’une réunion préparatoire à Rio +20.
1,8 milliard de personnes dans le monde survivaient avec moins de 1 dollar par jour en 1990. Selon la Banque Mondiale, ce chiffre devrait être réduit à 883 millions en 2015, date d’échéance des Objectifs du Millénaire pour le Développement fixés par l’ONU.
Ces progrès sont importants, mais ils ne sont pas suffisants. La tendance globale masque de fortes disparités. Elle est notamment tirée par la croissance économique de la Chine et de l’Inde, alors que nombre de pays africains sont encore loin d’atteindre l’objectif de réduction de moitié de l’extrême pauvreté d’ici 2015.
Parallèlement, dans les pays développés en proie à une crise économique qui perdure, on assiste à la recrudescence de la pauvreté, notamment parmi les populations vulnérables (chômeurs, retraités, jeunes, travailleurs pauvres).
ONG, mais aussi collectivités locales, investisseurs, entreprises…
Face à l’ampleur des défis économiques, sociaux et environnementaux à relever, les pouvoirs publics nationaux et les organisations internationales ne sont aujourd’hui plus les seuls à se mobiliser.
Les organisations non gouvernementales (ONG), les collectivités locales, la société civile, mais aussi les entreprises et les investisseurs s’engagent de manière croissante en faveur d’un développement durable et d’une économie plus responsable.
Pour accélérer les progrès en matière de lutte contre la pauvreté, mobiliser toutes ces énergies est indispensable, mais il s’agit également de faire en sorte que ces acteurs agissent ensemble, de la manière la plus cohérente possible, en tirant parti des complémentarités et de la valeur ajoutée de chacun d’entre eux.
Un mot d’ordre : décloisonner
C’est de ce constat et avec cet objectif qu’est née, en 2008, la plateforme Convergences 2015, qui réunit aujourd’hui un réseau de plus de 200 partenaires engagés dans la lutte contre la pauvreté dans les pays du Nord et du Sud.
Décloisonner les métiers et les secteurs, favoriser les échanges et la co-construction, encourager les partenariats entre acteurs publics, privés et solidaires sont autant d’exigences au cœur de l’action de ce think tank.
Un objectif : tisser des partenariats entre différents secteurs
Les partenariats intersectoriels apportent en effet des réponses concrètes aux besoins des populations les plus pauvres. Les exemples sont nombreux et enthousiasmants. Au Mali, près d’un enfant sur cinq n’atteint pas l’âge de 5 ans suite à des maladies bénignes, comme la diarrhée, le paludisme ou la pneumonie, dont les conséquences sont aggravées par la malnutrition.
Pourtant, le pays dispose d’un réseau de structures de santé de proximité qui maillent tout le territoire et possèdent des compétences et des ressources suffisantes pour prendre en charge ces enfants.
Dans ce contexte, l’entreprise sociale Pesinet s’attache, en partenariat avec le Ministère de la Santé malien, à recréer un lien de confiance entre les communautés et les structures de santé publiques, en proposant notamment un suivi médical régulier grâce à des visites à domicile et à la transmission de données aux médecins par téléphone portable et une assurance santé à prix réduit.
Il s’agit donc pour l’association de compléter l’offre des centres de santé communautaires par d’autres services, qui permettent d’avoir un impact sur les populations plus important que si chaque acteur avait agi isolément.
Des initiatives comme celles-ci apportent chaque jour la preuve de la pertinence et de l’efficacité des partenariats multisectoriels innovants pour lutter contre la pauvreté. Mettre en place un partenariat mondial pour le développement est le 8ème Objectif du Millénaire pour le Développement.
Alors que la réflexion débute sur la refonte des objectifs de développement après 2015, Convergences 2015 s’engage en faveur de ce nouveau paradigme du développement, porteur de belles opportunités et d’espoir pour les populations pauvres.
A propos de l’auteur, Jean-Michel Severino
Ancien directeur général de l’Agence française de développement (AFD), Jean-Michel Severino est gérant de la société Investisseur & Partenaire, et président de Convergences 2015.
Article paru dans http://www.youphil.com / 10 juillet 2012
{jacomment on}